Jacques Mugica

Jacques Mugica

Né le 28 février 1933 à Anglès (Tarn), Jacques Mugica fait ses études au collège Saint Francois-Xavier d’Ustaritz et sa médecine à l’université de Paris. De sensibilité « progressiste », il est affecté, pour son service militaire, en tant que médecin-aspirant, au 1er Régiment d’Infanterie de Marine stationné en Kabylie. Il y assure, près de Guerrouma, le service médical de l’unité et également de la population musulmane. Habitant seul dans l’infirmerie, située à l’extérieur du poste et dont la porte reste ouverte de jour comme de nuit, il y est aussi bien accoucheur que vétérinaire. En opération, il soigne indifféremment les soldats du régiment ou les rebelles. Au contact des réalités algériennes, il est choqué par le changement de la politique algérienne du gouvernement Debré. Le 22 avril 1961, il donne son adhésion morale et personnelle au coup d’état d’Alger dirigé par les généraux ChalleJouhaud et Zeller bientôt rejoints par le général Salan. Il prend le contrôle du poste central de communications militaires de Palestro puis rejoint Alger. Arrêté après l’échec du coup d’Alger, il passe en jugement les 1er et 2 août 1961, avec le colonel Roca, le commandant Loustau et les capitaines Ziegler et Hustaix, devant le Tribunal Militaire Spécial qui l’acquitte. Il demande aussitôt à repartir en Kabylie, ce qui lui est refusé ; il est alors affecté à l’hôpital Villemin à Paris. Il entre dans l’OAS métropolitaine et, à la tête d’un petit groupe, combat le FLN à Paris et en proche banlieue. En novembre 1961, il rencontre secrètement Michel Poniatowski qui l’engage à organiser un attentat uniquement matériel – ce qui fut fait – contre l’escorte du président de la République qui se rend à Strasbourg  pour y prononcer un discours aux officiers de l’armée française. En février 1962, il déserte et rejoint Alger le 26 mars 1962, jour de la fusillade de la rue d’Isly au cours de laquelle un régiment de tirailleurs fait de très nombreuses victimes parmi la population européenne. Il rejoint le maquis de l’OAS commandé par le colonel Gardes qui occupe, avec les harkis du Bachaga Boualem, un vaste secteur dans l’Ouarsenis. Lorsque le maquis, attaqué par les T6 de l’armée de l’air et par des unités de l’armée de terre, est amené à se disperser, Jacques Mugica échappe au bouclage mis en place et regagne Alger.
Arrêté, condamné, Jacques Mugica effectue un séjour de deux ans en prison. A sa sortie, il reprend ses études à la faculté de médecine de Paris et obtient en 1965 un diplôme de cardiologie. Spécialiste de médecine cardio-pulmonaire, il rejoint la clinique chirurgicale Val d’Or à Saint-Cloud, dont il deviendra médecin-chef en 1970. Entre temps, il crée le premier centre interdisciplinaire mondial consacré aux dispositifs de stimulation cardiaque (« pacemakers »). Ce centre implante initialement 60 pacemakers annuellement, rythme qui montera à environ un millier de pacemakers en 1994. L’intégration, sous l’égide de Jacques Mugica, d’équipes de médecins, d’ingénieurs et d’industriels conduira à des progrès décisifs en matière de stimulation cardiaque, ce qui lui vaudra d’être considéré par ses pairs comme le pionnier de cette discipline.
Parallèlement, Jacques Mugica développe ses activités d’enseignement et crée « CARDIOSTIM » qui organise à Nice, les années paires depuis 1978, le symposium de référence sur la stimulation cardiaque et, plus récemment, les années impaires, des symposiums dans d’autres pays tels le Liban, le Maroc, la Russie et le Brésil.

9 juin 2000 / Propos recueillis auprès du docteur Mugica à l’occasion du congrès Cardiostim 2000 et publiés dans l’hebdomadaire « Le Point »

Jacques Mugica a rédigé et publié dix ouvrages consacrés à la stimulation cardiaque et à la défibrillation et plus de 250 articles dans les revues spécialisées. Il était membre du comité de rédaction de  cinq revues scientifiques, dont PACE (Pacing And Clinical Electrophysiology). Marié depuis 1967, père de trois enfants, Jacques Mugica était titulaire de la médaille de vermeil de la Ville de Paris, de la médaille d’or de la Société d’Encouragement au Progrès et de la Distinguished Service Award de la NASPE (North American Society of Pacing and Electrophysiology).
Il est décédé le 12 décembre 2002, quelques jours après le lieutenant de vaisseau Pierre Guillaume (« le Crabe-Tambour ») avec lequel, fidèle à ses engagements de jeunesse, il entretenait une amitié sans faille.

C’est sur la demande personnelle du général Salan, soucieux de renforcer l’encadrement de l’OAS en Algérie, que Jacques Mugica rejoint Alger en mars 1962.

Les commentaires sont clos.