Pierre Delhomme
Pierre Delhomme est né le 25 janvier 1927 à Sétif, dans le Constantinois, d’un père sous-officier de tirailleurs qui, sorti du rang, finira sa carrière comme commandant en 1956 et d’une mère Française d’Algérie. Il passe sa petite enfance entre Sétif et Médéa. En 1936, son père étant muté à Epinal, il fait connaissance de la métropole. La défaite de 1940 le ramène à Médéa, sans son père, prisonnier. Il s’engage dans l’armée de l’air en 1947, est nommé sergent le 1er janvier 1948, obtient le brevet des fusiliers de l’air le 1er décembre 1948. Il effectue deux séjours en Indochine où, en 1954, il rencontre une jeune Tonkinoise qui devient son épouse en 1956 alors qu’il est promu sergent-major et qu’il sert en France, à la 2e région aérienne.
A la fin de décembre 1956, Pierre Delhomme est muté en Algérie, à La Reghaïa, au commando de l’air 30/541 du Groupement des Commandos Parachutistes de l’Air (GCPA) commandé par le lieutenant-colonel Coulet. Affecté par la suite au commando 40 du GCPA, il participe à de nombreuses opérations à la tête de sa section et y gagne plusieurs citations. Le 12 décembre 1960, opposant résolu aux méandres de la politique algérienne du général de Gaulle et déjà en relation avec les premiers maquisards de l’Algérie française, il reçoit l’ordre d’abattre celui-ci lors de la revue passée à la base de La Reghaïa. Par indécision, il n’exécute pas cet ordre, ce qu’il regrettera plus tard. Cependant, le 1er mars 1961, il est promu sous-lieutenant et est proposé pour la Légion d’honneur.
Au moment du coup d’Alger du 22 avril 1961, le GCPA, commandé par le lieutenant-colonel Emery, se rallie au général Challe. Le commando 40 s’empare du P.C. de la Zone Nord-Algérois (ZNA) à Fort de l’Eau. Il y fait prisonnier le général Gombaud, commandant la ZNA, et le colonel Boquet commandant le sous-secteur d’Aïn-Taya. Durant les trois jours suivants, Pierre Delhomme remplit diverses missions au profit du quatuor de généraux dirigeant la révolte d’Alger. Le 25 avril, il déserte, entre dans la clandestinité et devient l’un des responsables de l’OAS à El Biar, sur les hauteurs d’Alger. Proche de Sarradet (chef des commandos Z), de Villard, de Leroy et aussi des capitaines de l’OAS, il est marqué par les querelles intestines de l’organisation clandestine et par l’exécution de Leroy et de Villard accusés, de même que Jean Sarradet, d’être partisans d’une partition de l’Algérie. A la fin de mars 1962, il participe à la tentative de création d’un maquis dans l’Ouarsenis, tentative qui se solde par un échec en raison des attaques conjuguées d’éléments du FLN, de l’armée et de l’aviation française. Pierre Delhomme est capturé, transféré à la prison d’Hussein Dey, puis transféré à Paris à la maison d’arrêt de la Santé. A son procès, récusant ses juges, il est condamné trois fois : à trois ans, à vingt ans, puis à la réclusion criminelle à perpétuité en septembre 1963. En prison, il retrouve la foi qui le guidera tout le reste de sa vie. Après une tentative d’évasion, il est envoyé à la Centrale d’Ensisheim où il est isolé de ses camarades pendant trois ans. Sa santé déclinant, il est transféré à Saint Martin de Ré où il retrouve ses compagnons de lutte. Il en est libéré le 23 décembre 1966. Après un séjour d’un an à Grenoble, il se fixe à Saint Raphaël et ouvre pour un temps un restaurant : La Fleur de Lotus. Il occupe ensuite des emplois de jardinier et de garde de nuit dans une clinique. En 1997, à la mort de son épouse, il se retire dans un foyer dans le Morbihan où il s’éteint le 8 janvier 2002.
Le 25 avril 1961 à Alger, Pierre Delhomme se rend au Gouvernement Général et demande les ordres au général Challe, celui-ci, qui a décidé de se rendre, lui conseille de rejoindre La Reghaïa. Pierre Delhomme se retourne alors vers le général Salan qui lui demande de faire venir le commando 40 du quartier Rignot au Forum. Le commando sera l’une des dernières unités à protéger les protagonistes du coup d’Alger avant leur dispersion.
Dans les années 70, une correspondance est échangée entre le général Salan et Pierre Delhomme qui lui dit toute l’amitié qui le liait à René Villard, qualifié de fervent patriote, dont il n’a pas compris l’exécution.