Jean Letourneau

Jean Letourneau

Jean Letourneau est né le 18 septembre 1907 au Lude, dans la Sarthe, d’Emmanuel Letourneau, directeur de banque, et de Madame, née Juliette Reveilchien. Il fait ses études au collège Saint Louis du Mans et à la faculté de droit de Paris où il obtient une licence. Il adhère en 1933 au parti démocrate populaire dont il sera, en 1938, membre du comité directeur. En 1943, dans la clandestinité, il est près de Georges Bidault qui est élu président du Conseil National de la Résistance (CNR) après l’arrestation et la mort de Jean Moulin. En 1944, il est directeur de la presse au ministère de l’Information. Membre du comité directeur du Mouvement Républicain Populaire (MRP) dès sa création, il est délégué de la Sarthe aux deux assemblées constituantes de 1945 et 1946 avant d’être élu, le 10 novembre 1946, député de la Sarthe à la première assemblée nationale de la IVème République (il le restera jusqu’en 1956). Entre temps, le 26 janvier 1946, il est ministre des PTT dans le gouvernement provisoire présidé par Félix Gouin, poste qu’il conserve jusqu’en décembre 1946 sous la présidence de Georges Bidault. En 1947, il est ministre du commerce, puis secrétaire d’état à la reconstruction et à l’urbanisme. Du 29 octobre 1949 au 28 juin 1953, il est sans discontinuité au gouvernement aux postes de ministre de la France d’Outremer (cabinet Bidault), ministre d’Etat chargé de l’information (cabinet Queuille), ministre d’Etat chargé des relations avec les Etats associés (cabinets Pleven, Queuille, Pleven, Faure, Pinay), ministre chargé des relations avec les Etats associés (cabinet Mayer). Après la mort du général de Lattre en janvier 1952, il cumule son portefeuille de ministre chargé des Etats associés avec le poste de Haut-Commissaire en Indochine. Après juin 1953, il se retire progressivement de la vie politique en n’exerçant plus que les mandats de député (jusqu’en 1956), de maire de Chevillé (1953 à 1963) et de conseiller de l’Union Française (1956 à 1958).

Il se consacre alors à la vie des affaires en occupant des postes d’administrateur aux Ciments d’Abidjan, aux Ciments du Dahomey et aux Ateliers et Chantiers de Dakar. De 1961 à 1978, il est Président Directeur Général de la Compagnie Française de Commercialisation et de Distribution dont il avait été administrateur entre 1935 et 1944. En mai 1962, il est témoin de la défense au procès du général Salan. Il est élu membre de l’Académie des Sciences d’Outremer en 1977.

Le 16 mars 1986, il décède au Val de Grâce.

Jean Letourneau était officier de la Légion d’honneur et titulaire de la croix de guerre 1939-1945 et de la médaille de la résistance.

Le 15 décembre 1950 au soir, Raoul Salan, nommé adjoint opérationnel du général de Lattre, prend place dans le Constellation qui emmène à Saïgon le nouveau Haut Commissaire et Commandant en chef en Indochine  ainsi que le ministre des Etats Associés, Jean Letourneau. Le 19 avril 1952, après la mort du général de Lattre, Jean Letourneau est nommé Haut Commissaire en Indochine alors que le général Salan est Commandant en Chef. Les deux hommes s’entendent parfaitement et Jean Letourneau soutiendra fermement Raoul Salan à Paris quand ce sera nécessaire. Jean Letourneau est très présent en Indochine aux côtés de Raoul Salan : ils inspectent ensemble la position de Dien Bien Phu, le 11 novembre 1952, peu avant l’attaque attendue de Giap sur Na San, 120 kilomètres plus à l’est.


Le 21 mai 1953, le Haut Commissaire Jean Letourneau, accompagné du général Navarre qui vient remplacer le général Salan, se pose sur l’aérodrome de Gia Lam où les attend le général Salan. L’ordre du jour de Jean Letourneau du 25 mai 1953 rend un hommage appuyé à l’action du général Salan comme Commandant en chef en Indochine qu’il quitte le 28 mai.


Le vendredi 18 mai 1962, Jean Letourneau dépose en faveur du général Salan traduit devant le Haut tribunal militaire. Sa déclaration, très chaleureuse envers Raoul Salan qui risque la peine de mort, s’efforce de mettre en évidence les carences du pouvoir politique en Indochine, puis en Algérie et tend à exonérer les chefs militaires qui, tel Raoul Salan, ont poursuivi le combat dans l’illégalité. Il demande la clémence du tribunal pour Raoul Salan.

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