Guillaume Jean Max Chassin
(dit Lionel-Max Chassin)
Pseudonyme littéraire: Guy Séverac
Né le 26 avril 1902 à Bordeaux et entré à l’Ecole navale à 17 ans (il avait passé son bac math élem et philo à 15 ans et 3 mois) en 1919, il reçoit sa première citation avec la Croix de guerre T.O.E. comme enseigne de vaisseau lors des engagements sur les côtes du Rif en septembre 1925. Il sort premier de l’Ecole d’aéronautique de Rochefort et entre dans l’aéronavale en 1926. C’est à Agadir, pendant l’hiver 1926-1927, qu’il rencontre pour la première fois Antoine de Saint-Exupéry et qu’il fait la connaissance de Mermoz. Il fait partie d’une escadrille chargée de la couverture photographique du Grand atlas et de l’Anti-Atlas, basée à Agadir, alors escale de la ligne Latécoère Toulouse-Dakar. Deux ans plus tard, il est son professeur au cours supérieur de navigation aérienne ouvert par la Marine à Brest et dont il est le directeur (1929). C’est à cette occasion qu’ils se lient d’une profonde amitié.
En 1932, il publie son premier livre, en collaboration avec le poète Léon Vérane, Le Chevalier Paul (Renaissance du livre).
En 1935, officier de la Légion d’Honneur, il rejoint l’armée de l’air au moment de sa création et est un des premiers brevetés parachutistes à l’école de saut d’Avignon-Puault en 1936. Commandant en 1938, il sort de l’Ecole de guerre aérienne en 1939 (et obtient le diplôme de l’Ecole libre des Sciences Politiques en 1940).
Début 1940, il représente la France au comité stratégique de Londres puis est affecté en mai au cabinet du chef d’état major de l’armée de l’air. Deux jours après l’armistice, il est à Alger et est envoyé au Maroc. En septembre 1940, il commande le groupe 1/32 composé de Glenn Martin qui reçoit l’ordre de bombarder Gibraltar, mais fait larguer ses bombes au large du rocher.
En septembre 1941, il est affecté au cabinet militaire du secrétariat d’Etat à l’aviation à Vichy tout en appartenant au réseau de résistance Ronsard-Troine. C’est lui qui pilote l’avion de l’amiral Darlan lorsque celui-ci se rend à Alger le 5 novembre 1942. Il participe activement aux négociations lors du débarquement américain et est envoyé au Maroc, puis à Dakar, pour rallier les forces françaises à l’effort franco-américain. Lieutenant-colonel en 1943, il est nommé directeur du personnel militaire de l’armée de l’air.
En 1943-44, il retrouve Saint-Exupéry à Alger et ils se voient quasiment tous les jours.
En février 1944, Lionel Chassin prend le commandement de la 31e escadre de bombardement en Sardaigne et prend part aux toutes premières missions du groupe “ Maroc ”, nouvellement engagé.
Antoine de Saint-Exupéry accepte une affectation à son état-major afin d’échapper à l’atmosphère d’Alger. Lionel Chassin l’aide alors à obtenir, au groupe de reconnaissance 2/33, des missions sur Lightning, et c’est lui qui, le 29 juillet 1944, à Alger, referme sur Saint-Exupéry le cockpit de son avion sur le point de décoller pour la Corse, deux jours avant sa dernière mission et sa disparition.
Après une affectation auprès du général Juin, il est promu général de brigade aérienne et devient sous-chef d’Etat-major de la Défense nationale en 1946 jusqu’en juin 1948, puis commandant supérieur des Ecoles de l’air et de la 3e région aérienne de juillet 1948 à mai 1951. Le général de Lattre le fait venir en Indochine où il commande l’aviation de 1951 à mi 1953 et effectue 1.100 heures de vol et 130 missions de guerre. Des divergences de vue, qui seront aplanies par la suite, l’opposent au général Salan sur les conditions d’emploi de l’aviation dans le nouveau type de guerre qu’est la guerre d’Indochine. Puis il dirige la Défense Aérienne du Territoire de fin 1953 à début 1956. En janvier 1957, il succède au général Salan à la tête du comité de patronage de l’Association des Combattants de l’Union française (ACUF) et devient général d’armée aérienne en avril 1957 alors qu’il commande la défense aérienne Centre Europe au SHAPE (jusqu’à fin avril 1958). Au moment du 13 mai 1958, le gouvernement de Pierre Pflimlin ayant ordonné son arrestation, il “ prend le maquis ” et tente d’organiser la mobilisation des partisans de l’Algérie française en Métropole. En juin de la même année, il fonde le “ Mouvement Populaire du 13 mai ” (MP13) dont il quitte la présidence en septembre et se présente aux élections législatives de novembre 1958 dans la 2e circonscription de la Gironde, à Bordeaux, contre Jacques Chaban-Delmas qui en sort vainqueur au deuxième tour. En janvier 1960, ayant tenté de gagner l’Algérie au moment des barricades, il est interpellé par la police. Désormais, gravement malade, il ne prend plus part activement aux événements, bien qu’assurant toujours la présidence de l’ACUF. Il meurt le 18 août 1970 à Marseille après une très longue maladie.
Lionel Chassin est l’auteur de plusieurs ouvrages :
– Les conquérants de l’infini, 1945, Lajeunesse
– Histoire militaire de la seconde guerre mondiale, 1947, Payot
– Stratégie et bombe atomique, 1948, Lavauzelle
– Anthologie des classiques militaires français, 1950, Lavauzelle
– La conquête de la Chine par Mao Tse-Tung, 1952, Payot
– L’ascension de Mao Tse-Tung, 1953, Payot
– Aviation Indochine, 1954, Amiot-Dumont
– Bélisaire, généralissime byzantin, 1957, Payot
Fondateur de la revue « Forces Aériennes Françaises », il a signé de très nombreux articles et préfaces.
Il était aussi un grand sportif : capitaine ou créateur d’équipes de rugby et de football victorieuses en championnat de France militaire, pilote d’avion, d’hydravion, de dirigeable et de ballon libre, moniteur d’acrobatie aérienne, il comptait 6.000 heures de vol. Il fut champion de tir de l’armée de l’air en 1947.
Lionel Chassin était Grand Officier de la Légion d’Honneur, titulaire de la croix de guerre des TOE, de la croix de guerre 1939-1945 et de six citations, commandeur des palmes académiques, de la médaille d’or de l’éducation physique et de nombreuses décorations étrangères.
Le général de division aérienne Lionel Chassin est commandant de l’air en Indochine alors que le général de corps d’armée Raoul Salan est commandant en chef des forces terrestres, aériennes et navales en Extrême-Orient. Les besoins opérationnels du général Salan en matière de transport et d’appui aérien et d’opérations aéroterrestres sont très importants et difficiles à planifier. La flotte aérienne disponible en Indochine est limitée. D’où un conflit à la frontière des responsabilités des deux hommes. Ce conflit culmine en novembre 1952. Une franche explication y met fin et conduit, avec l’aide du ministre des états associés, Jean Letourneau, à rechercher un complément d’aide aérienne auprès des Américains.
Plus tard, en mars 1961, alors que Lionel Chassin a des problèmes de santé, Raoul Salan, exilé à Madrid depuis octobre 1960, lui écrit une lettre, pleine de sollicitude, insistant sur la nécessité pour la France de compter parmi ses fils des personnalités telles que le général Chassin.