Roger Trinquier
Né à La Baume (Hautes Alpes) le 20 mars 1908, dans une famille de paysans, Roger Trinquier fait ses études à l’école communale de son village natal où il obtient son certificat d’études en 1920. En 1925, il entre à l’école normale d’Aix en Provence et y prépare le concours d’éléve-officier de réserve auquel il est reçu en 1928. Il choisit à sa sortie « la coloniale » et prend le commandement d’une section de tirailleurs sénégalais à Fréjus. A la fin de son service, il reste dans l’armée et entre à l’école des officiers d’active de Saint Maixent d’où il sort sous-lieutenant en 1933. Affecté un temps à Toulon au 4e R.T.S., il embarque le 11 mai 1934 à destination de l’Indochine où il rejoint Kylua, au Tonkin, à proximité immédiate de Langson. Il prend ensuite le commandement du poste de Chi Ma, à la frontière de Chine.
Roger Trinquier regagne la métropole en 1936 pour être affecté au 41e R.M.I.C. (régiment de mitrailleurs d’infanterie coloniale) à Sarralbe (Moselle) où il y commande une compagnie jusqu’à son affectation en Chine qu’il rejoint au début d’août 1938.
En poste à la concession française de Tien-Tsin (aujourd’hui Tianjin), puis à Pékin, il rejoint Shanghaï en janvier 1940 et, capitaine, commande une compagnie du détachement de Shanghaï jusqu’au 3 janvier 1946, dans des conditions extrêmement difficiles dues à la mise en place progressive d’une administration et de troupes japonaises (excepté dans la concession française).
Il rejoint Saïgon au début de 1946 et est affecté au groupement de commandos parachutistes du commandant Ponchardier qui opère en Cochinchine. Il revient en France à l’été 1946, chargé du recrutement et de l’instruction de volontaires pour un bataillon de parachutistes coloniaux en cours de création. Il retourne en Indochine avec ce bataillon, le 2e B.C.C.P. (bataillon colonial de commandos parachutistes), en novembre 1947 pour une affectation à Laï Thieu, refuge du 301ème régiment Vietminh, à une vingtaine de kilomètres de Saïgon. Il participe, en tant qu’adjoint au chef de bataillon, à des opérations au Cambodge et dans la plaine des Joncs. Promu commandant le 1er octobre 1948, il prend la tête du bataillon et combat au Centre-Annam et dans les environs de Saïgon. C’est là qu’il prend conscience de l’inefficacité des opérations montées par des états-majors loin du terrain et qu’il propose au général Boyer de Latour, commandant les forces au Sud-Vietnam, un changement radical de méthode pour pacifier certaines zones à forte présence Vietminh. Ses troupes occupent le terrain et y tendent des embuscades de nuit plutôt que de tenir quelques postes et de s’y réfugier la nuit pour rouvrir les routes au matin. Cette tactique se révèle très efficace et a pour résultat de rassurer les populations et de pacifier la zone de Laï Thieu. Le 12 décembre 1949, après une trentaine d’opérations aéroportées et de nombreuses opérations terrestres, le bataillon embarque sur le Pasteur et regagne la métropole.
Fin décembre 1951, il repart en Indochine au Groupement des Commandos Mixtes Aéroportés (GCMA) comme chef de l’antenne du service Action du Tonkin, puis, à partir de mai 1953 comme chef du service Action en Indochine. Il porte le combat sur les arrières lointains du Vietminh et crée des maquis dans la haute région du Tonkin et du Laos qui rassembleront plus de 30.000 hommes. C’est grâce à ces maquis que l’évacuation de Na San, en août 1953, sera menée sans pertes et que les provinces de Phong Saly et Sam Neua sont réoccupées.
Roger Trinquier rentre en France en janvier 1955 et, lieutenant-colonel, est affecté à Paris à l’état-major du général Gilles, commandant les troupes aéroportées. Il rejoint l’Algérie en août 1956 à la Base Aéroportée d’AFN, puis comme adjoint du général Massu, commandant la 10ème D.P., pendant la bataille d’Alger où il est à l’origine de la création du « dispositif de protection urbaine » D.P.U. . Après un bref séjour en métropole à la tête de l’école des troupes aéroportées, il prend, en mars 1958, le commandement du 3ème R.P.C. sur la frontière tunisienne. Membre du comité de salut public d’Alger, le 13 mai 1958, il en démissionne le 11 juin et reprend le combat à la tête de son régiment, dans le sud et en Kabylie où il capture Si Azzedine. Il participe durant le premier semestre de l’année 1959 aux opérations du plan Challe en Oranie, dans l’Orléanais et l’Ouarsenis. En juillet 1959, il prend le commandement du secteur d’El Milia dans le Constantinois en emmenant son chef d’état-major le capitaine Dabezies. Il est rappelé en France en juillet 1960 et affecté en décembre à Nice, à l’état-major du général commandant le groupe de subdivisions.
Le 26 janvier 1961, il demande sa mise à la retraite anticipée et, appelé par Moïse Tschombé, rejoint le Katanga où il ne peut rester que quelques semaines. En avril 1961, il apprend à Athènes la nouvelle de la révolte d’Alger. Revenu en France, il se consacre désormais à la réflexion et à l’écriture d’ouvrages inspirés de son expérience, tout en restant fidèle à ses compagnons d’armes : il est l’un des créateurs de l’U.N.P. (Union Nationale des Parachutistes) avec le colonel Buchoud et en est le premier président de 1963 à 1965.
Commandeur de la légion d’honneur, titulaire de 14 citations dont 10 à l’ordre de l’armée, le colonel
Trinquier est l’auteur de plusieurs ouvrages :
– La guerre moderne La Table Ronde
– Le coup d’état du 13 mai Esprit Nouveau 1962
– Notre guerre au Katanga La Pensée Moderne (en coll.)
– L’Etat Nouveau Nouvelles Editions Latines
– Guerre, Subversion, Révolution Laffont
– Les Maquis d’Indochine SPL Albatros
– La Bataille pour l’élection du président de la république L’Indépendant 1965
– La Guerre Albin Michel
– Le 1er bataillon de bérets rouges, Indochine 1947-1949 Plon 1984
En 1935-36, le capitaine Salan est commandant de compagnie et délégué administratif au poste de Dinh Lap dans le 1er territoire militaire de Mon Kay. Lors de ses tournées d’inspection, il rencontre le sous-lieutenant Trinquier, chef du poste-frontière de Chi Ma, en face de la petite ville chinoise d’Aï Diem.
Quand le capitaine Trinquier apprend qu’il doit, comme tous les officiers restés en Chine et en Indochine entre 1940 et 1945, remplir un questionnaire afin d’être, éventuellement, réintégrés dans l’armée, écoeuré, il donne sa démission. Il rencontre par hasard le général Salan qui l’assure de son soutien et le convainc de reprendre sa démission.
Affecté en Algérie en août 1956, Roger Trinquier informe précisément Raoul Salan, en poste à Paris, de la situation et lui fait part de son analyse de la lutte à mener contre le terrorisme. Quand le général Salan est nommé commandant interarmées en Algérie, il s’entretient fréquemment de ce sujet avec le lieutenant-colonel Trinquier, ce qui donne naissance au Dispositif de Protection Urbaine (DPU).
Le 16 mai 1958 au soir, le général Salan envoie Roger Trinquier à Oran pour y clarifier une situation confuse entre le général Réthoré, le maire Fouques-Duparc et les chefs des Unités Territoriales, mission que Roger Trinquier remplit fort bien avec le capitaine Léger.
Le 4 juin 1958, pour la venue à Alger du général de Gaulle, président du conseil depuis le 1er juin, le général Salan donne l’ordre à Roger Trinquier d’éviter tout incident avec son entourage qui déplaît aux Algérois. Cela n’empêchera pas des capitaines de séquestrer Max Lejeune, ministre du Sahara, et Louis Jacquinot, ministre d’Etat pendant le discours du général de Gaulle («Je vous ai compris…»).
En 1959, alors que Raoul Salan est à Paris, Roger Trinquier entretient une correspondance suivie avec lui et fait part de son désenchantement puis de sa défiance vis-à-vis de la politique algérienne du général de Gaulle.
1959 – Correspondance entre Roger Trinquier et Raoul Salan