BULLETIN 42 – 2EME SEMESTRE 2016
SOMMAIRE :
- Le mot du Président
- Vie de l’Association
- Hommage à Madame SALASC
- A la recherche de Sao Tip, mère de Victor SALAN
- Un adhérent témoigne
- Le Président AURIOL et le Général SALAN
- Bibliographie sur le Général SALAN (1ère partie)
- Revue de presse : « SALAN, qui suis-je ? »
Le mot du Président
Chers adhérents, chers amis,
Voici notre premier bulletin depuis ma reprise de la présidence de notre association.
Tout d’abord, je tiens à remercier Bernard Zeller, en notre nom à tous, pour le travail réalisé pendant ces 11 années et en particulier pour la qualité de rédaction de ses nombreux bulletins.
Ces 41 numéros constituent une base de données reconnue par de nombreux historiens et chercheurs sur les conflits d’Indochine et d’Algérie et sur la personnalité bien singulière du Général Raoul Salan.
Mes priorités concernent, désormais, l’avenir des archives de Raoul Salan, l’informatisation de la communication, la mise en place de Facebook, et l’animation d’actions spécifiques destinées à faire reconnaître la personnalité du Général Salan.
Nous rendons hommage à Mme Salasc, qui a subi les pires sévices, en 1961, à Alger.
La date de notre prochaine assemblée générale est fixée au samedi 25 mars 2017 ; vous recevrez en février prochain une convocation et un ordre du jour.
Nous vous communiquerons l‘ avancement de nos projets et comptons sur votre présence.
Enfin, vous trouverez un bulletin de renouvellement de cotisation pour 2017 ; précisez bien votre adresse courriel si vous en possédez une. Merci par avance !
Très amicalement
Hervé Pignel-Dupont
Vie de l’association
Notre conseil d’administration s’est réuni deux fois en 2016, le samedi 13 février et le dimanche 25 septembre.
ARS a été présente ou représentée aux cérémonies de mémoire en hommage au Général Salan : le 2 avril à Saint Seurin avec Régis Guillem, le 10 juin à Vichy avec Louis de Condé, le 27 août à Toulon avec Hervé Pignel-Dupont ; discours et dépôt de gerbes.
ARS a décidé un rapprochement avec les associations amis : ADIMAD-MRAF, Véritas, Cercles Algérianistes, CDHA, DPF – Chiré et plusieurs contacts et rencontres ont pu avoir lieu ; d’autres sont prévus.
Le lancement du livre de Jean Paul Angelelli (Vice président ARS) et Bernard Zeller « Salan qui suis-je ?» aux Editions Pardès s’est effectué avec un bon relais de journaux amis (voir revue de presse, pages 11 et 12).
La préparation de la BD se poursuit grâce au travail de Bernard Zeller avec le dessinateur Tillocher, nous en sommes à la planche n° 30, 48 planches sont prévues ; sa publication est prévue en 2017.
Par ailleurs, une émission TV intitulé « Dans la tête des quatre généraux » réalisée par Christope Boutang et diffusée par la Chaîne Histoire est en fin de réalisation ; elle devait programmée pour la fin de cette année. ARS participant au financement, nous aurons à notre disposition le DVD correspondant, en grand nombre.
Notre site www.salan.asso.fr vient d’être mis à jour ; un compte Facebook va être créé à l’initiative d’Henri Baclet (administrateur de ARS).
Enfin, une solution d’avenir a été arrêtée pour les archives de Raoul Salan, en parfait accord avec la famille du Général Salan, Victor et Dominique Salan. Le choix du Service Historique de la Défense (SHD) de Vincennes a été fait compte tenu des garanties de conservation et d’accès numérique. Le transfert des archives vient d’avoir lieu, l’inventaire va nécessiter plus 6 mois de travail et l’accès au « Fond Général Raoul Salan » sera, alors opérationnel pour les historiens, chercheurs et le grand public. Cet accès est soumis à l’autorisation préalable du Président de ARS.
Et un rappel : notez notre prochaine assemblée générale ARS, le samedi 25 Mars 2017 et pensez à votre cotisation 2017. Merci d’avance !
Hommage à Mme Salasc
En décembre 2015, nous a quitté une grande patriote dont le nom, Madame Geneviève Salasc ravive de terribles souvenirs ; c’est son frère Jean-Baptiste Gasser, un de nos adhérents, qui vient de nous en avertir.
Marié à un médecin algérois et maman de 5 enfants dont 4 filles, elle fut arrêtée le 9 septembre 1961, à la suite de l’arrestation de Maurice Gingembre.
Secrétaire de l’Organisation à Alger, avec Marguerite Lombard, proche du Colonel Yves Godard, elle résista aux interrogatoires.
Puis, elle fut torturée à la caserne des Tagarins, occupée par les gardes mobiles sous l’autorité du Colonel Debrosse.
Dès le 8/09/1961, le Général Raoul Salan écrit à Debrosse pour dénoncer les tortures subies par Mme Salasc ; puis ce scandale fut relayé à l’Assemblée Nationale, le député Pascal Arrighi, le député, suite au rapport du professeur Goinard qui rédige une attestation qui établit la vérité des sévices.
Jean Morin, délégué général en Algérie, ne reconnaît pas les faits ; et quand il s’adresse à Maurice Patin et à Louis Joxe, il minimise la gravité des tortures.
La dignité de cette femme combattante mérite notre respect et nous présentons à sa famille nos sincères condoléances
Recherche de la famille de Sao Tip, mère de Victor Salan en Thaïlande et au Laos
Cette mission a été confiée à Hervé Pignel-Dupont par Victor Salan : « et ma mère ? je voudrais mieux connaître mes origines ».
Voici les quelques péripéties d’un voyage que Hervé Pignel-Dupont a fait pour cette mission :
Il s’était déjà rendu à Muong Sing, sans rien trouver, mais a découvert le fortin où le Général avait été en poste.
Victor Salan a remis à Hervé Pignel-Dupont, un document retrouvé dans le bureau du Général sur lequel se trouvait une adresse à Ubon Rajthanie en Thaïlande, adresse de Sao Tip, maman de Victor Salan, ainsi qu’une photo de sa maman entourée de ses 4 filles. Une des filles habitant Bangkok avait épousé un français : ils avaient déposé chez le Général, ce document.
Adresse à rechercher :
Adresse retrouvée !
Sao Tip et ses 4 filles : obsèques de son mari thaïlandais
Hervé Pignel-Dupont, alors, prend l’avion vers la Thaïlande : à son arrivée, un taxi le dépose à cette adresse : il sonne et un monsieur de 75 ans, mari d’une des filles, ouvre la porte et le salue en répondant à sa question : « le Capitaine Salan ? Oui, tout le monde le connaît ! ». Ce monsieur convoque ensuite toute la famille.
Cette famille dont une fille de Sao Tip est à Bangkok parle français.
« Si tu vas à Vientane et à Louang Pra Bang : tu verras d’autres membres de la famille ». Lors de la visite au cimetière, Hervé Pignel-Dupont a vu la tombe de Sao Tip à quelques centaines de mètres de la maison : sur la pierre tombale, sont posées des photos sauf celle de Sao Tip, dont ne sont inscrites que la date de naissance et la date de son décès à Bangkok.
Tombe de Sao Tip
Plaque funéraire de Sao Tip
La question est posée de la raison pour laquelle le Général n’a pas ramené sa femme en France : un ex-colonel de l’Armée Royale laotienne a expliqué que la mère de Sao Tip a refusé que sa fille parte avec le Général, de peur d’être seule dans sa vieillesse.
L’arbre généalogique établi pour cette famille va être réalisé, à titre gratuit, par un officier à la retraite.
Colette, épouse de Victor Salan, lui avait dit : « si Hervé Pignel-Dupont trouve, tu vas y aller » ! « Et, donc, maintenant, là-bas, on attend Victor pour lui faire une fête ! »
La famille de Victor à Ubon Rajathanie
La famille de Victor à Vientiane
Le Mardi 27 Septembre, Hervé Pignel-Dupont dînait chez Dominique Salan avec Elise et Gautier et leur maman Béatrice, l’une des deux filles de Victor pour convaincre Victor d’y aller.
Entretien Président Vincent Auriol / Général Raoul Salan
Il est à noter que cet entretien très important, qui a eu lieu le mardi 19 Août 1952 n’est pas cité dans un livre publié chez GALLIMARD en 1970 « Mon Septennat 1947-1954 », entretien sans doute classé « Très secret ou Confidentiel » ?
La situation militaire est évoquée en page 2 :
- Auriol : « ma question brutale : peut-il y avoir même avec l’armée vietnamienne une solution militaire ? »
- Salan : « si les Chinois n’interviennent pas, nous devons nous en sortir ».
Dans le paragraphe suivant :
- Salan précise : « Nous aurons des bataillons mais nous n’aurons pas l’encadrement au dessus du bataillon ».
- Auriol interroge Salan pour savoir « si en 1953 et 1954, on peut trouver une solution militaire et laquelle ? »
- Salan : « à l’heure actuelle nous ne croyons pas aux grandes opérations, nous sommes très bien renseignés grâce aux télégrammes que nous écoutons : à l’heure actuelle, le Viet Minh télégraphie beaucoup, nous avons augmenté nos tables ».
En page 3 :
- Auriol : « c’est ce qui manquait : nous faisons progresser l’armée vietnamienne pour atteindre des effectifs de 160 à 180.000 sans difficulté »
La suite concerne le moral des troupes et « l’Irréductible Guérilla ».
En page 4 :
- Salan : « ce qui a fait la force du Viet Minh, c’est le désir de chasser les Français. A l’heure actuelle, et ce n’est plus cet état d’esprit qui règne chez les gens de Bao Dai…je sens une amélioration depuis le mois de mars ».
Sur la Guérilla :
- Auriol : « quand vous êtes partis après les combats, les Viet Minh reviennent derrière vous et terrorisent les gens la nuit ; en simplifiant, est ce qu’on a laissé des territoriaux défendant leur territoire ».
- Salan : « Monsieur le Président, c’est ce que nous faisons, nous faisons appel aux chefs de village ».
En page 5 :
- Auriol : « au point de vue militaire, vous pensez tenir le coup si les Chinois n’interviennent pas ? ».
- Salan : « Oui, on sent, dans une série de télégrammes, très nets que le Viet Minh a été touché ».
- Auriol : « le problème est international ; au point de vue militaire, tout va très bien ; vous refoulez, vous organisez ; il faut organiser cela et de plus en plus, et que lorsqu’ on peut avoir un suspect, on le passe par les armes pour qu’il ne revienne pas ».
- Auriol : « c’est une plaisanterie, non c’est impossible ; alors si nous partons, qui arrêtera la marée de Mao Tse Toung ? »
- Salan : « nous aurons une amélioration avec les Américains ».
En pages 6 et 7 :
- Auriol qui évoque 1945 : « Malgré notre sacrifice, Ho Chi Minh demande encore autre chose mais quoi ? L’indépendance, il l’a ; vous ne pouvez pas vivre seuls ».
- Salan : « Ce qu’il faudra dire à Ho Chi Minh : c’est terminé…Grâce à Bao Dai nous avons actuellement des ralliements. Mais Bao Dai risque encore d’être supplanté par Ho Chi Minh ».
- Auriol : « S’il y a un armistice et une paix, il faudra qu’Ho Chi Minh soit auprès de Bao Dai ».
- Salan : « mais Ho Chi Minh est communiste ! «
- Auriol : « il nous a trompé ; il paraît qu’il y a contre lui un dossier accablant : je voudrais l’avoir pour m’en servir pour la propagande, il faut combattre la propagande communiste ».
- Auriol évoque : « l’affaire Henri Martin mais c’est trop long à raconter : le PCF veut faire un héros contre l’Indochine ; non, car il y a nos soldats là bas. ; qu’attendent les combattants d’Indochine pour manifester contre cette propagande communiste ? ».
Les notes remplissent les pages 7et 8 et sont riches en informations :
- Note 90 : Pertes VM sévères au Tonkin, mais le Viet Minh utilise des unités régionales (18.000) et des guérilleros de villages (20 à 30 000 hommes) ; la guérilla rend difficile la mise en place de l’administration gouvertementale. Une offensive d’automne du Viet Linh_est prévue. On a capturé le101éme régiment VM.
- Note 93 ; Il y a un pourrissement du Delta, le Général Salan a changé d’optique. Il n’espère plus entraîner le Viet Minh loin de ses frontières pour le forcer à se découvrir et ensuite le détruire. Bientôt viendra le temps des « hérissons » (des points fortifiés qui peuvent se défendre avec l ‘appui de l ‘aviation. L’intermède de Lattre (est à dire les offensives victorieuses) est définitivement clos.
- Note 94 : les effectifs de l’armée vietnamienne atteindront 145.000 hommes au 31 décembre 1952. Mais la note ajoute « Ce qui est relativement peu, compte tenu des possibilités démographiques du Vienam ».
- Note 95 : L’armée française implante des milices villageoises d’auto défense ; succès relatif car harcelées par le Viet Minh : les milices sont sans cesse enlevées et désarmées.
- Note 99 : Ce dossier anti Ho Chi Minh est rempli des maladresses du Viet Minh depuis le début de la guerre qui éclairent d’un jour peu favorable pour lui les événements de décembre 1946, et expliquant qu’Ho Chi Minh avait jusqu’au bout rusé avec la France afin de reprendre la lutte armée inéluctable aux moments les plus favorables. On ne saurait fournir de meilleurs arguments à la propagande française.
- Ces notes ou « L’envers du décor » démontre la puissance des forces du Viet Minh, les problèmes français pour monter une véritable et solide armée vietnamienne, la faiblesse de notre implantation rurale même si l’on tient le Delta contre les infiltrations Viet Minh.
Chiré : Duquesne Diffusion 27 Av Duquesne 75007 PARIS http://www.chire.fr
Librairie française 5 Rue Auguste Bartholdi 75015 PARIS http://www.librairiefrancaise.fr/fr