Bulletin 18

Bulletin 18

Nos adhérents ont publié

La question des effectifs de l’armée en Algérie

Nos adhérents ont publié

 Louis de Condé, né en 1939, a participé à l’attentat du Petit-Clamart sous les ordres de Jean Bastien-Thiry, a été condamné par défaut à la réclusion criminelle à perpétuité, a été finalement arrêté en mars 1965, a passé 19 mois au secret à la prison de Fresnes avant d’être transféré à Saint Martin de Ré. Il fut libéré le 22 mars 1968.  

Et c’est un grand poète. Son recueil de poèmes écrits à Fresnes, « Voyages », enchantera ses lecteurs. Le sonnet qu’il affectionne, sans exclusive, en fait parfois un cousin de Ronsard.

Les thèmes : l’amour, la solitude entre quatre murs, et bien souvent l’aspiration vers les lointains et vers les hauteurs. 

La forme : variée ; outre le classique sonnet, beaucoup de liberté, beaucoup  de musique et aussi beaucoup d’humour. 

Louis de Condé, Voyages, Librairie de la Tour, 2005, 327pages.

                                                                      16 rue de la Source de l’Hôpital, 03200 Vichy

Voici un ouvrage inclassable : une cinquantaine de thèmes, depuis Internet jusqu’aux Etats-Unis en passant par le colonialisme, la Marine, Rimski-Korsakov, la tradition, la calomnie, etc., traités, chacun, en deux ou trois pages, souvent sous forme de questions de quelques lignes formulées de sorte que la réponse y est implicitement contenue. 

D’une forme résolument libre, ce petit (par la taille) livre pose les vraies questions de la France actuelle ; il débusque les idées toutes faites qui finissent par imprégner même les plus rétifs d’entre nous ; il déborde d’une vive culture tous azimuts.

En prime, dans le même esprit, trois éclairages sur trois périodes de notre histoire : le 18ème siècle, la révolution et, pour finir sur une note d’espoir, le grand siècle. 

Jacques Carlon, Questions anodines pour quelques-uns, 186 pages  

                                                                                Chez l’auteur : 12 rue Rabelais  64000 Pau

Michel Delenclos a publié en 2003 un dictionnaire des sigles liés à l’histoire de l’Algérie des années 1954 à 1962. Son nouvel ouvrage, « Les Mots des uns, Les Maux des autres, La France et l’Algérie », développe très largement l’approche originale de son premier ouvrage. Toujours à propos de l’Algérie, il ressuscite des déclarations oubliées, les remet en lumière et rappelle ainsi le courage des uns, les contradictions et les reniements des autres. C’est un travail très rigoureux auquel s’est livré Michel Delenclos pour restituer les dires des principaux acteurs de la guerre d’Algérie, des périodes qui l’ont précédée et qui l’ont suivie. 

Ces mots expriment la vérité ou couvrent des mensonges. Ils véhiculent la propagande, réconfortent, blessent ou abattent. Une lecture dense, sous un nouvel angle d’approche très riche. 

Michel Delenclos, Les Mots des uns, les Maux des autres,

                                                                                           Godefroy de Bouillon, 44 €

Notre vice-président, le professeur Jacques Valette, vient d’écrire un deuxième ouvrage sur le général Salan, édité comme le précédent par L’esprit du Livre Editions : « La guerre d’Algérie du général Salan », qui sera disponible aux environs du 15 octobre 2008.

Les différentes facettes de la stratégie du général Salan sont présentées : adaptation de son armée à la guerre subversive, remodelage du service de renseignement, avec comme objectif prioritaire la destruction de l’organisation politico-administrative du F.L.N.  Un autre objectif majeur fut la construction de barrages aux deux frontières pour interdire l’entrée en Algérie de combattants et d’armements.

Cet ouvrage est le complément indispensable de « Le 13 mai du général Salan* » en cela qu’il montre l’étendue des responsabilités que le général Salan eut à assumer. De plus, il éclaire l’actualité des combats en Afghanistan.

* dont un compte rendu exhaustif, citant l’association, a été donné par Frédéric Valloire dans le numéro 3740 de Valeurs Actuelles daté du 31 juillet au 6 août 2006 – voir ci-contre.

La question des effectifs de l’Armée en Algérie

Présentation du rapport du général André Zeller du 9 octobre 1958  et de sa note du 1er décembre 1958 

Jacques Valette

                                                   La guerre d’Algérie a créé de forts besoins en                        

effectifs. Il fallait assurer le quadrillage statique, pour la garde des points sensibles et des fermes, assurer la relève dans les unités de réserve générale formée en majorité de bataillons de parachutistes, fournir les cadres, officiers subalternes et sous-officiers, nécessaires au fonctionnement des S.A.S. (Sections Administratives Spécialisées) et des services civils transférés à l’Armée.

Enfin, les barrages aux frontières, surtout à

 celle de la Tunisie, créaient de nouveaux  besoins.

Enfin, à partir de 1958, la protection du transport du pétrole saharien vers le port de Philippeville ne fit qu’alourdir le problème.

Les besoins avaient été couverts par la pratique du « maintien sous les drapeaux après la durée légale » des appelés. Le gouvernement, dès 1956, tentait d’en restreindre l’usage coûteux. Ainsi, la libération des « rappelés » entre le 1er octobre 1956 et le 1er janvier 1957 avait diminué de 80.000 hommes les effectifs ; des bataillons avaient été dissous.

Dès sa  nomination, le général Salan prit la mesure du problème : cette armée de 400.000 hommes allait fondre rapidement, passant de 399.000 au 1er octobre 1957 à 368.000 au 1er  décembre 1957 et à 343.000 au 1er octobre 1958. En janvier 1958, seraient dissous 25 bataillons. Aussi, dut-il accepter, malgré sa méfiance, d’envisager d’augmenter les effectifs musulmans. Il n’acceptait que des unités régulières encadrées par des Français, et non des groupes armés, autonomes, conduits par des chefs messalistes comme Kobus et Bellounis que lui avait imposés le ministre de l’Algérie. En octobre 1958, en dépit de la fraternisation de mai 1958, peu d’Algériens musulmans servaient dans l’Armée française : 10.000 dans les unités régulières, 12.000 dans les harkas, 360 dans les Unités Territoriale. Ses services envisageaient d’accepter 52.000 Algériens dans les unités régulières, dont 24.000 appelés et les autres sous contrat, 14.300 comme supplétifs et harkis.

Au début de l’été de 1958, Salan, fort de son autorité de Délégué Général, tenta de fléchir le président du Conseil, le général de Gaulle, en lui faisant renoncer à son programme de réduction de la durée du service actif :

  • au 15/11/58  Classe 56/2/A : 26 mois et demi
  • au 15/12/58  Classe 56/2/B : 25 mois et demi
  • au 20/01/59  Classe 56/2/C : 24 mois et demi

Entre le 1er novembre 1958 et le 1er février 1959, seraient ainsi perdus 70.000 hommes, 75 bataillons étant dissous. Seul un service plus long maintiendrait le niveau à 370.000 hommes instruits.

La lutte contre la « guerre subversive » du F.L.N. perdrait de sa vigueur. La propagande adverse présenterait cela comme le signe de la lassitude de la France. Aussi, Salan multiplia les interventions auprès du général de Gaulle. 

Le général Zeller, chef d’Etat-Major de l’Armée, vint en inspection au début d’octobre 1958. Il conclut son rapport dans le même sens que Salan : un service de 27 mois était nécessaire pour garder une armée de 375.000 hommes en Algérie. Le 7 décembre 1958, De Gaulle, présidant une réunion à Alger, repoussa la proposition. Il ne croyait pas que les opérations militaires finiraient par amener le F.L.N. à négocier ; le ministre des Armées, Guillaumat, acceptait la diminution de son budget exigé par le ministre des Finances. Enfin, il ne s’intéressait pas aux questions de la « guerre subversive », contrairement aux responsables de terrain, Salan et ses subordonnés, soutenus par Zeller.   

                                 

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