Bulletin 6

Bulletin 6

Commandant Louis Martin Vladimir Volkoff

Nos adhérents ont publié

Le Général Salan et la cuvette de Dien Bien Phu (1/2) par Jacques Vallete Biographie / Georges Salan

In memoriam

Malheureusement, cette rubrique ne reste pas vierge ; nous déplorons la disparition du Commandant Louis Martin, connu de tous sous le nom de Loulou Martin, une figure absolument extra-ordinaire.

Le chef de bataillon Louis Martin est décédé dans la nuit du lundi 19 au vendredi 20 septembre 2005 à l’hôpital Cimiez de Nice à l’âge de 81 ans. Ses obsèques ont été célébrées à l’église Saint Jean-Baptiste de Nice le jeudi 22 septembre à 15 heures. Les honneurs militaires lui ont été rendus à l’issue de la cérémonie religieuse. L’inhumation a suivi une cérémonie en la basilique de Guingamp, samedi 24 septembre.  

Né en 1924 à Guingamp, Louis Pierre Martin a vingt ans et prépare HEC, camouflage de préparation à Saint-Cyr, quand il s’engage dans les Forces Françaises de l’Intérieur au maquis de Coat Mallouen. Dès la fin de la guerre, il intègre l’Ecole Militaire Interarmes  (Promotion Garde au          

Drapeau). Il choisit la Légion étrangère et débarque en        Le capitaine Louis Martin 1948 à Saïgon avec la 13ème DBLE. 

En opération en Cochinchine, il ne tarde pas à récolter une citation à l’ordre de la division. Il est affecté au 3ème bataillon étranger de parachutistes à Sétif en octobre 1950 avant de retrouver l’Indochine, comme commandant de compagnie au 1er B.E.P. Il s’y distingue dans tous les combats menés dans le pays Thaï. Voilà ce qu’en dit Pierre Sergent dans son ouvrage « Je ne regrette rien » publié chez Fayard en 1972 : « Loulou Martin était une figure du B.E.P. Il allait devenir une figure de Dien Bien Phu. (…) Sa compagnie – il la commanda pour la première fois le 30 avril 1949 et fera au total quatre ans et demi de commandement de compagnie au feu – devait porter le surnom charmant, mais qui en disait long, de « bande à Loulou ». Ce « chef de bande » était le plus délicieux des hommes. Chose invraisemblable chez les légionnaires, ils lui obéissaient avant tout pour lui faire plaisir! Sa gentillesse était extrême, son humanité certaine, sa bonté évidente.

 De plus, il était toujours gai, toujours drôle. Il aimait danser, il aimait rire. Parachevant ses dons d’animateur : sa simplicité. Dans cette unité d’hommes superbes et le montrant, il était d’une modestie exemplaire. Très simple, il n’en remontait à personne. Et tout cela était inscrit Blessé par des éclats d’obus, il est capturé par les Viets à Dien Bien Phu. Libéré, il est muté au 1er REP en Algérie et participe à toutes les opérations du régiment, en particulier, celles de l’Est Constantinois. En 1959, il est au cabinet du général André Zeller, chef d’état-major de l’armée. Il est promu au grade de commandeur de la Légion d’honneur, à l’âge de 35 ans. Muté en France en janvier 1961, il quitte l’armée en 1963. 

Conseiller militaire en Arabie Séoudite de 1964 à 1968, il part au Gabon et y crée la garde présidentielle gabonaise dont il est le chef de 1977 à 1999, ce qui assurera au président

Bongo une longévité inégalée en Afrique noire.

     Le général Zeller remet la cravate              de  commandeur de la Légion            d’honneur au  capitaine Martin

En juillet 2005, Louis Pierre Martin avait reçu des mains du commandant Henry-Jean Loustau les insignes de grand officier de la Légion d’honneur, 46 ans après sa promotion au grade de commandeur.

Il était titulaire de la croix de guerre 1939-1945, de la croix de guerre des TOE et de la croix de la valeur militaire.

Il a récolté 14 citations en 18 ans de service : un vrai héros nous a quittés.

Jean-Paul Angelelli nous a fait parvenir le texte suivant en hommage à Vladimir Volkoff

Vladimir Volkoff (1932-2005)

Décédé d’un infarctus la 14 septembre 2005, Vladimir Volkoff a été un grand écrivain, d’origine russe, « aux convictions réactionnaires » (Le Monde dixit !) qui a publié de nombreux livres dans des genres très divers.

Mais pour nous, il est le jeune homme qui s’engagea pour cinq ans pendant la guerre d’Algérie où il servit dans les SAS et dans le Renseignement. Ce qui a inspiré son cycle des « Humeurs de la mer », un roman « Opération Barbarie » (Les Editions des Syrtes) qu’il considérait comme un « roman de jeunesse trop influencé par Faulkner » (1) mais qui comportait une postface où il prenait nettement la défense des « interrogatoires musclés » et, toujours sur le même sujet, il avait terminé un livre « Le Tortionnaire » qui paraîtra début 2006. Il ne faisait pas partie de notre association mais nous tenons à saluer et sa personnalité et son œuvre. Qui, sur le plan civique et historique (notamment son combat contre le communisme, le mondialisme, la désinformation), rejoint nos valeurs et nos combats.

(1) Extrait d’une lettre que Volkoff nous avait envoyée à la suite d’un article (paru dans Rivarol) où j’avais émis de courtoises réserves sur « Opération Barbarie ».

Nos adhérents ont publié

Michel Delenclos quitte la France pour Oran en 1949, accompagnant son père militaire de carrière. Son baccalauréat en poche, maître d’internat, il devient enseignant dans la région d’Orléansville. Volontaire pour les postes déshérités, il enseigne dans le primaire et connaît sur le terrain les drames de la fin de l’Algérie française. 

Son ouvrage, original, recense sous forme d’un dictionnaire, 1210 sigles utilisés entre 1954 et 1962 et développe, pour chacun, une rubrique de quelques lignes à plusieurs pages. Indispensable pour celui qui veut comprendre, vérifier et recouper ses informations sur cette période où l’histoire s’est accélérée.

                  2003, Editions Esprit Livres  53170 La Cropte    253p.  22€

L’ADIMAD vient de publier un dossier élaboré par son président, J.F. Collin, consacré au lieutenant Roger Degueldre en forme de mise au point définitive sur les calomnies distillées par les ennemis de toujours de l’Algérie Française qui veulent faire croire que Roger Degueldre a été membre de la Division SS Wallonie avant de s’engager dans la Légion étrangère (voir numéro 4 de notre bulletin). S’appuyant sur des documents d’archives originaux et inédits, la démonstration est sans appel. Le Monde, qui a donné le dernier mot à Jean-Philippe Ould Aoudia sur cette question, est pris, une fois de plus en flagrant délit de mensonge. Un document que chacun d’entre nous doit posséder.

ADIMAD, 68 traverse des Loubes, 83400 Hyères  0494575291  

                                                                             3€ franco de port    Commandes en nombre possible

Saint-Cyrien, Michel Alibert a été, aux côtés du colonel Château-Jobert, dans l’OAS du Constantinois. Il a choisi de s’exprimer par le roman. Celui-ci est son quatrième ouvrage, après « Ballade pour un soldat perdu », « L’escadron » et « Lumière d’Afrique ». 

La musique, Mozart et son sublime Requiem, le temps présent et le temps passé – l’Algérie n’est jamais loin – qui s’entremêlent, l’enfance et la vie d’homme, sont les thèmes de ce livre où des éléments autobiographiques surgissent et qui, sous couvert de légèreté et aussi d’humour, traite de la vie et de la mort avec élégance. 

1995, Editions Lettres du Monde, 142 faubourg Saint Antoine, 75012  Paris

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                       173p. 18€

Le général Salan et la cuvette de Dien Bien Phu (1/2)    

Jacques Valette 

Depuis 1954, il est devenu courant de charger le général Salan de la responsabilité, au moins indirecte, de la défaite de Dien Bien Phu. C’est oublier que le général n’a pas été associé à la décision d’organiser un camp retranché en cet endroit, qu’il avait quitté l’Indochine en mai 1953. Il n’eut à traiter de l’emploi de ce site dans le cadre de sa stratégie en 1952-53 qu’en fonction d’un contexte de guerre précis.

1) Le problème de Dien Bien Phu en 1952-53   

                                                                                       

la forêt : le Nam Ou (affluent du Mékong à Louang Prabang), le Song Ma, le Song Co. Dien Bien Phu, arrosé par deux de ces cours d’eau, le Le Ministre Letourneau et le général Salan à Dien Bien Phu    Mars 1952 ( ?)

A la fin d’octobre 1952, le Viet Minh avait envahi le pays Thaï, et les postes français tombaient les uns après les autres. Le général Salan, exploitant des renseignements de contact, estima que l’ennemi allait tenter d’atteindre le Mékong par le Haut Laos.

Il était en train de pénétrer un territoire stratégiquement important : territoire compris entre la frontière birmane au nord-ouest, la région du Tran Ninh et de Sam Neua au sud, la vallée du Fleuve Rouge à l’est et le Mékong à l’ouest. Trois vallées pouvaient lui servir d’axe de marche, malgré les difficultés du relief et de

Nam Ou et le Song Ma, était donc la porte du Laos et de l’accès au Mékong.

Le 23 novembre 1952, alors que la menace est encore lointaine, Salan précise à l’attention du colonel Sizaire, commandant les forces du Laos: (1)  

  • Il faut y  maintenir une garnison réduite venue du Laos, en deux rotations de Dakotas civils, le volume des renforts dépendant «  de la physionomie de la situation réelle, telle que vous l’apprécierez ». Mais ce n’est qu’une base « coupée de nos bases opérationnelles en Haute région ». Son plan est centré « sur Lai Chau et Na San où se concrétise notre volonté de nous maintenir en pays Thaï ». 
  • Il pense ne défendre Dien Bien Phu que parce que ce lieu « commande la principale voie d’accès aux reconnaissances ennemies ». Et « en cas de forte poussée adverse », on pourrait y « gêner et retarder l’irruption éventuelle du Viet Minh au Nord Laos ». Il exclut l’idée d’une grande bataille :

      « Compte tenu des difficultés de tous ordres que rencontrerait l’entretien d’une bataille             dans cette région, il y a lieu, en tout état de cause, de n’engager que les moyens        nécessaires à ces missions et d’éviter tout encerclement ». Le lendemain, il précise son intention au colonel Sizaire : (2)

  • Le Viet Minh « rassemble ses forces autour de Na San où se livrera la bataille dont l’issue est essentielle pour notre maintien en Pays Thaï » afin d’y éviter « tout encerclement en vue d’une poussée de force ». Mais Lai Chau et le reste du Pays Thaï

sont aussi à préserver pour y fixer « des forces ennemies, ainsi détournées de Na San ». Le groupe du colonel Lajoix forme « un système défensif capable de s’opposer à un raid ennemi ».

  • Mais il précise : « Le souci d’éviter la destruction de nos forces, dans l’éventualité d’une menace sérieuse, me conduit à envisager le repli rapide de cet ensemble sur le Laos ». Il ajoute même que « si les circonstances le permettent, il n’est pas exclu que le mouvement s’exerce sur Dien Bien Phu par le col des Partisans et la piste Pavie ».
  • Il prescrit donc au colonel Sizaire « de préparer la récupération au Laos des forces du pays Thaï noir », en équipant la piste et la voie d’eau. Il remet l’organisation de la défense au GCMA (Groupement de Commandos Mixtes Aéroportés) et aux postes d’autodéfense, avec constitution de dépôts de ravitaillement, « installations de station radio », etc. Ce sera l’opération « Météore ».    

Malheureusement, le 2 décembre, la garnison de Dien Bien Phu a disparu. Les informations n’arrivèrent que lentement. 

  • Le 1er décembre, le poste avait signalé que les « éléments amis (étaient) au contact ».                          
  • Le 2 décembre : « Echec reconnaissance aérienne matinée 1er décembre par GATAC Nord – reconnaissance dans l’après-midi signale piste Dien Bien Phu vide et intacte – éléments 5ème BCL pas repérés, pas de contact radio ». « Une section de Muong Khoua fait mouvement sur Ban Loeb, 25 kilomètres au sudouest de Dien Bien Phu, pour rechercher renseignements et recueillir éléments amis. Emissaires envoyés sur toutes pistes région Muong Khoi et Dien Bien Phu. »
  • Le 3 décembre : « Contact radio pris avec éléments deux compagnies 5ème BCL début après-midi est suspendu à 17 heures – Dien Bien Phu aurait été attaqué le 30 novembre après-midi. Eléments Viet Minh ont tendu embuscade sur chemin repli entre Dien Bien Phu et col Tay Chang – chef de bataillon Sicard gravement blessé – Recherche  position et importance éléments repliés – Reconnaissance le 2 décembre par ( ?, blanc radio) – Norduya ( ?) mis à notre disposition signale que Dien Bien Phu paraît vide – Aucun élément ami repéré entre Dien Bien Phu et col Tay Chang. »
  • Le 4 décembre : « Eléments 5ème BCL, représentant valeur deux sections, ont rejoint Mung Nao et Muong Khoua. Deux tiers 13ème compagnie se trouvent à la frontière 50 km Est Muong Khoua, en liaison radio avec Vientiane. Pas d’autre renseignement sur 5ème BCL sauf que le chef de bataillon Sicard a été mortellement blessé au cours repli avant passage col Tay Chang ». « Tous éléments récupérés seront regroupés Muong Khoua et Muong Ngoi, pour poursuivre mission s’opposer poussée adverse en direction Louang Prabang, 5ème BCL sera recomplété et ranimé. »
  • Le 7 décembre, des rescapés arrivés à Vientiane, font un récit plus nourri : le repli a commencé, dans la nuit du 30 novembre, « des éléments de couverture » et d’une « compagnie du 5ème BCL installée à 12 kilomètres de Dien Bien Phu ». Le 1er décembre, alors qu’un poste extérieur est attaqué « par 720 VM environ après préparation mortiers », les « partisans, après avoir épuisé munitions, se sont repliés à 19 heures vers l’ouest ». Jusqu’au 24 décembre, des rescapés vont réussir à atteindre un poste tenu par les Français.

2) Les tentatives pour reprendre Dien Bien Phu     

Salan ne renonça jamais à reprendre ce poste. En témoignent les instructions remises, le 30 décembre 1952, au général de Linarès, commandant les forces terrestres du Nord Vietnam :

(3). « La province de Dien Bien Phu représente pour le Viet Minh une base opérationnelle essentielle, au même titre que Na San et Lai Chau dans notre propre système.  Les rebelles (….) sont en mesure de faire (indéchiffrable) sur le pays une bataille régulière et d’y organiser des unités

                                                                                                                                      régionales. »

Tout confirme la « volonté du Commandement Viet Minh de conserver Dien Bien Phu ». Il s’y est donné une forte position militaire : il a coupé le pays Thaï en deux, il rayonne librement à partir de la base vers le Laos par la piste Pavie et les cours d’eau (Nam Ou, Song Ma, Nam Het). Les unités ennemies sont maintenant à cheval sur la frontière entre le pays Thaï et le Laos. Il pourrit le pays par ses relations avec les « formations rebelles » à Sop Sang, avec un bataillon de réguliers sur le Song Ma. Enfin, la population Thaï de la région de Sop Co est complice.

Pour Salan, la réoccupation de Dien Bien Phu marquera « la première étape de la reprise en main du Pays Thaï et de l’élimination du Viet Minh à l’ouest de la Rivière Noire ».

  • Il fait donc préparer une opération, pour le 10 janvier 1953. Y participeront les spécialistes de la contre-guérilla : le groupement du GCMA commandé par le lieutenant Castagnani, des compagnies supplétives Thaï de Laichau, des partisans laotiens. Le GCMA préparera le terrain, le 5ème BCL fermera les accès sud-ouest de la cuvette de Dien Bien Phu, le bataillon Thaï s’installera à Dien Bien Phu pour faire « le nettoyage ». Il prévoit même qu’un bataillon parachutiste attendra à Hanoï. 

Au milieu de décembre 1952, l’Etat-Major des Forces du Nord Vietnam (commandées par Linarès) étudie le plan du général Salan. (4) « Notre  réinstallation à Dien Bien Phu constitue l’objectif à envisager dès que possible ». Mais cette opération demandait des « effectifs importants » note-t-il.

  • En effet, il prévoit une « action préliminaire du GCMA » et des « partisans de Deo Van Lam », à partir de Laichau. Puis une opération aéroportée pour nettoyer la cuvette et rétablir les autorités du Pays Thaï. Le responsable, le commandant de la zone opérationnelle du Pays Thaï Blanc, devra « rétablir les communications entre Laichau et Dien Bien Phu par la piste Pavie ».
  • Une opération, à partir de Na San, devrait couper les communications par la piste du Viet Minh . L’objectif en est de « soulager la province de Sam Neua » soumise à la pression du Viet Minh.
  • Enfin, il demande un nouveau raid, en janvier, à partir du delta, combiné avec une action aéroportée. Est visée la zone des dépôts du Viet Minh en bordure de ses axes de communication, en deux zones repérées où stationnent d’importants effectifs Viet Minh.

Dans le delta sud, une opération va y fixer les divisions 304 et 320. Une colonne de partisans, conduite par le lieutenant Castagnani, du GCMA, mènera son action dans la région de Dien Bien Phu.

Le général de Linarès, au Tonkin, estime pouvoir réoccuper Dien Bien Phu « aux environs du 10 janvier (1953) ». Pour y réussir, il demande « un potentiel aérien », mais « en l’état actuel de nos ressources », il faudrait le « distraire de l’entretien des groupes opérationnels du Pays Thaï ». Il parle aussi de renforts, mais qui lui seraient retirés si le Viet Minh lançait « une nouvelle campagne » « sur la Rivière Claire ». Il manque de renseignements valables sur les effectifs ennemis dans la région de Dien Bien Phu. Il avance surtout deux arguments sérieux : (4)   

  • Reprendre Dien Bien Phu, c’est rétablir une « autorité politique sur le Pays Thaï. Mais laquelle ?, car l’ancien Chin Mong ne s’est-il pas déconsidéré »?  Il parle de « chercher une autre personnalité » que Deo Van Long. 
  • Il ne croit pas que le GCMA soit efficace. Il fournit des « éléments d’appréciation » mais il n’atteint pas des résultats immédiats ». A ces groupes, il faut « laisser le temps minimum pour créer leurs bases, préparer des champs de bataille et analyser une situation politique dont nous ne savons rien ».                                                                                         

Ainsi, le problème de Dien Bien Phu est cause d’un désaccord entre Salan et un de ses grands subordonnés, qui s’en tient à un scénario classique : une opération aéroportée conjuguée avec une offensive au sud du delta et un raid sur les dépôts de l’adversaire. Cela entraîne une correspondance entre les deux hommes, Salan s’en tenant à l’opération prévue, jugée « essentielle ».

« Nous devons empêcher le Viet Minh de contaminer le Pays Thaï et de s’organiser aux frontières du Laos. Dien Bien Phu est une base rebelle importante qu’il est souhaitable

d’éliminer aussi rapidement que possible.»

Les généraux de Linarès et Salan Mai 1953

3) Le système défensif  

Le 22 janvier 1953, Salan transmet des directives plus précises encore. (5)

Il parle de détruire les unités du Viet Minh ou de les obliger à abandonner le terrain. Un dispositif complexe est ainsi défini :

  • un système défensif couvrant le nord-ouest avec trois bases aéroterrestres – Na San, Laichau , Dien Bien Phu – équipées d’une piste pour avion et participant à une défense rapprochée. Elles serviront d’appuis à des batailles d’intervention. Les unités de supplétifs et les formations d’autodéfense agiront à l’intérieur du triangle ainsi défini.
  • Au sud-est, on mettra en place un dispositif relié aux forces du Laos par la vallée du Song Ma. Dans le nord du Laos, de petites bases freineront la poussée adverse : Sam Neua, Xieng Khouang, Nam Bac, Phong Saly, Mung Sa.
  • Quant au GCMA, il continuera d’agir dans la montagne, entre la Rivière Noire et le Fleuve Rouge. Des bataillons Thaï pourront exploiter ses renseignements.

Une série de petites opérations le long des axes de communication avaient été étudiées. Le 23 janvier, le général Salan précisa encore sa manœuvre : le général de Linarès porterait l’essentiel de l’effort sur le Nord Laos, en s’appuyant sur le système des bases aéroterrestres du Pays Thaï. Cela entraînera une « modification de l’implantation actuelle des organes de combat et des unités ». (6) 

Le général Salan en arrive à concevoir une dynamique de l’offensive mieux adaptée au contexte : En s’appuyant sur des bases, établir des « couloirs » pour rendre sûrs « les grands axes routiers » et mener une « action quotidienne d’éléments légers installés le long de nos itinéraires ou à proximité ». Un bataillon d’intervention, dégagé des « missions statiques » sera disponible pour des opérations, en « opérant dans les zones d’insécurité à partir desquelles l’ennemi pourrait menacer nos communications ».

Le dispositif sera complété par une « vigilance » sur la frontière chinoise où la « présence de bandes » ne sera plus tolérée. Surtout, on cherchera la « valorisation de l’Armée nationale laotienne » en lui confiant des missions de sécurité statique. Quant à Dien Bien Phu, son contrôle était « laissé à la charge du GCMA, opérant aux ordres direct du général commandant les FTNV (Forces Terrestres du Nord Vietnam). (7)  

Le général Salan tenait ainsi compte des informations apportées par le décryptage des messages du Viet Minh.

En janvier 1953, le plan Viet Minh était simple : « dans le cas où les forces françaises comprendraient trois bataillons, il faut se rassembler rapidement pour chercher à anéantir le principal élément français, le PC, l’élément arrière ». En attendant, on « continue à instruire les troupes régionales ainsi que les troupes populaires et les guérilleros ».

Au 12 janvier, les ordres sont plus clairs : « chercher à construire des bases populaires », c’est-à-dire gagner des groupes Thaï politiquement, mais surtout « déclencher de petites activités suivant les voies de communication pour bloquer et encercler les Français ».  

Il ne fut donc jamais question d’établir un énorme camp retranché, absorbant tous les moyens disponibles, mais seulement de ne pas renoncer à contrôler une voie d’entrée vers le Haut Laos soit directement, soit indirectement, par les maquis du GCMA. Cette solution tenait compte des moyens limités du commandant en chef comme des nécessités de maintenir une présence anti-Viet Minh en pays Thaï ;

Enfin, maintenir des maquis du GCMA autour de la cuvette de Dien Bien Phu, toujours aux mains du Viet Minh, c’était préparer l’avenir en intégrant cette action dans une stratégie plus vaste : le système des Centres de résistance au Laos, les bases aéroterrestres de Na San, Luang Prabang, Vientiane…                               

(à suivre)

Notes

  • –  Général en chef,  Directive n°5 pour le colonel commandant les FTL, 
    • novembre 1952, SHAT 10 H 5641
  • –   Général en chef, IPS pour le colonel commandant les FTL,
    • novembre 1952, SHAT  10 H 5641
  • –   Commandant en chef, Directive n°4, 30 décembre 1953, Papiers Salan
  • –   Colonel Sizaire, FTL à Salan, cité par Linarès dans sa lettre à Salan,

           26 octobre 1952, Papiers Salan

  • –   Salan,  Directive n° 42, 23 janvier 1953,  Papiers Salan
  • –   Salan,  Directive n° 45, 23 janvier 1953,  Papiers Salan
  • –   Salan, IPS pour le colonel commandant les FTL,  15 mars 1953 

Georges Salan

Georges Salan est né le 15 novembre 1901 à Roquecourbe, deux ans et demi après son frère Raoul. Son père, Louis Salan, âgé alors de 32 ans, deviendra par la suite directeur des octrois de Nîmes où les deux frères feront leurs études. Leur sœur mourra en 1919 de la grippe espagnole. Georges Salan dira, parlant de son milieu familial : «Nous sommes d’une famille modeste. Nous n’en rougissons pas. La République a fait de nous ce que nous sommes. Nous lui devons beaucoup. C’est pourquoi nous sommes et resterons républicains».Lors de son service militaire, en 1923, il est gravement blessé à la colonne vertébrale, ce qui lui vaut une immobilisation de deux ans  en  position  allongée à  Montpellier où  il suit  ses études de médecine. En 1925, il adhère à l’association espérantiste SAT (Association Espérantiste Anationaliste) et également au Parti Communiste. Résidant à Nîmes, il y fait partie de la Fédération des espérantistes prolétariens où se retrouvent les espérantistes communistes. 

En 1927, Georges Salan fait partie d’une délégation espérantiste européenne qui se rend à Moscou pour le 10ème anniversaire de la Révolution d’Octobre. De retour en France, il milite, à la fois, à la Fédération espérantiste nîmoise, au PC et au Secours rouge international. Un temps interne des hôpitaux de Hyères, il ouvre un cabinet à Nîmes, près de la Maison Carrée. Il se marie avec Sophie Knauer, d’origine roumaine dont il aura deux filles. La SAT ayant rompu avec Moscou, Georges Salan devient gérant de Proleta Esperantisto (L’Espérantiste prolétarien), imprimé à Nîmes, qui suit la ligne communiste.

En 1935, il démissionne du PC pour protester contre la signature par Laval et Staline, le 2 mai 1935 du pacte d’assistance mutuelle entre la France  et l’Union Soviétique. 

Médecin généraliste jusque là, il devient médecin pénitentiaire à la Maison d’arrêt de Nîmes, expérience dont il tirera un ouvrage en 1971. 

En décembre 1940, il est révoqué de cette fonction en raison de ses activités révolutionnaires passées. Entré tôt dans la résistance, il organise les corps francs de Combat dans le Gard dès 1941. Responsable de l’Armée Secrète à Nîmes en 1942, puis dans le Gard, il plonge dans la clandestinité en 1943 et prend la présidence du directoire départemental des Mouvements Unis de la Résistance (M.U.R.) après l’intégration en son sein de Combat.

Le 7 février 1944, il est arrêté par la Milice, emprisonné à Lyon, Vichy, Marseille et Compiègne             avant             d’être déporté           à Neuengamme et Buchenwald. Libéré par les troupes soviétiques en mai 1945, ayant regagné la France, Georges Salan est président du comité départemental de libération       du        Gard.             Sur      proposition d’Emmanuel d’Astier de la Vigerie, il est délégué        à          l’Assemblée             consultative provisoire. Entre temps, il a de nouveau adhéré au parti communiste mais y milite de manière plus irrégulière, n’étant pas homme à se laisser imposer sa façon de penser. Il quitte le parti communiste, définitivement, en        1956,   après l’intervention soviétique en Hongrie et se rapproche du gaullisme. Il est conseiller municipal UNR (Union pour la Nouvelle République, gaulliste) de Nîmes en 1959, approuvant la politique de De Gaulle en matière de décolonisation. Il n’approuve pas le choix de son frère dans les années 1961-1962 ce qui lui vaut d’être la cible d’un attentat attribué à l’OAS. 

Cependant, en mai 1962, Georges Salan témoigne   au        procès de        son      frère, témoignage très fort qui marque le cours du procès.  

Par la suite Georges Salan se consacre au mouvement espérantiste en adhérant en 1973   à          l’Association             universelle d’espéranto. En 1978, il devient président du groupe espérantiste de Nîmes, passe divers diplômes d’espéranto et participe à plusieurs congrès en France et en Europe. Il traduit en espéranto « La Terre » de Zola, « La mort est mon métier » de Robert

Merle, « Le zéro et l’infini » de Koestler.

Il meurt le 5 février 1981 à Albi.

 Depuis le 11 mai 1984, une rue de Nîmes porte son nom.

Georges Salan était commandeur de la Légion d’honneur et l’auteur de plusieurs ouvrages dont :

  • Fièvre ondulante et tuberculose, Imprimerie A. Larguier, Nîmes, 1931
  • Prisons de France et bagnes allemands, Imprimerie L’Ouvrière, Nîmes, 1946
  • Trente-trois ans de Centrale : 1938-1970, Les Presses contemporaines, 1971

Extraits de la sténographie complète des audiences du procès du général Salan

Nouvelles Editions Latines 1962

Extrait de la plaidoirie de Me Tixier-Vignancour

les amis de raoul salan le bulletin

In memoriam

Commandant Louis Martin Vladimir Volkoff

Nos adhérents ont publié

Le Général Salan et la cuvette de Dien Bien Phu (1/2) par Jacques Vallete Biographie / Georges Salan

In memoriam

Malheureusement, cette rubrique ne reste pas vierge ; nous déplorons la disparition du Commandant Louis Martin, connu de tous sous le nom de Loulou Martin, une figure absolument extra-ordinaire.

Le chef de bataillon Louis Martin est décédé dans la nuit du lundi 19 au vendredi 20 septembre 2005 à l’hôpital Cimiez de Nice à l’âge de 81 ans. Ses obsèques ont été célébrées à l’église Saint Jean-Baptiste de Nice le jeudi 22 septembre à 15 heures. Les honneurs militaires lui ont été rendus à l’issue de la cérémonie religieuse. L’inhumation a suivi une cérémonie en la basilique de Guingamp, samedi 24 septembre.  

Né en 1924 à Guingamp, Louis Pierre Martin a vingt ans et prépare HEC, camouflage de préparation à Saint-Cyr, quand il s’engage dans les Forces Françaises de l’Intérieur au maquis de Coat Mallouen. Dès la fin de la guerre, il intègre l’Ecole Militaire Interarmes  (Promotion Garde au          

Drapeau). Il choisit la Légion étrangère et débarque en        Le capitaine Louis Martin 1948 à Saïgon avec la 13ème DBLE. 

En opération en Cochinchine, il ne tarde pas à récolter une citation à l’ordre de la division. Il est affecté au 3ème bataillon étranger de parachutistes à Sétif en octobre 1950 avant de retrouver l’Indochine, comme commandant de compagnie au 1er B.E.P. Il s’y distingue dans tous les combats menés dans le pays Thaï. Voilà ce qu’en dit Pierre Sergent dans son ouvrage « Je ne regrette rien » publié chez Fayard en 1972 : « Loulou Martin était une figure du B.E.P. Il allait devenir une figure de Dien Bien Phu. (…) Sa compagnie – il la commanda pour la première fois le 30 avril 1949 et fera au total quatre ans et demi de commandement de compagnie au feu – devait porter le surnom charmant, mais qui en disait long, de « bande à Loulou ». Ce « chef de bande » était le plus délicieux des hommes. Chose invraisemblable chez les légionnaires, ils lui obéissaient avant tout pour lui faire plaisir! Sa gentillesse était extrême, son humanité certaine, sa bonté évidente.

 De plus, il était toujours gai, toujours drôle. Il aimait danser, il aimait rire. Parachevant ses dons d’animateur : sa simplicité. Dans cette unité d’hommes superbes et le montrant, il était d’une modestie exemplaire. Très simple, il n’en remontait à personne. Et tout cela était inscrit Blessé par des éclats d’obus, il est capturé par les Viets à Dien Bien Phu. Libéré, il est muté au 1er REP en Algérie et participe à toutes les opérations du régiment, en particulier, celles de l’Est Constantinois. En 1959, il est au cabinet du général André Zeller, chef d’état-major de l’armée. Il est promu au grade de commandeur de la Légion d’honneur, à l’âge de 35 ans. Muté en France en janvier 1961, il quitte l’armée en 1963. 

Conseiller militaire en Arabie Séoudite de 1964 à 1968, il part au Gabon et y crée la garde présidentielle gabonaise dont il est le chef de 1977 à 1999, ce qui assurera au président

Bongo une longévité inégalée en Afrique noire.

     Le général Zeller remet la cravate              de  commandeur de la Légion            d’honneur au  capitaine Martin

En juillet 2005, Louis Pierre Martin avait reçu des mains du commandant Henry-Jean Loustau les insignes de grand officier de la Légion d’honneur, 46 ans après sa promotion au grade de commandeur.

Il était titulaire de la croix de guerre 1939-1945, de la croix de guerre des TOE et de la croix de la valeur militaire.

Il a récolté 14 citations en 18 ans de service : un vrai héros nous a quittés.

Jean-Paul Angelelli nous a fait parvenir le texte suivant en hommage à Vladimir Volkoff

Vladimir Volkoff (1932-2005)

Décédé d’un infarctus la 14 septembre 2005, Vladimir Volkoff a été un grand écrivain, d’origine russe, « aux convictions réactionnaires » (Le Monde dixit !) qui a publié de nombreux livres dans des genres très divers.

Mais pour nous, il est le jeune homme qui s’engagea pour cinq ans pendant la guerre d’Algérie où il servit dans les SAS et dans le Renseignement. Ce qui a inspiré son cycle des « Humeurs de la mer », un roman « Opération Barbarie » (Les Editions des Syrtes) qu’il considérait comme un « roman de jeunesse trop influencé par Faulkner » (1) mais qui comportait une postface où il prenait nettement la défense des « interrogatoires musclés » et, toujours sur le même sujet, il avait terminé un livre « Le Tortionnaire » qui paraîtra début 2006. Il ne faisait pas partie de notre association mais nous tenons à saluer et sa personnalité et son œuvre. Qui, sur le plan civique et historique (notamment son combat contre le communisme, le mondialisme, la désinformation), rejoint nos valeurs et nos combats.

(1) Extrait d’une lettre que Volkoff nous avait envoyée à la suite d’un article (paru dans Rivarol) où j’avais émis de courtoises réserves sur « Opération Barbarie ».

Nos adhérents ont publié

Michel Delenclos quitte la France pour Oran en 1949, accompagnant son père militaire de carrière. Son baccalauréat en poche, maître d’internat, il devient enseignant dans la région d’Orléansville. Volontaire pour les postes déshérités, il enseigne dans le primaire et connaît sur le terrain les drames de la fin de l’Algérie française. 

Son ouvrage, original, recense sous forme d’un dictionnaire, 1210 sigles utilisés entre 1954 et 1962 et développe, pour chacun, une rubrique de quelques lignes à plusieurs pages. Indispensable pour celui qui veut comprendre, vérifier et recouper ses informations sur cette période où l’histoire s’est accélérée.

                  2003, Editions Esprit Livres  53170 La Cropte    253p.  22€

L’ADIMAD vient de publier un dossier élaboré par son président, J.F. Collin, consacré au lieutenant Roger Degueldre en forme de mise au point définitive sur les calomnies distillées par les ennemis de toujours de l’Algérie Française qui veulent faire croire que Roger Degueldre a été membre de la Division SS Wallonie avant de s’engager dans la Légion étrangère (voir numéro 4 de notre bulletin). S’appuyant sur des documents d’archives originaux et inédits, la démonstration est sans appel. Le Monde, qui a donné le dernier mot à Jean-Philippe Ould Aoudia sur cette question, est pris, une fois de plus en flagrant délit de mensonge. Un document que chacun d’entre nous doit posséder.

ADIMAD, 68 traverse des Loubes, 83400 Hyères  0494575291  

                                                                             3€ franco de port    Commandes en nombre possible

Saint-Cyrien, Michel Alibert a été, aux côtés du colonel Château-Jobert, dans l’OAS du Constantinois. Il a choisi de s’exprimer par le roman. Celui-ci est son quatrième ouvrage, après « Ballade pour un soldat perdu », « L’escadron » et « Lumière d’Afrique ». 

La musique, Mozart et son sublime Requiem, le temps présent et le temps passé – l’Algérie n’est jamais loin – qui s’entremêlent, l’enfance et la vie d’homme, sont les thèmes de ce livre où des éléments autobiographiques surgissent et qui, sous couvert de légèreté et aussi d’humour, traite de la vie et de la mort avec élégance. 

1995, Editions Lettres du Monde, 142 faubourg Saint Antoine, 75012  Paris

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                       173p. 18€

Le général Salan et la cuvette de Dien Bien Phu (1/2)    

Jacques Valette 

Depuis 1954, il est devenu courant de charger le général Salan de la responsabilité, au moins indirecte, de la défaite de Dien Bien Phu. C’est oublier que le général n’a pas été associé à la décision d’organiser un camp retranché en cet endroit, qu’il avait quitté l’Indochine en mai 1953. Il n’eut à traiter de l’emploi de ce site dans le cadre de sa stratégie en 1952-53 qu’en fonction d’un contexte de guerre précis.

1) Le problème de Dien Bien Phu en 1952-53                                                                                          

la forêt : le Nam Ou (affluent du Mékong à Louang Prabang), le Song Ma, le Song Co. Dien Bien Phu, arrosé par deux de ces cours d’eau, le Le Ministre Letourneau et le général Salan à Dien Bien Phu    Mars 1952 ( ?)

A la fin d’octobre 1952, le Viet Minh avait envahi le pays Thaï, et les postes français tombaient les uns après les autres. Le général Salan, exploitant des renseignements de contact, estima que l’ennemi allait tenter d’atteindre le Mékong par le Haut Laos.

Il était en train de pénétrer un territoire stratégiquement important : territoire compris entre la frontière birmane au nord-ouest, la région du Tran Ninh et de Sam Neua au sud, la vallée du Fleuve Rouge à l’est et le Mékong à l’ouest. Trois vallées pouvaient lui servir d’axe de marche, malgré les difficultés du relief et de

Nam Ou et le Song Ma, était donc la porte du Laos et de l’accès au Mékong.

Le 23 novembre 1952, alors que la menace est encore lointaine, Salan précise à l’attention du colonel Sizaire, commandant les forces du Laos: (1)  

  • Il faut y  maintenir une garnison réduite venue du Laos, en deux rotations de Dakotas civils, le volume des renforts dépendant «  de la physionomie de la situation réelle, telle que vous l’apprécierez ». Mais ce n’est qu’une base « coupée de nos bases opérationnelles en Haute région ». Son plan est centré « sur Lai Chau et Na San où se concrétise notre volonté de nous maintenir en pays Thaï ». 
  • Il pense ne défendre Dien Bien Phu que parce que ce lieu « commande la principale voie d’accès aux reconnaissances ennemies ». Et « en cas de forte poussée adverse », on pourrait y « gêner et retarder l’irruption éventuelle du Viet Minh au Nord Laos ». Il exclut l’idée d’une grande bataille :

      « Compte tenu des difficultés de tous ordres que rencontrerait l’entretien d’une bataille             dans cette région, il y a lieu, en tout état de cause, de n’engager que les moyens        nécessaires à ces missions et d’éviter tout encerclement ». Le lendemain, il précise son intention au colonel Sizaire : (2)

  • Le Viet Minh « rassemble ses forces autour de Na San où se livrera la bataille dont l’issue est essentielle pour notre maintien en Pays Thaï » afin d’y éviter « tout encerclement en vue d’une poussée de force ». Mais Lai Chau et le reste du Pays Thaï

sont aussi à préserver pour y fixer « des forces ennemies, ainsi détournées de Na San ». Le groupe du colonel Lajoix forme « un système défensif capable de s’opposer à un raid ennemi ».

  • Mais il précise : « Le souci d’éviter la destruction de nos forces, dans l’éventualité d’une menace sérieuse, me conduit à envisager le repli rapide de cet ensemble sur le Laos ». Il ajoute même que « si les circonstances le permettent, il n’est pas exclu que le mouvement s’exerce sur Dien Bien Phu par le col des Partisans et la piste Pavie ».
  • Il prescrit donc au colonel Sizaire « de préparer la récupération au Laos des forces du pays Thaï noir », en équipant la piste et la voie d’eau. Il remet l’organisation de la défense au GCMA (Groupement de Commandos Mixtes Aéroportés) et aux postes d’autodéfense, avec constitution de dépôts de ravitaillement, « installations de station radio », etc. Ce sera l’opération « Météore ».    

Malheureusement, le 2 décembre, la garnison de Dien Bien Phu a disparu. Les informations n’arrivèrent que lentement. 

  • Le 1er décembre, le poste avait signalé que les « éléments amis (étaient) au contact ».                          
  • Le 2 décembre : « Echec reconnaissance aérienne matinée 1er décembre par GATAC Nord – reconnaissance dans l’après-midi signale piste Dien Bien Phu vide et intacte – éléments 5ème BCL pas repérés, pas de contact radio ». « Une section de Muong Khoua fait mouvement sur Ban Loeb, 25 kilomètres au sudouest de Dien Bien Phu, pour rechercher renseignements et recueillir éléments amis. Emissaires envoyés sur toutes pistes région Muong Khoi et Dien Bien Phu. »
  • Le 3 décembre : « Contact radio pris avec éléments deux compagnies 5ème BCL début après-midi est suspendu à 17 heures – Dien Bien Phu aurait été attaqué le 30 novembre après-midi. Eléments Viet Minh ont tendu embuscade sur chemin repli entre Dien Bien Phu et col Tay Chang – chef de bataillon Sicard gravement blessé – Recherche  position et importance éléments repliés – Reconnaissance le 2 décembre par ( ?, blanc radio) – Norduya ( ?) mis à notre disposition signale que Dien Bien Phu paraît vide – Aucun élément ami repéré entre Dien Bien Phu et col Tay Chang. »
  • Le 4 décembre : « Eléments 5ème BCL, représentant valeur deux sections, ont rejoint Mung Nao et Muong Khoua. Deux tiers 13ème compagnie se trouvent à la frontière 50 km Est Muong Khoua, en liaison radio avec Vientiane. Pas d’autre renseignement sur 5ème BCL sauf que le chef de bataillon Sicard a été mortellement blessé au cours repli avant passage col Tay Chang ». « Tous éléments récupérés seront regroupés Muong Khoua et Muong Ngoi, pour poursuivre mission s’opposer poussée adverse en direction Louang Prabang, 5ème BCL sera recomplété et ranimé. »
  • Le 7 décembre, des rescapés arrivés à Vientiane, font un récit plus nourri : le repli a commencé, dans la nuit du 30 novembre, « des éléments de couverture » et d’une « compagnie du 5ème BCL installée à 12 kilomètres de Dien Bien Phu ». Le 1er décembre, alors qu’un poste extérieur est attaqué « par 720 VM environ après préparation mortiers », les « partisans, après avoir épuisé munitions, se sont repliés à 19 heures vers l’ouest ». Jusqu’au 24 décembre, des rescapés vont réussir à atteindre un poste tenu par les Français.

2) Les tentatives pour reprendre Dien Bien Phu     

Salan ne renonça jamais à reprendre ce poste. En témoignent les instructions remises, le 30 décembre 1952, au général de Linarès, commandant les forces terrestres du Nord Vietnam :

(3). « La province de Dien Bien Phu représente pour le Viet Minh une base opérationnelle essentielle, au même titre que Na San et Lai Chau dans notre propre système.  Les rebelles (….) sont en mesure de faire (indéchiffrable) sur le pays une bataille régulière et d’y organiser des unités

                                                                                                                                      régionales. »

Tout confirme la « volonté du Commandement Viet Minh de conserver Dien Bien Phu ». Il s’y est donné une forte position militaire : il a coupé le pays Thaï en deux, il rayonne librement à partir de la base vers le Laos par la piste Pavie et les cours d’eau (Nam Ou, Song Ma, Nam Het). Les unités ennemies sont maintenant à cheval sur la frontière entre le pays Thaï et le Laos. Il pourrit le pays par ses relations avec les « formations rebelles » à Sop Sang, avec un bataillon de réguliers sur le Song Ma. Enfin, la population Thaï de la région de Sop Co est complice.

Pour Salan, la réoccupation de Dien Bien Phu marquera « la première étape de la reprise en main du Pays Thaï et de l’élimination du Viet Minh à l’ouest de la Rivière Noire ».

  • Il fait donc préparer une opération, pour le 10 janvier 1953. Y participeront les spécialistes de la contre-guérilla : le groupement du GCMA commandé par le lieutenant Castagnani, des compagnies supplétives Thaï de Laichau, des partisans laotiens. Le GCMA préparera le terrain, le 5ème BCL fermera les accès sud-ouest de la cuvette de Dien Bien Phu, le bataillon Thaï s’installera à Dien Bien Phu pour faire « le nettoyage ». Il prévoit même qu’un bataillon parachutiste attendra à Hanoï. 

Au milieu de décembre 1952, l’Etat-Major des Forces du Nord Vietnam (commandées par Linarès) étudie le plan du général Salan. (4) « Notre  réinstallation à Dien Bien Phu constitue l’objectif à envisager dès que possible ». Mais cette opération demandait des « effectifs importants » note-t-il.

  • En effet, il prévoit une « action préliminaire du GCMA » et des « partisans de Deo Van Lam », à partir de Laichau. Puis une opération aéroportée pour nettoyer la cuvette et rétablir les autorités du Pays Thaï. Le responsable, le commandant de la zone opérationnelle du Pays Thaï Blanc, devra « rétablir les communications entre Laichau et Dien Bien Phu par la piste Pavie ».
  • Une opération, à partir de Na San, devrait couper les communications par la piste du Viet Minh . L’objectif en est de « soulager la province de Sam Neua » soumise à la pression du Viet Minh.
  • Enfin, il demande un nouveau raid, en janvier, à partir du delta, combiné avec une action aéroportée. Est visée la zone des dépôts du Viet Minh en bordure de ses axes de communication, en deux zones repérées où stationnent d’importants effectifs Viet Minh.

Dans le delta sud, une opération va y fixer les divisions 304 et 320. Une colonne de partisans, conduite par le lieutenant Castagnani, du GCMA, mènera son action dans la région de Dien Bien Phu.

Le général de Linarès, au Tonkin, estime pouvoir réoccuper Dien Bien Phu « aux environs du 10 janvier (1953) ». Pour y réussir, il demande « un potentiel aérien », mais « en l’état actuel de nos ressources », il faudrait le « distraire de l’entretien des groupes opérationnels du Pays Thaï ». Il parle aussi de renforts, mais qui lui seraient retirés si le Viet Minh lançait « une nouvelle campagne » « sur la Rivière Claire ». Il manque de renseignements valables sur les effectifs ennemis dans la région de Dien Bien Phu. Il avance surtout deux arguments sérieux : (4)   

  • Reprendre Dien Bien Phu, c’est rétablir une « autorité politique sur le Pays Thaï. Mais laquelle ?, car l’ancien Chin Mong ne s’est-il pas déconsidéré »?  Il parle de « chercher une autre personnalité » que Deo Van Long. 
  • Il ne croit pas que le GCMA soit efficace. Il fournit des « éléments d’appréciation » mais il n’atteint pas des résultats immédiats ». A ces groupes, il faut « laisser le temps minimum pour créer leurs bases, préparer des champs de bataille et analyser une situation politique dont nous ne savons rien ».                                                                                         

Ainsi, le problème de Dien Bien Phu est cause d’un désaccord entre Salan et un de ses grands subordonnés, qui s’en tient à un scénario classique : une opération aéroportée conjuguée avec une offensive au sud du delta et un raid sur les dépôts de l’adversaire. Cela entraîne une correspondance entre les deux hommes, Salan s’en tenant à l’opération prévue, jugée « essentielle ».

« Nous devons empêcher le Viet Minh de contaminer le Pays Thaï et de s’organiser aux frontières du Laos. Dien Bien Phu est une base rebelle importante qu’il est souhaitable

d’éliminer aussi rapidement que possible.»

Les généraux de Linarès et Salan Mai 1953

3) Le système défensif  

Le 22 janvier 1953, Salan transmet des directives plus précises encore. (5)

Il parle de détruire les unités du Viet Minh ou de les obliger à abandonner le terrain. Un dispositif complexe est ainsi défini :

  • un système défensif couvrant le nord-ouest avec trois bases aéroterrestres – Na San, Laichau , Dien Bien Phu – équipées d’une piste pour avion et participant à une défense rapprochée. Elles serviront d’appuis à des batailles d’intervention. Les unités de supplétifs et les formations d’autodéfense agiront à l’intérieur du triangle ainsi défini.
  • Au sud-est, on mettra en place un dispositif relié aux forces du Laos par la vallée du Song Ma. Dans le nord du Laos, de petites bases freineront la poussée adverse : Sam Neua, Xieng Khouang, Nam Bac, Phong Saly, Mung Sa.
  • Quant au GCMA, il continuera d’agir dans la montagne, entre la Rivière Noire et le Fleuve Rouge. Des bataillons Thaï pourront exploiter ses renseignements.

Une série de petites opérations le long des axes de communication avaient été étudiées. Le 23 janvier, le général Salan précisa encore sa manœuvre : le général de Linarès porterait l’essentiel de l’effort sur le Nord Laos, en s’appuyant sur le système des bases aéroterrestres du Pays Thaï. Cela entraînera une « modification de l’implantation actuelle des organes de combat et des unités ». (6) 

Le général Salan en arrive à concevoir une dynamique de l’offensive mieux adaptée au contexte : En s’appuyant sur des bases, établir des « couloirs » pour rendre sûrs « les grands axes routiers » et mener une « action quotidienne d’éléments légers installés le long de nos itinéraires ou à proximité ». Un bataillon d’intervention, dégagé des « missions statiques » sera disponible pour des opérations, en « opérant dans les zones d’insécurité à partir desquelles l’ennemi pourrait menacer nos communications ».

Le dispositif sera complété par une « vigilance » sur la frontière chinoise où la « présence de bandes » ne sera plus tolérée. Surtout, on cherchera la « valorisation de l’Armée nationale laotienne » en lui confiant des missions de sécurité statique. Quant à Dien Bien Phu, son contrôle était « laissé à la charge du GCMA, opérant aux ordres direct du général commandant les FTNV (Forces Terrestres du Nord Vietnam). (7)  

Le général Salan tenait ainsi compte des informations apportées par le décryptage des messages du Viet Minh.

En janvier 1953, le plan Viet Minh était simple : « dans le cas où les forces françaises comprendraient trois bataillons, il faut se rassembler rapidement pour chercher à anéantir le principal élément français, le PC, l’élément arrière ». En attendant, on « continue à instruire les troupes régionales ainsi que les troupes populaires et les guérilleros ».

Au 12 janvier, les ordres sont plus clairs : « chercher à construire des bases populaires », c’est-à-dire gagner des groupes Thaï politiquement, mais surtout « déclencher de petites activités suivant les voies de communication pour bloquer et encercler les Français ».  

Il ne fut donc jamais question d’établir un énorme camp retranché, absorbant tous les moyens disponibles, mais seulement de ne pas renoncer à contrôler une voie d’entrée vers le Haut Laos soit directement, soit indirectement, par les maquis du GCMA. Cette solution tenait compte des moyens limités du commandant en chef comme des nécessités de maintenir une présence anti-Viet Minh en pays Thaï ;

Enfin, maintenir des maquis du GCMA autour de la cuvette de Dien Bien Phu, toujours aux mains du Viet Minh, c’était préparer l’avenir en intégrant cette action dans une stratégie plus vaste : le système des Centres de résistance au Laos, les bases aéroterrestres de Na San, Luang Prabang, Vientiane…                               

(à suivre)

Notes

  • –  Général en chef,  Directive n°5 pour le colonel commandant les FTL, 
    • novembre 1952, SHAT 10 H 5641
  • –   Général en chef, IPS pour le colonel commandant les FTL,
    • novembre 1952, SHAT  10 H 5641
  • –   Commandant en chef, Directive n°4, 30 décembre 1953, Papiers Salan
  • –   Colonel Sizaire, FTL à Salan, cité par Linarès dans sa lettre à Salan,

           26 octobre 1952, Papiers Salan

  • –   Salan,  Directive n° 42, 23 janvier 1953,  Papiers Salan
  • –   Salan,  Directive n° 45, 23 janvier 1953,  Papiers Salan
  • –   Salan, IPS pour le colonel commandant les FTL,  15 mars 1953 

Georges Salan

Georges Salan est né le 15 novembre 1901 à Roquecourbe, deux ans et demi après son frère Raoul. Son père, Louis Salan, âgé alors de 32 ans, deviendra par la suite directeur des octrois de Nîmes où les deux frères feront leurs études. Leur sœur mourra en 1919 de la grippe espagnole. Georges Salan dira, parlant de son milieu familial : «Nous sommes d’une famille modeste. Nous n’en rougissons pas. La République a fait de nous ce que nous sommes. Nous lui devons beaucoup. C’est pourquoi nous sommes et resterons républicains».Lors de son service militaire, en 1923, il est gravement blessé à la colonne vertébrale, ce qui lui vaut une immobilisation de deux ans  en  position  allongée à  Montpellier où  il suit  ses études de médecine. En 1925, il adhère à l’association espérantiste SAT (Association Espérantiste Anationaliste) et également au Parti Communiste. Résidant à Nîmes, il y fait partie de la Fédération des espérantistes prolétariens où se retrouvent les espérantistes communistes. 

En 1927, Georges Salan fait partie d’une délégation espérantiste européenne qui se rend à Moscou pour le 10ème anniversaire de la Révolution d’Octobre. De retour en France, il milite, à la fois, à la Fédération espérantiste nîmoise, au PC et au Secours rouge international. Un temps interne des hôpitaux de Hyères, il ouvre un cabinet à Nîmes, près de la Maison Carrée. Il se marie avec Sophie Knauer, d’origine roumaine dont il aura deux filles. La SAT ayant rompu avec Moscou, Georges Salan devient gérant de Proleta Esperantisto (L’Espérantiste prolétarien), imprimé à Nîmes, qui suit la ligne communiste.

En 1935, il démissionne du PC pour protester contre la signature par Laval et Staline, le 2 mai 1935 du pacte d’assistance mutuelle entre la France  et l’Union Soviétique. 

Médecin généraliste jusque là, il devient médecin pénitentiaire à la Maison d’arrêt de Nîmes, expérience dont il tirera un ouvrage en 1971. 

En décembre 1940, il est révoqué de cette fonction en raison de ses activités révolutionnaires passées. Entré tôt dans la résistance, il organise les corps francs de Combat dans le Gard dès 1941. Responsable de l’Armée Secrète à Nîmes en 1942, puis dans le Gard, il plonge dans la clandestinité en 1943 et prend la présidence du directoire départemental des Mouvements Unis de la Résistance (M.U.R.) après l’intégration en son sein de Combat.

Le 7 février 1944, il est arrêté par la Milice, emprisonné à Lyon, Vichy, Marseille et Compiègne             avant             d’être déporté           à Neuengamme et Buchenwald. Libéré par les troupes soviétiques en mai 1945, ayant regagné la France, Georges Salan est président du comité départemental de libération       du        Gard.             Sur      proposition d’Emmanuel d’Astier de la Vigerie, il est délégué        à          l’Assemblée             consultative provisoire. Entre temps, il a de nouveau adhéré au parti communiste mais y milite de manière plus irrégulière, n’étant pas homme à se laisser imposer sa façon de penser. Il quitte le parti communiste, définitivement, en        1956,   après l’intervention soviétique en Hongrie et se rapproche du gaullisme. Il est conseiller municipal UNR (Union pour la Nouvelle République, gaulliste) de Nîmes en 1959, approuvant la politique de De Gaulle en matière de décolonisation. Il n’approuve pas le choix de son frère dans les années 1961-1962 ce qui lui vaut d’être la cible d’un attentat attribué à l’OAS. 

Cependant, en mai 1962, Georges Salan témoigne   au        procès de        son      frère, témoignage très fort qui marque le cours du procès.  

Par la suite Georges Salan se consacre au mouvement espérantiste en adhérant en 1973   à          l’Association             universelle d’espéranto. En 1978, il devient président du groupe espérantiste de Nîmes, passe divers diplômes d’espéranto et participe à plusieurs congrès en France et en Europe. Il traduit en espéranto « La Terre » de Zola, « La mort est mon métier » de Robert

Merle, « Le zéro et l’infini » de Koestler.

Il meurt le 5 février 1981 à Albi.

 Depuis le 11 mai 1984, une rue de Nîmes porte son nom.

Georges Salan était commandeur de la Légion d’honneur et l’auteur de plusieurs ouvrages dont :

  • Fièvre ondulante et tuberculose, Imprimerie A. Larguier, Nîmes, 1931
  • Prisons de France et bagnes allemands, Imprimerie L’Ouvrière, Nîmes, 1946
  • Trente-trois ans de Centrale : 1938-1970, Les Presses contemporaines, 1971

Extraits de la sténographie complète des audiences du procès du général Salan

Nouvelles Editions Latines 1962

Extrait de la plaidoirie de Me Tixier-Vignancour

Les commentaires sont clos.