Exil, clandestinité et prison 1960-1968
30 décembre 1960 : Texte original d’une proclamation faite depuis Madrid par Raoul Salan, Pierre Lagaillarde, Marcel Ronda et Jean-Jacques Susini appelant au combat sous toutes ses formes contre la politique algérienne du gouvernement
LE GENERAL D’ARMEE SALAN
Madrid, le 30 décembre 1960
Cher ami,
Dans une pièce de Madrid, quatre Français se sont réunis portant dans leur cœur l’angoisse de la patrie au bord de l’éclatement.
Ces hommes, le général Salan, ancien délégué général du Gouvernement et Commandant en Chef des Forces en Algérie, Pierre Lagaillarde, député d’Alger, Marcel Ronda, Secrétaire Général de la Fédération des Unités Territoriales et groupes d’autodéfense d’Algérie-Sahara, Jean-Jacques Susini, ancien Président de l’Association Générale des Etudiants d’Algérie, aussi divers que résolus et unis, ne prétendent pas vous représenter. Mais chacun d’entre eux est lié à la terre de France par tous les êtres chers qui y reposent de Dunkerque à Tamanrasset, de même qu’ils sont tenus par un serment qu’ils n’ont pas renié.
Ces quatre hommes feront tout pour partager, parmi vous, vos souffrances et vos efforts. Mais la bataille doit être menée sous toutes ses formes. C’est dans cet esprit que nous vous demandons d’imposer le non au référendum du 8 janvier 1961.
VIVE LA FRANCE
R. SALAN M. RONDA
J.J. SUSINI P. LAGAILLARDE
18 Août 1961 : Lettre du colonel Argoud, depuis Madrid, au général Salan, chef de l’OAS en Algérie, l’exhortant à venir s’installer en Espagne
Madrid, le 18 août 1961
Mon Général,
Au moment même où Ronda me faisait tenir votre message, je me préparais à vous écrire. Je voulais vous faire part des conclusions auxquelles j’étais arrivé au bout d’un mois de séjour madrilène.
Le caractère clandestin de notre combat, la complexité croissante des problèmes qui se posent à nous, imposent la création d’un organisme extérieur. Ce dernier, seul, pourra étudier ces problèmes avec toute l’ampleur nécessaire et dans des conditions de sécurité et d’efficacité désirables. Où l’implanter ? Le contexte international, les impératifs géographiques, limitent pratiquement le choix à Madrid.
Ces points acquis, votre place se situe au sein de cet organisme. Quel que soit en effet le réconfort moral que les Algérois puissent tirer de votre présence au milieu d’eux, ils doivent comprendre, ils doivent comprendre que vous êtes beaucoup plus utile à la cause ici qu’à Alger.
Paralysé par la clandestinité, vous ne pouvez pas, d’Alger, bénéficier de la hauteur de vue, recueillir les informations, prendre physiquement les contacts inséparables d’une politique d’ensemble.
J’ajouterai que la nature ayant horreur du vide, les frénétiques agitations métropolitaines auraient tôt fait de vous susciter quelque remplaçant. La diminution des risques, corrélative de la désagrégation du Pouvoir, étant bien faite pour stimuler les courages. Des renseignements précis, qui nous sont parvenus récemment, me persuadent, s’il en était besoin, qu’il ne s’agit pas d’une vue de l’esprit. Or, c’est, à n’en pas douter, le danger le plus grave qui puisse menacer notre mouvement, puisqu’il mettrait en cause son unité même.
Matériellement, votre séjour à Madrid ne poserait aucun problème, à la seule condition que vous ayez un passeport en règle sous un nom d’emprunt. Les autorités espagnoles, les militaires plus particulièrement, vous témoignent en effet une sympathie de jour en jour plus grande.
Telles sont les réflexions que je voulais vous soumettre.
Je pense, pour terminer, qu’en ce qui me concerne, les mêmes arguments, quoique d’un moindre degré, militent en faveur de mon maintien à Madrid, où je rendrai plus de services qu’à Oran.
P. Lagaillarde, avec lequel je travaille depuis un mois en étroite collaboration, partage entièrement cette manière de voir.
Dans l’attente impatiente, car le temps presse, de votre réponse, je vous prie de croire, mon Général, à mes sentiments de respectueuse fidélité.
A. Argoud
P.S. pour être assuré que cette missive vous parvienne, j’en confie une copie à Mr. Gingembre qui vous la remettra en main propre.
31 Janvier 1962 : Note du général Salan, chef de l’OAS, nommant le colonel Château-Jobert, qui vient de rallier l’OAS, au commandement de l’Est-Algérien
12 Mai 1962 : Télégramme de Pierre Messmer au général Fourquet lui demandant de sanctionner les officiers ayant pris sur eux d’évacuer des groupes de harkis depuis l’Algérie vers la métropole
25 Mai 1966 : Lettre du général Clark au général Salan en détention à Tulle