Charles Lacheroy
Né le 22 août 1906 à Chalon-sur-Saône, pupille de la nation (son père est mort à Verdun en 1916), Charles Lacheroy fait ses études au prytanée militaire de La Flèche et entre à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr en octobre 1925. Il en sort dans l’infanterie coloniale et sert en Haute-Volta dans un régiment de tirailleurs sénégalais. Après un passage en métropole, il est affecté pour quatre ans à la 3ème compagnie de méharistes en Syrie et côtoie d’anciens compagnons du colonel Lawrence. En 1937, il est sous les ordres du colonel Groussard, sous-chef d’état-major au Maroc en charge des 2ème et 3ème bureaux.
Arrêté à Rabat en décembre 1940 pour avoir aidé deux agents de la « France Libre », il est transféré à Clermont-Ferrand mais fait l’objet d’un non-lieu. En juillet 1941, il est en Tunisie quand le général de Lattre y est commandant supérieur. En juin 1942, il est à Dakar, à l’état-major du général Barrau, commandant en chef des forces terrestres, aériennes et maritimes en Afrique Occidentale Française.
Par la suite, il participe, dans l’infanterie coloniale, à la campagne d’Italie avec le Corps Expéditionnaire Français en Italie commandé par le général Juin, puis aux campagnes de France et d’Allemagne dans la 1ère Armée Française commandée par le général de Lattre.
En octobre 1946, lieutenant-colonel, Charles Lacheroy prend le commandement du bataillon autonome de Côte d’Ivoire qui participe au maintien de l’ordre lors des troubles qui surviennent en 1949.
En février 1951, il prend, en Cochinchine, le commandement du secteur de Bien-Hoa et, à partir de son expérience du terrain, y développe son analyse de la guerre révolutionnaire telle qu’elle est menée par le Viêt-minh. De là débutent les conférences à ses pairs sur ce thème qui conduisent le haut commandement à le rappeler en métropole à l’été 1953 et à lui confier la direction des études au sein du Centre d’études asiatiques et africaines de la direction des troupes coloniales. Au fur et à mesure que s’affinent ses réflexions sur « l’action psychologique » (tournée vers les indifférents ou les amis) et sur la « guerre psychologique » (tournée contre l’ennemi), sa réputation se répand au-delà des cénacles de l’état-major, d’autant plus que la situation en Algérie se dégrade selon un processus qu’il a parfaitement décrit.
Il est affecté à l’état-major des forces armées au début de 1956, puis rejoint le cabinet du ministre de la défense nationale, Maurice Bourgès-Maunoury, pour prendre la tête du service d’information et d’action psychologique nouvellement créé où il est à l’origine de l’institution des « cinquièmes bureaux », chargés de l’action psychologique, dans les états-majors de tous niveaux.
Muté en Algérie à la 7ème division mécanique rapide à l’arrivée de Jacques Chaban-Delmas à la tête du ministère de la défense nationale, il est dans le Constantinois au moment du 13 mai 1958. Il rejoint Alger et se voit confier par le général Salan la responsabilité de l’information et de l’action psychologique à la Délégation Générale.
Limogé de son poste (où le colonel Gardes le remplace) après le rappel de Raoul Salan en métropole à la fin de 1958, il est finalement chargé du cours des officiers de réserve d’état-major à l’Ecole Militaire à Paris. Il y réunit les officiers supérieurs et subalternes opposés à la politique d’abandon de l’Algérie et joue ainsi un rôle considérable dans la préparation du coup d’état d’Alger. Le 16 avril 1961, Lacheroy rejoint clandestinement Alger et signe l’ordre d’opérations aux unités qui prennent le contrôle d’Alger dans la nuit du 21 avril 1961. Après l’échec de la révolte, il se retrouve en Espagne, destitué depuis le 6 mai 1961 de son grade de colonel, et, sous le pseudonyme de « Métro », renforce la « branche espagnole » de l’O.A.S. constituée autour de Pierre Lagaillarde, du colonel Argoud et de Joseph Ortiz. Entre temps, le 11 juillet 1961, le tribunal militaire, créé pour la circonstance en vertu de l’article 16 de la constitution, le condamne à mort par contumace en même temps que les généraux Salan, Jouhaud et Gardy et les colonels Argoud, Broizat, Gardes et Godard. Assigné à résidence aux Canaries par le gouvernement espagnol en octobre 1961, Charles Lacheroy est autorisé à s’installer en 1962 à Palma de Majorque où il exerce la profession d’agent immobilier. Il regagne la France après la promulgation de la loi d’amnistie de juillet 1968.
Charles Lacheroy est l’auteur de plusieurs textes disponibles à la Section de Documentation Militaire de l’Outre-Mer et ayant fait l’objet de conférences tenues entre 1952 et 1957. Il a publié en 2003 aux Editions Lavauzelle un ouvrage intitulé : De Saint-Cyr à l’Action Psychologique-Mémoire d’un Siècle.
Charles Lacheroy côtoie le colonel Salan à l’état-major du général Barrau à Dakar en 1942/43. A l’automne 1944, le commandant Lacheroy est à la tête d’un des bataillons du 6ème Régiment d’Infanterie Coloniale commandé par Raoul Salan et joue un rôle clé dans les combats de la région d’Huningue.
27 novembre 1944 – Note d’orientation du général Salan
Le 17 mai 1958, le général Salan, qui assume l’ensemble des pouvoirs civils et militaires en Algérie, nomme le colonel Lacheroy conseiller technique à l’information à la Délégation Générale. Charles Lacheroy est à Alger depuis le 16 avril lorsque le général Salan arrive de Madrid le 23 avril 1961 pour rejoindre les généraux Challe, Jouhaud et Zeller. Il assure la liaison entre les premiers éléments (civils) de l’O.A.S d’Alger et le commandement en chef des forces en Algérie. Par la suite, exilé en Espagne, le colonel Lacheroy est, avec ses compagnons d’exil, partisan d’une localisation à l’étranger du commandement supérieur de l’O.A.S. ce qui crée des tensions avec l’O.A.S. d’Algérie qui se concentre sur le combat direct en Algérie.