Bulletin 5
Bernard Bôle de Chaumont François Rioual
Nos adhérents ont publié
Algérie : année 1955 (suite)
Document / Lettre inédite du Général Zeller Biographie / Le Général André Zeller
In memoriam
Deux de nos adhérents les plus représentatifs des combats menés en Indochine et en Algérie sous la direction du général Salan nous ont quittés récemment : Bernard Bôle du Chaumont et François
Rioual ; nous les associons dans un même hommage.
Bernard Bôle du Chaumont est né le 11 mai 1924 dans le Doubs ; il est aux Chantiers de Jeunesse pendant la deuxième guerre mondiale et, au maquis, membre des Forces Françaises de l’Intérieur où il termine la guerre comme aspirant. En juillet 1945, il est à l’EMIA, à Coëtquidan, de la promotion « Victoire ». Sous-lieutenant, il est en 1946 à l’Ecole d’Application de l’Infanterie installée tout récemment à Auvours puis, en 1947, au CITCM à Fréjus. Il rejoint Hanoï en février 1948 et est affecté dans la zone Nord Ouest à Son La. Promu lieutenant le 10 juin 1949, il est officier de renseignement du 3ème Bataillon Thaï où il surveille la frontière de Chine. De retour en métropole en juin 1950, il retourne en Indochine dès août 1951 avec le 5ème Bataillon Colonial de Commandos Parachutistes et combat très durement en Annam et au Tonkin et, à la tête d’un commando du GCMA, il mène des actions sur les arrières des Viets. Il revient en France à la fin de 1953 avant de débarquer à Alger le 6 novembre 1954, affecté au 8ème Régiment de Parachutistes Coloniaux. Il est promu capitaine en octobre 1955 et fait un séjour en métropole avant de rejoindre, en décembre 1958, le 6ème Régiment Parachutiste d’Infanterie de Marine et d’y commander la 4ème compagnie. Il y combat Amirouche qui y laissera la vie. Affecté en Centre Afrique en février 1960, il est rapatrié en mars 1963 et fait valoir ses droits à la retraite. Dans la réserve, il atteint en 1977 le grade de colonel. Une deuxième carrière s’ouvre à lui dans l’Industrie, chez Citroën. Très actif dans les associations, il est délégué général de la DRAC qu’il redynamise en lui donnant une mission de Défense et Renouveau de l’Action Civique. Membre de l’ASAF (Association de Soutien à l’Armée Française) et secrétaire de la promotion « Victoire » il est administrateur des « Amis de Raoul Salan » auxquels il apporte beaucoup.
Il décède le 25 avril 2005. Bernard Bôle du Chaumont était commandeur de la Légion d’Honneur et titulaire de huit citations. Le général Delaunay a prononcé son éloge lors de la cérémonie du 29 avril en la chapelle de l’Ecole Militaire. (Nous le remercions de nous avoir transmis le texte de son allocution et les éléments biographiques essentiels).
François Rioual, né le 24 février 1923, entre à Saint-Cyr, replié à Aix en Provence, en octobre 1942, promotion « Croix de Provence ». L’invasion de la zone libre en novembre 1942 le voit repartir en Bretagne où il sert dans les réseaux Jade, Ajax et Marco-Kleber. Il termine la guerre avec la médaille de la Résistance et deux citations. Il sort souslieutenant de Cherchell et est affecté au 3ème Spahis avant de servir au 11ème Choc, puis de partir, début 1951, au Tonkin pour former la compagnie indochinoise parachutiste du 8ème Bataillon Colonial de Commandos Parachutistes. Au moment de la bataille de Nghia-Lo, il saute sur Gia-Hoi et livre une série de combats victorieux. En janvier 1952, il participe à la bataille de Hoa Binh qui lui vaut une citation supplémentaire, à l’ordre de l’armée. De 1955 à 1957, il sert en Maurétanie lors d’opérations – peu connues – qui se déroulent aux confins du Maroc et du Sahara espagnol. En 1958, au 3ème RPIMa, il est adjoint opérationnel avant de rejoindre, en 1960, l’Etat-Major du Corps d’Armée d’Alger, à la section des Problèmes Humains (ancien 5ème Bureau). Chef de bataillon le 1er avril 1961, il se rallie, le 22 avril 1961, au général Challe venu, avec ses compagnons, tenter d’arrêter le processus catastrophique lancé par De Gaulle. Arrêté, détenu au Fort de l’Est puis à Fresnes, il comparaît les 12 et 13 septembre devant le Tribunal Militaire Spécial créé par décret pour juger les résistants de l’Algérie Française. Il y fait une déclaration très remarquée, revendiquant toutes ses responsabilités et expliquant son engagement par l’impossibilité qu’il a à ériger le mensonge en doctrine d’action (ce qui était la pratique du gouvernement de l’époque). Il est condamné à deux ans de prison avec sursis et quitte donc l’armée. Dans la carrière civile qui suivit, il est, durant dixsept ans, secrétaire de la Chambre syndicale du Bâtiment, tout en oeuvrant à l’ADIMAD pour la défense des intérêts matériels et moraux des anciens résistants de l’Algérie Française. François Rioual, huit fois cité, venait d’être promu commandeur de la Légion d’honneur par décret du 13 mai 2005. (Nous remercions le commandant Oudinot de nous avoir transmis le texte de l’allocution d’hommage qu’il a prononcée lors de la cérémonie des obsèques du commandant Rioual).
Nos adhérents ont publié
Bernard Billaud, conseiller maître à la Cour des Comptes, a été, de 1976 à 1984, l’un des plus proches conseillers de Jacques Chirac à Matignon puis à la Mairie de Paris, en particulier pour les relations avec le monde catholique. Peu à peu, Bernard Billaud se rend compte « qu’il s’est mis au service non d’un homme politique réel, mais d’un Chirac imaginaire ».
Au-delà de sa cordialité et de son dynamisme, Jacques Chirac n’a pas de convictions. Dès lors, tout s’explique de ses retournements, en particulier dans le domaine des questions éthiques (avortement). Cet ouvrage, passionnant pour l’histoire de notre temps, est finalement, sous une forme apparemment lisse, un terrible réquisitoire.
Bernard Billaud, né en 1942, après l’ENA, a été auditeur à la Cour des Comptes, conseiller à l’Ambassade de France près le Saint-Siège, avant d’être appelé comme conseiller puis directeur de cabinet de Jacques Chirac.
Il est président des Amis de Georges Bidault et membre des Amis de Raoul Salan Editions de Fallois 537 pages 22€
La peinture orientaliste recouvre des œuvres d’inspirations très variées, depuis le genre « harem » jusqu’aux paysages du sud desquels la lumière fait ressortir l’infinie variété des ocres. Elisabeth Cazenave, qui a déjà publié de merveilleux ouvrages sur les peintres de la villa Abd-el-Tif, sur Marius de Buzon, Maurice Bouviolle, Albert Marquet et ses amis en Algérie ainsi qu’un dictionnaire des Artistes de l’Algérie, a fait un travail exhaustif de recensement de 1700 œuvres – ayant l’Afrique du Nord comme sujet – conservées dans 170 musées de province. Plus de 300 reproductions en couleurs illustrent cet ouvrage exceptionnel qui présente tous les genres possibles : portraits privés ou officiels, paysages maritimes ou du sud, scènes de rues ou d’intérieurs, etc. Cet ouvrage de 224 pages, édité par l’association Abd-el-Tif, est disponible au siège de l’association au 16 rue de la Bienfaisance, 75008 Paris, au prix de 50 €
Roger Holeindre vient de publier un ouvrage sur une guerre à laquelle il a participé : il fit trois séjours en Indochine entre 1947 et 1956. Le titre, à lui seul, donne le ton de ce livre de combat. Le sommaire le confirme : -notre guerre de huit ans
-la trahison du parti communiste
-les chefs français
-les chefs Viêt Minhs
-l’indifférence et l’abandon de la métropole
-la propagande viêt
-le retour des prisonniers
-la fuite des catholiques du Tonkin
-la fin d’un empire
Cet ouvrage de grand format, comportant de nombreux documents et photographies,est disponible aux éditions d’Héligoland, BP 2, 27290 Pont-Authou
Algérie : année 1955 (suite)
Dans le numéro précédent, la première partie de l’étude rédigée par le colonel Schoen, relative au constat que l’on pouvait faire à la fin de 1955, a été présentée. Cette étude se poursuit avec un jugement sur la situation et une recherche de solutions. C’est cette partie qui figure ci-après.
Alger Oran Constantine
Gravité de la situation
Du point de vue militaire, malgré certains succès locaux de notre côté et malgré les pertes que nous avons causées à l’adversaire, la situation s’est sensiblement aggravée depuis trois mois. L’état de choses dans l’Ouest Oranais est angoissant. Dans le Nord Constantinois, certains indices laissent présager une action d’ensemble de l’adversaire, peut-être analogue à celle du 20 août 1955.
D’un peu partout, on signale que les travailleurs en France seraient rappelés par « L’Armée de Libération » pour participer prochainement à une offensive de printemps (1).
Le terrorisme a sensiblement doublé depuis six mois.
Quant à la situation politique, elle est catastrophique : aucun Musulman n’ose plus se prononcer ouvertement en notre faveur.
Une solution à la tunisienne ou à la marocaine semble difficile à envisager. Nous n’avons pas ici de Sultan sur qui nous appuyer. Nous n’avons pas en face de nous de parti organisé comme l’Istiklal, avec lequel nous puissions négocier, mais un mouvement prolétarien divisé en factions rivales et dont nous connaissons mal les chefs. Enfin, si nous songions à reconnaître un Etat algérien totalement ou partiellement indépendant, la présence ici d’un million d’Européens, dont de nombreux « petits blancs » poserait, pour leur protection ou leur repli, des problèmes beaucoup plus ardus que les 400.000 Européens du Maroc, pour la plupart riches ou aisés.
Pour conclure, notre organisation serait à repenser entièrement. Le formalisme, la lourdeur de nos Services, le manque de spécialistes à tous les échelons, l’inadaptation de nos lois, le manque de liaison entre autorités civiles, militaires, juridiques, rend notre système lent et inefficace à un point qu’il est difficile d’imaginer. Nous nous trouvons dans la situation tragique de voyageurs qui, surpris en auto dans un passage dangereux, et soumis au feu de l’ennemi, devraient pouvoir accélérer pour s’en sortir rapidement, mais découvrent au même moment que leur moteur bafouille et que de nombreuses pièces seraient à y remplacer.
(1) Les chiffres semblent rassurants : les retours ont été moins nombreux en janvier qu’au cours des années précédentes. Mais les chiffres peuvent dissimuler la réalité ; il se peut que la même raison (perspective d’une offensive de printemps), qui fait revenir les « durs » décidés à prendre les armes, maintienne en France les « mous » qui veulent rester en dehors de la bagarre, ou même décide au départ ceux qui songent avant tout à leur sécurité.
Quelques-uns prononcent pour cette offensive la date du 28 février, premier jour du printemps de l’année agricole arabe. Cette date semble a priori trop rapprochée, étant données les conditions atmosphériques. Il faudrait plutôt s’attendre à quelque chose en mars ou avril.
Le bruit court que les trois grands chefs du FLN seraient actuellement en Algérie (Ben Bella dans l’Aurès, Boudiaf en Oranie, Mahsas en Oranie). Il s’agit de simples rumeurs, mais qui montrent qu’on s’attend, dans les milieux musulmans, à une prochaine offensive des rebelles.
Ce n’est pas à dire que tout soit perdu. Des facteurs favorables subsistent. Nos troupes, là où elles ont pu être maintenues un certain temps, commencent à s’adapter. Dans certaines régions, les officiers des Affaires Indigènes ou des Affaires Algériennes commencent à obtenir quelques résultats. La majorité de la population est lasse et ne demanderait qu’à revenir à nous si elle nous sentait forts et décidés. Saurons-nous très vite consentir l’effort militaire, financier et moral nécessaire en renonçant enfin aux méthodes qui nous ont conduit où nous en sommes ? Tout est là.
Recherche des solutions
Beaucoup de gens cherchent à nous enfermer dans le dilemme : solution de force ou négociations. Examinons successivement ces deux orientations.
Recherche d’une solution de force
Il nous faudrait, très vite, des effectifs beaucoup plus nombreux (400.000 hommes au moins, nous serions plutôt tentés de dire 500.000), des troupes plus rustiques, un commandement plus homogène (1) avec aussi l’état de siège (qui permettrait de légaliser les internements et de censurer la presse) et même, si possible, des cours martiales (à réintroduire dans notre code). Il nous faudrait renoncer à certaines méthodes administratives inadéquates, à certaines règles juridiques. Nous respectons (dans une large mesure) nos lois, alors que nos adversaires n’ont aucun scrupule de ce genre. C’est pour nous un handicap énorme. N’est-il pas invraisemblable, par exemple, que notre presse apporte chaque jour (inconsciemment le plus souvent) son appui à nos adversaires, au moins par la publicité qu’elle leur fait ? Par l’étendue des zones contaminées, par l’importance des effectifs mis en jeu de notre côté, par l’acharnement de nos adversaires, il s’agit bel et bien d’une guerre. La poursuite d’une guerre est incompatible avec le fonctionnement normal des institutions démocratiques. Il faudrait ouvrir les yeux devant cette réalité.
Pas question pour cela de répression aveugle : il est permis de penser au contraire que des troupes surabondantes seraient moins nerveuses, qu’un commandement plus efficace serait mieux capable de prévenir les erreurs ou les excès des exécutants, que l’existence de cours martiales entraînerait moins d’exécutions sommaires.
Négociations ?
Il est à craindre que cette voie soit « à sens unique » et que nos derniers amis, quand ils sauront que nous négocions, ne se découragent et ne s’orientent, s’il en est encore temps pour eux, vers nos adversaires.
Il paraît difficile de négocier avec les élus actuels : les pouvoirs des députés algériens sont périmés ; la plupart des délégués se sont ralliés au « groupe des 61 » qui a refusé d’examiner le « Plan Soustelle » ; certains ont démissionné (2). D’éventuelles élections, dans le climat actuel, sont impossibles à concevoir : il faudrait un courage surhumain aux modérés pour se présenter car ils risqueraient d’être abattus.
- La superposition des autorités civiles et militaires est source de fâcheuses lenteurs et complications. Par exemple, la rive gauche de la Soummam, qui fait partie du département de Constantine, était, à un moment donné, rattachée militairement à Tizi-Ouzou. La chaîne hiérarchique était la suivante : Gouvernement Général – Préfet de Constantine – Préfet chef de l’arrondissement de Tizi-Ouzou – Général commandant la division opérationnelle à Tizi-Ouzou – chefs d’unités.
- 31 délégués seulement du 2ème collège (sur 60) étaient présents, le 22 février (1956), au discours du ministre résidant devant l’Assemblée Algérienne.
Si l’on songeait à négocier avec les rebelles (FLN ou MNA), il serait prudent en tout cas, pour commencer, de ne tâter le terrain qu’avec le maximum de secret, par des personnes interposées que l’on pourrait désavouer. Au surplus, serait-on même décidé à transiger qu’il faudrait néanmoins renforcer au maximum notre dispositif militaire, pour négocier, dans toute la mesure du possible « du fort au faible ».
Combinaison de l’action politique et de l’action militaire
C’était la formule réaliste de Lyautey et ce doit être la nôtre. Il convient donc, à notre avis, que « la France se batte en Algérie » (comme l’a dit M. Guy Mollet), avec une volonté et des moyens largement accrus, mais que, simultanément, nous menions une action politique :
- auprès de nos amis hésitants, par des contacts incessants et un soutien plus large ;
- auprès des nationalistes modérés, par des échanges de vue et des réformes ;
- auprès des rebelles, au moyen de sondages discrets par personnes interposées ;
- auprès de tous par une véritable action psychologique, qui devrait commencer par la diffusion du recueil illustré de nos « Directives Politiques » (cela réduirait à néant bien des légendes sur notre prétendu machiavélisme) et continuer par la création d’une presse d’union franco-musulmane (dans les deux langues) ;
- auprès de la masse, par des mesures efficaces pour améliorer son sort, et en premier lieu par une lutte active contre le chômage (qui est la plus grave plaie de ce pays).
Il serait vain d’attendre un appui efficace des modérés (dont la plupart ont montré leur lâcheté), des marabouts (inorganisés), etc. Tous ces personnages sont dépassés.
Des ulémas, et de l’U.D.M.A., nous ne pouvons espérer, dans les meilleures conditions, et par de larges réformes, qu’une hostilité atténuée et, en cas d’éventuelles négociations, leurs « bons offices » comme tiers modérateurs.
Alors, que reste-t-il ? Il reste toute la jeunesse (54% de la population de ce pays a moins de 20 ans), qui dans sa majeure partie, si elle penche vers la rébellion, n’y a néanmoins pas encore adhéré, et pourrait sans doute être ramenée à nous si nous lui « rendions l’espérance » selon la belle parole de M. Lacoste.
Les jeunes sans emploi (18 à 25 ans) sont des dizaines de mille. Ce sont eux qui constituent le réservoir de l’armée rebelle. Il faudrait les utiliser à des travaux faciles en douars (pistes, points d’eau, salles de visites, écoles rustiques, etc.) et, simultanément, leur faire de « l’éducation de base ». Il y aurait là une sorte de « Service du travail » à organiser, ou des « Unités de pionniers ».
Par cette formule ou par toute autre à déterminer (plusieurs pourraient d’ailleurs être mises en œuvre concurremment), il est en tout cas nécessaire de prendre en mains la jeunesse, car c’est en elle qu’est l’avenir. Nos adversaires l’ont compris.
De nombreuses bonnes volontés se trouveront certainement, tant en Algérie qu’en France, dans l’armée et chez les civils, pour participer à cette œuvre de salut. De jeunes métropolitains du contingent, une fois formés militairement en France, et sélectionnés, pourraient participer à l’encadrement des jeunes musulmans, ce qui se rencontrerait heureusement avec l’idée récemment lancée par M. Max Lejeune de faire passer douze mois en Algérie à tout le contingent métropolitain.
Lettre inédite du général Zeller
Certains ont cru pouvoir opposer des hommes qui, dans notre combat en Algérie, tout en poursuivant le même but, ont suivi des chemins différents. Des divergences de vue profondes ont certes pu exister entre des personnalités impliquées dans la défense de l’Algérie française. Le document qui suit montre que ce n’était vraiment pas le cas entre le général Zeller et le général Salan. Cette lettre a été écrite, depuis la prison de Tulle, par le général Zeller au président Bornet, président du Haut Tribunal Militaire qui, du 15 au 23 mai 1962, jugeait le général Salan. La perspective d’une peine de mort était intensément présente.
Le général Zeller à Tulle lors de la visite de son épouse accompagnée de l’un de ses gendres.
André Zeller
Né le 1er janvier 1898 à Besançon, André Zeller entre en classe préparatoire au concours de l’Ecole Polytechnique quand la guerre est déclarée. Il s’engage en mai 1915, pour la durée du conflit, au 59ème régiment d’artillerie. Il participe aux combats de Verdun, de la Somme, à l’offensive des Flandres, à la deuxième bataille de la Marne et à l’offensive finale de l’été 1918. Il termine la guerre comme lieutenant commandant une batterie. Renonçant à Polytechnique, il reste dans l’armée et part en novembre 1920 pour la Syrie. Il participe au début de l’année 1921 au siège et à la prise aux Turcs d’Aïntab, au nord d’Alep. Dans la suite de l ‘année 1921, il mène diverses opérations le long de l’Euphrate. Promu au grade de capitaine en 1928, il est admis à l’école supérieure de guerre en 1931. Il sert à l’état-major du 19ème corps à Alger en 1935. Commandant en 1938, il est chef de la mission française des transports en Belgique auprès du roi des Belges. Il est à Bruges le 27 mai 1940, au moment de la reddition de l’armée belge. Il embarque le 29 mai 1940 sur un chasseur de sous-marins français à La Panne, entre Dunkerque et Nieuport. Après un bref séjour à Londres et revenu en France, il est nommé « régulateur général » de la VIIème armée (général Frère) au début de juin. Muté sur sa demande en Afrique du Nord, il arrive à Alger le 26 septembre 1940 comme « Directeur militaire des transports ».
Promu lieutenant-colonel en août 1942, il devient chef d’état-major du général Mast, commandant la division d’Alger, quelques jours avant le débarquement des alliés en Afrique du Nord. Chef de l’état-major de la Division de marche d’Alger, il participe à la campagne de Tunisie de novembre 1942 à mai 1943. De décembre 1943 à juillet 1944, il est sous-chef d’étatmajor du Corps
Expéditionnaire Français en Italie commandé par le général Juin.
- mai 1944 Château de Sessa Aurunca Colonel Zeller Général de Gaulle
Le 16 août 1944, à l’état-major du général de Lattre, commandant de l’armée B, il débarque sur les côtes de Provence et prend peu après le commandement de l’artillerie de la 3ème D.I.A. puis de la 1ère D.B. avec laquelle il mène les combats des Vosges, participe à la « course au Rhin » et à la réduction, au début de 1945, de la poche de Colmar.
Directeur de l’Artillerie et commandant en second l’école de guerre, il est promu général de brigade en1946, puis nommé inspecteur de l’artillerie. Général de division en 1950, commandant la 3ème région militaire à Rennes de 1951 à 1955, il est appelé au poste de chef d’état-major de l’armée par le général Koenig, ministre de la défense et des forces armées, en 1955, et prend rang de général de corps d’armée. Il démissionne de son poste en février 1956 pour protester contre une diminution d’effectifs en Algérie décidée par le gouvernement. Le 19 décembre 1957, il est nommé général d’armée dans la 2ème section de l’état-major général. Réintégré dans la 1ère section le 1er juillet 1958, après le retour au pouvoir du général de Gaulle, il reprend ses fonctions de chef d’état-major de l’armée qu’il conserve jusqu’au 1er octobre 1959.
- septembre 1959 à Alger : dépôt d’une gerbe
« A tous ceux qui sont morts pour l’Algérie Française »
A cette date, il passe définitivement en deuxième section. Il participe au coup d’état d’Alger du 21 au 25 avril 1961 avec les généraux Challe et Jouhaud, bientôt rejoints par le général Salan. Caché un moment à Alger après son échec, destitué, il se rend le 6 mai 1961 au général de Belenet, à Alger, est incarcéré à la prison de la Santé. Il est condamné, comme le général Challe, à 15 ans de détention criminelle et à la privation de ses droits civiques par le Haut tribunal militaire.
Fin septembre 1959 Cour des Invalides Les généraux Salan, Koenig, Zeller et Lavaud
Incarcéré à la maison de détention de Clairvaux puis à celle de Tulle, il est libéré en juillet 1966 et amnistié en 1968.
Grand officier de la légion d’honneur, croix de guerre 14-18, croix de guerre des T.O.E., croix de guerre 39-45, croix de la valeur militaire, titulaire de dix citations et de nombreuses décorations étrangères, André Zeller est l’auteur de plusieurs ouvrages :
- Dialogues avec un lieutenant Editions Plon 1971 – Dialogues avec un colonel Editions Plon 1972
- Dialogues avec un général Editions des Presses de la Cité 1974
- Les hommes de la Commune Librairie Académique Perrin 1969 – Soldats perdus Librairie Académique Perrin 1977
André Zeller est mort le 18 septembre 1979 à Paris