Robert Monnier
Robert Monnier, fils d’un pasteur de l’Eglise Réformée, est né le 12 juin 1888 à Saint Quentin, dans l’Aisne. Après ses études, il effectue son service militaire qu’il finit en 1911 comme sous-lieutenant de chasseurs alpins. Il tâte du journalisme et des affaires jusqu’en 1914 au Maroc. Rappelé en août 1914, il combat en Lorraine et sur l’Yser. Promu capitaine en 1915, il se bat dans les Vosges. L’armistice du 11 novembre 1918 le trouve à l’état-major d’une division d’infanterie. Il ne quitte pas l’armée dans l’immédiat après-guerre et sert à l’état-major du maréchal Foch puis, jusqu’en 1922 en Rhénanie, en tant que chef de cabinet du haut commissaire français à Coblence. Il retourne à la vie civile en 1924 avec le grade de chef de bataillon. Il sera promu ultérieurement colonel de réserve.
S’occupant de mouvements d’anciens combattants, il est élu conseiller municipal de Paris en 1928. Quand la guerre d’Espagne éclate en juillet 1936, Robert Monnier, correspondant du journal socialiste « L’Oeuvre », conseille le président du « gouvernement basque » dans le domaine des affaires militaires. S’engageant à fond aux côtés des républicains, il se bat à Durango et à Bilbao sous le pseudonyme de « colonel Jaureguy ».
En 1939, revenu à Paris, il s’intéresse à l’Ethiopie, occupée depuis 1935 par l’Italie de Mussolini mais non totalement contrôlée et susceptible de fixer une partie des troupes italiennes dans la perspective du conflit mondial qui s’annonce. Avec l’accord de Georges Mandel, ministre des colonies, il prend des contacts dans les services secrets français et dans l’entourage de l’empereur Haïlé Sélassié exilé en Angleterre. Avec le plus proche conseiller de celui-ci, Lorenzo Taezaz et quelques agents, il est envoyé en mission en Ethiopie pour y tenter d’organiser et de coordonner la résistance aux Italiens. Il rejoint l’Egypte, puis la ville de Guedaref au Soudan en août 1939, non loin de la frontière avec l’Ethiopie. Après une difficile traversée de l’Atbara, un affluent du Nil, il pénètre en Ethiopie et rejoint les zones tenues par les résistants. Il commence à les organiser en vue d’un soulèvement général.
Cependant, affaibli par les fièvres, il meurt le 11 novembre 1939 et son corps est inhumé sur place.
Robert Monnier était chevalier de la légion d’honneur depuis le 13 novembre 1914. L’empereur Haïlé Sélassié lui attribuera en 1944, à titre posthume, la croix de chevalier de Saint Georges avec trois palmes pour l’action menée en aide à la résistance à l’occupant italien.
En mars 1939, le commandant Salan, en poste au Ministère des Colonies, reçoit mission de Georges Mandel, son ministre, de gêner, hors d’Europe, l’Allemagne ou l’Italie. Il lui soumet un plan d’action contre les Italiens en Ethiopie, élaboré avec l’aide du colonel Monnier. Celui-ci, parti en précurseur, en juin 1939, avec trois Italiens antifascistes, laisse, au Caire, à Raoul Salan (voyageant incognito sous le nom de Raoul Hugues, envoyé spécial du « Temps») des lettres rendant compte de l’avancement de sa mission en Abyssinie. A Khartoum, en octobre 1939, Raoul Salan est informé des actions de guérilla menées sous l’impulsion de Robert Monnier. De retour en France en novembre 1939, il n’apprendra qu’en 1941, la mort dramatique de celui-ci.