Jacques Pâris de Bollardière
Né à Chateaubriant (Loire Inférieure) le 16 décembre 1907, de René de Bollardière (officier) et d’Hermine de Thomasson, Jacques de Bollardière fait ses études au collège de Redon et au Prytanée Militaire de La Flèche. Il entre à Saint-Cyr en 1927 (Promotion Galliéni). Indiscipliné, il redouble une année et n’en sort que sergent. Affecté au 146e Régiment d’Infanterie, il est nommé sous-lieutenant, puis, affecté au 173e R.I.A., il est promu lieutenant en 1932. En 1935, il est à Saïda en Algérie au 1er Etranger, puis, en 1936, il rejoint Marrakech et le 4e R.E.I.
Capitaine, il participe avec la 13e D.B.L.E. aux combats de Narvik en mai 1940. Décidé à poursuivre la lutte, il participe dans les rangs de la France Libre aux campagnes du Gabon (après Noël 1940), d’Erythrée (mars-avril 1941), et de Syrie (juin-juillet 1941) contre les troupes françaises du général Dentz. A l’issue de cette dernière campagne, il est décoré de la croix de la Libération. En Libye, il participe aux combats d’El Himeimat où, désobéissant aux ordres mais sans que son courage physique soit mis en cause, il fait replier son bataillon (dont il a surestimé les pertes), ce qui permet aux Allemands de contre-attaquer. Démis de son commandement, Jacques Pâris de Bollardière qui commandait le 1er Bataillon de la 13e D.B.L.E. est remplacé par Gabriel Brunet de Sairigné qui commandait la compagnie lourde du 2ème Bataillon. Le 23 octobre 1942, il est grièvement blessé à la bataille d’El Alamein, évacué vers Le Caire, puis en Afrique du Nord. Après un stage à l’Intelligence Service, il est parachuté à Mourmelon le 12 avril 1944 pour organiser et armer le maquis « Citronelle ». Ce maquis de 250 hommes est encerclé par les Allemands et seuls 50 hommes avec Bollardière réussissent à s’échapper : 106 jeunes maquisards tomberont dans les mains des Allemands et seront torturés et exécutés. Bollardière infligera par la suite des pertes sévères à l’occupant entre le 20 juillet et le 6 septembre 1944.
De retour en Angleterre, il prend, en tant que lieutenant-colonel, la suite du commandant Château-Jobert à la tête du 3e Régiment de Chasseurs Parachutistes qui, intégré à la Brigade SAS des « Red Devils », est parachuté en Hollande le 7 avril 1945 et effectue de nombreuses missions de sabotage sur les arrières des Allemands.
Le 27 décembre 1945, il épouse Simone Ertaud qui lui donnera cinq filles.
De 1946 à 1948, il effectue un premier séjour en Indochine à la tête du 1er Bataillon de Parachutistes SAS qui devient 1ère Demi-Brigade de Parachutistes SAS et y obtient de nombreux succès. A nouveau en Indochine de 1950 à 1953, il exerce le commandement des Troupes Aéroportées d’Indochine. La manière dont il exerce ce commandement peu opérationnel suscite des réactions mitigées de ses subordonnés qui attendent de lui des directives claires.
Au Centre des Hautes Etudes Militaires (CHEM) en octobre 1953, il enseigne la stratégie et la tactique des Troupes Aéroportées. Arrivé en Algérie le 25 juillet 1956, Bollardière prend le commandement du secteur Est de l’Atlas Blidéen le 15 août 1956. Sur la suggestion du lieutenant Jean-Jacques Servan-Schreiber qui a été rappelé en Algérie dans son secteur, il crée les « commandos noirs » destinés à prendre contact avec la population. Subjugué par l’intelligence de J.J.S.S., il lui accorde entière confiance, met l’accent sur l’action sociale au détriment de la lutte contre les rebelles et le laisse prendre toutes sortes d’initiatives et de contacts qui alimentent la presse parisienne qu’il contrôle. Il est promu général de brigade en décembre 1956. En janvier 1957, le commandant en chef traverse son secteur et observe que la tenue des détachements et des isolés laisse à désirer ; il prescrit à Bollardière une amélioration rapide de la discipline, d’autant plus que la situation s’est fortement dégradée dans la Mitidja : 186 assassinats en 1956. Une enquête du commandement révèle l’inefficacité de l’action de Bollardière dans son secteur et la mauvaise tenue de la troupe. Le 7 mars 1957, il demande à être relevé de son commandement « en raison de manque de moyens et du changement dans les structures de commandement » qui le placent sous les ordres de son camarade de promotion Jacques Massu (envenimant un contentieux personnel entre lui et Massu).
Ce n’est que le 27 mars, après son retour en métropole, qu’il exprime pour la première fois le rejet de la torture en approuvant publiquement le livre « Lieutenant en Algérie » de son ex-subordonné J.J.S.S. Ayant rompu l’obligation de réserve qui s’impose à tout militaire en service, il est puni de 60 jours d’arrêt de forteresse. Bénéficiant du soutien de Gaston Defferre, ministre de la France d’Outre-Mer, il obtient le poste d’adjoint au général Dio, commandant supérieur en Afrique Equatoriale Française, contre la volonté de ce dernier. De retour en métropole en 1960, il n’obtient pas de poste en Algérie, est nommé en Allemagne et, le 1er octobre 1961, démissionne de l’armée « qu’il ne reconnaît plus ». A partir de cette date, et plus encore à partir de sa rencontre en 1970 avec Jean-Marie Muller, militant « non-violent », il soutient toutes sortes de mouvements manipulés par des organisations extrémistes : autonomistes bretons, antinucléaires, comités de soldats, objecteurs de conscience… En 1973, à titre de sanction pour l’organisation de manifestations contre les essais nucléaires, il est mis à la retraite d’office.
Jacques Pâris de Bollardière décède le 22 février 1986. Ses obsèques sont célébrées le 25 février en présence de Monseigneur Gaillot. Depuis, on trouve la signature de sa veuve, aux côtés de celles de porteurs de valises du FLN, dans diverses pétitions mettant en cause l’armée française.
Jacques Pâris de Bollardière était Grand Officier de la Légion d’honneur, Compagnon de la Libération, médaillé de la résistance, Croix de guerre 1939-1945 avec cinq citations, Croix de guerre des TOE avec une citation et Distinguished Service Order and Bar.
Il est l’auteur de « Bataille d’Alger, bataille de l’homme » publié en 1972 aux Editions Desclée de Brouwer.
En novembre 1947, lors de l’opération « Ceinture » qui a pour objectif de nettoyer la rive gauche de la Rivière Rouge sur une profondeur de 100 kilomètres au nord de Hanoï, le général Salan, commandant les troupes d’Indochine du Nord, met en renfort à la disposition du général Beaufre un demi bataillon de parachutistes SAS de Bollardière.
Le général de Lattre vient avec le général Salan le 16 novembre1951 à Hoa Binh remettre des décorations aux artisans de la reprise de cette ville au Vietminh. Parmi ceux-ci, le colonel de Bollardière dont les parachutistes ont sauté sur la ville.
Durant le mois de décembre 1952, le général Salan, commandant en chef en Extrême-Orient, lance une série de raids à partir de Na San; en particulier, il parachute sur Co Noi un bataillon avec Bollardière.
Le 17 décembre 1956, le général Salan, commandant en chef en Algérie, se rend à Aïn Taya, à 30 kilomètres d’Alger, voir le général de Bollardière qui commande la Zone Est de l’Atlas Blidéen ; il retire une impression de malaise de cette visite où il rencontre, outre Bollardière, Coulet et Barberot qui ont des notions assez personnelles de la discipline militaire. Il invite « Bollo », pour qui il éprouve de la sympathie depuis l’Indochine, à venir le voir le lendemain à Alger; le lendemain, contracté, celui-ci écoute le général Salan le prier de remettre de l’ordre dans son secteur et lui donner des moyens supplémentaires pour monter une opération.
Le 8 janvier1957, le général Salan envoie une note au général de Bollardière lui indiquant que, traversant son secteur le dimanche 6 janvier, il a constaté un relâchement de la discipline des troupes placées sous son commandement.
Note confidentielle du général Salan au général de Bollardière lui demandant que la tenue et la discipline s’améliorent dans son secteur.
Le 7 mars 1957, le général de Bollardière écrit directement au général Salan, sans passer par la voie hiérarchique, et lui demande d’être relevé immédiatement de ses responsabilités et d’être remis à la disposition du commandement en France. Il invoque, à l’appui de cette demande, la mise en place d’une nouvelle organisation du commandement du Corps d’Armée d’Alger qui le met sous les ordres du général Massu ainsi que la faiblesse des moyens mis à la disposition de son secteur.
Lettre du général de Bollardière au général Salan protestant contre la nouvelle organisation de commandement mise en place le 7 janvier 1957 dans la zone Nord Algérois.
Il est reçu peu après par le général Salan auquel il confirme ses griefs, à savoir :
– insuffisance de son état-major,
– superposition d’échelons de commandement,
– désir de ne pas dépendre du général Massu, mais du général Allard, commandant le Corps d’Armée d’Alger.
Rapport du général Allard, commandant le corps d’armée d’Alger, à la suite d’un entretien avec le général de Bollardière
Le général Salan lui démontre qu’il a largement le personnel voulu mais que le désordre règne à son état-major ; il ajoute que la réorganisation du commandement intervenue le 7 janvier 1957 est la conséquence de la réorganisation administrative du département d’Alger. Le général de Bollardière fait alors part de son désir d’aller se reposer à Nantes, ce que lui accorde le général Salan. Il indique de plus qu’il entend se tenir à l’écart de toute polémique.