Léon Delbecque

Léon Delbecque

Fils d’ouvrier, Léon Delbecque est né le 25 août 1919 à Tourcoing. Il fait ses études à l’Institut Saint Louis à Tourcoing. En 1938, il épouse Georgette Desprez qui lui donnera trois enfants dont Guy, mort pour la France en Algérie. Membre actif de la résistance pendant la guerre de 1939-1945, il débute, en 1946, comme contremaître dans une usine de textile dont il deviendra directeur en 1953. Parrainé par Marie-Madeleine Fourcade, il milite puis assume des responsabilités au R.P.F. dont il est délégué pour le département du Nord de 1947 à 1953. Par la suite, il devient secrétaire général du centre des Républicains Sociaux du Nord en 1954. Il est également conseiller municipal et adjoint au maire de Tourcoing de 1947 à 1959.
En 1957, il est au cabinet de Jacques Chaban-Delmas, ministre de la Défense Nationale ; il se rend en Algérie au début de 1958 pour créer l’antenne du ministère à Alger. Il est l’un des acteurs essentiels dans la préparation des événements de mai 1958 et dans leur exploitation au bénéfice du général de Gaulle. Vice-président du Comité de Salut Public créé à Alger dès le 13 mai 1958 , puis du Comité de Salut Public d’Algérie et du Sahara de juin à octobre 1958, il est membre fondateur du comité central de l’U.N.R., est élu député de Lille et préside la commission des affaires culturelles de l’assemblée nationale. En désaccord avec le parti gaulliste et par fidélité à ses convictions en faveur de l’Algérie française, il  quitte l’U.N.R. et rejoint le groupe parlementaire « Unité de la République » avec lequel il vote l’amendement « Salan » en novembre 1961. Il est battu aux élections législatives de novembre 1962 et se consacre à une carrière professionnelle dans le secteur du bâtiment et de l’aménagement du territoire. En 1970, il se rapproche de Jacques Soustelle qui, de retour d’exil, a créé le mouvement Progrès et Liberté. A la fin de sa vie, il confie à ses amis de 1958 son amertume d’avoir participé, contre son gré, à la mise en œuvre de la plus mauvaise solution du problème algérien. Il meurt à Tourcoing en 1991.

Léon Delbecque est l’auteur d’un récit sur les événements liés au 13 mai 1958, publié dans l’ouvrage dirigé par Gilbert Guilleminault : « De Bardot à De Gaulle, le roman vrai de la IVe république » édité par Denoël en 1972. Officier de la légion d’honneur, Léon Delbecque était titulaire de la croix de guerre 1939-1945, de la médaille de la Résistance et de la croix de la valeur militaire.

En mars 1958, Léon Delbecque, de l’« antenne » de Jacques Chaban-Delmas à Alger, demande à être reçu par le général Salan pour l’informer du souhait du ministre de la défense nationale de le voir prendre la responsabilité de l’action psychologique en Algérie. Raoul Salan oppose très sèchement une fin de non-recevoir, le poste étant pourvu par le colonel Goussault. Le 15 mai 1958 devant 100.000 personnes (dont plus de la moitié de musulmans) rassemblées sur le forum à Alger, le général Salan termine son discours par un « Vive l’Algérie française ! ». Léon Delbecque, qui est à ses côtés, se penche vers lui et lui dit : « Vive De Gaulle, mon général ! ». Raoul Salan, faisant face à la foule, lance alors un : « Vive le général de Gaulle ! » qui reprend publiquement la conclusion du télégramme envoyé quelques heures plus tôt au président Coty . La foule acclame longuement cet appel qui sera décisif dans le processus de retour au pouvoir du général de Gaulle. Quelques jours plus tard, Léon Delbecque vient proposer au général Salan de partager ses pouvoirs avec Jacques Soustelle. Raoul Salan refuse nettement et rapidement cette proposition qu’il juge inopportune.

Le vendredi 18 mai 1962, Léon Delbecque témoigne pour la défense au procès de Raoul Salan. Il répond à une question de Me Tixier-Vignancour sur le rôle que l’affaire Si Salah aurait pu jouer dans la décision de Raoul Salan de prendre la tête de l’O.A.S.. Il développe le sujet et indique que Si Salah, chef de la willaya 4,  a été reçu par le général de Gaulle, a été tué environ six mois après cette entrevue et que la conférence de Melun avec les dirigeants extérieurs du F.L.N. a été annoncée environ trois semaines après sa mort.

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