BULLETIN 45 – 1ER SEMESTRE 2018
SOMMAIRE :
- Le mot du Président
- Nos actions en 2018
- Le Général Salan reçoit la Médaille Militaire
- Salan raconté par Jean Lartéguy dans le Figaro Magazine du 7 Juillet 1984
- La conduite héroïque du bataillon Salan en 1940
- Parution du « Qui suis-je » « Bastien Thiry » : par Oliver SERS
- DVD « Dans la tête des 4 généraux »
Le mot du Président
Chers adhérents, chers amis,
L’année 2018 a vu notre Association s’adapter à une communication de notre temps.
La mise en place de communications régulières via internet pour ceux pourvus d’adresses e-mails nous a
permis de vous transmettre les publications nécessaires au fil des mois ; c’est l’action d’Henri Baclet,
secrétaire général.
De plus, l’ouverture d’une page Facebook a ouvert un champ plus large de lecteurs de nos publications :
Gautier Delort, nouvel administrateur de l’ARS en est l’animateur.
Enfin, la boutique ARS sur eBay donne des résultats étonnants, en particulier pour la vente du DVD « Dans
la tête des 4 généraux ».
Une seule ombre à ce tableau : cela concerne nos adhérents qui ne sont pas équipés d’ordinateur. Le seul
lien entre eux et l’ARS reste le bulletin « papier ». Nous nous devons de le maintenir avec une publication
semestrielle.
Le présent numéro, le n° 45 vous parvient avec quelques semaines de retard : je vous prie de bien vouloir
nous en excuser. Au moment où les attaques contre l’armée française et contre la présence de la France en Algérie, nous devons rester mobilisés pour témoigner de la réalité des évènements de cette époque
douloureuse pour tous.
Très amicalement et merci pour votre fidélité à la mémoire du Général Raoul Salan !
Semper fidelis
Hervé Pignel-Dupont
Président ARS
Nos actions en 2018
- Le 3 Mars 2018 : cérémonie sur la tombe du Lieutenant Degueldre à Versailles
- Le 3 mars dernier, après l’arrivée de Philippe Bésineau en France, nous avons réalisé une
- commémoration au cimetière de Versailles sur la tombe de son père Roger Degueldre. Cette
- commémoration était empreinte d’émotions, de recueillement et de chaleur.
- Georges Belmonte qui pilote l’opération « un coeur pour Philippe », représentait le Cercle
- algérianiste. Il était accompagné de nos amis Régis Guillem de l’ADIMAD, Hervé Pignel-Dupont
- des Amis de Raoul Salan, et de Roger Saboureau de Secours de France.
- Alain Bourdon et José Castano, cheville ouvrière du retour en France de Philippe étaient excusés.
- Nous avons eu aussi le plaisir de rassembler les familles des fusillés, à l’exception de celle de
- Piegts dont nous recherchons les coordonnées. Se sont joints également d’anciens Delta et
- membres du 1er REP.
- Enfin, Philippe a pu rendre hommage à toute sa famille et à celles de ses compagnons
- d’infortune, résistants de l’Algérie Française.
- Il a partagé ses moments intenses avec son frère Jean-France Baeskens, fils d’un premier
- mariage de Roger. La première rencontre a eu lieu chez Madame Denise Durand-Ruel, sa
- seconde mère comme l’appelle Philippe. Hervé Pignel-Dupont a retrouvé l’existence de
- Jean-France Baeskens en début 2018 et après contact, ce qui a permis aux deux frères de se
- retrouver.
- L’heure est maintenant aux examens médicaux.
- Chers amis, vous qui avez contribué à cette opération soyez patient. Philippe viendra à votre
- rencontre.
- Ci-dessous, les 2 frères se recueillent sur la tombe de leur père.
- Le 24 Mars 2018, Assemblée Générale de l’ARS à Paris : ordre du jour
– Accueil par le Président
– Rapport administratif par le Secrétaire Général
– Rapport financier et quitus pour la gestion
– Rapport moral par le Président
– Renouvellement du Conseil d’Administration et nomination de 2 nouveaux administrateurs
au Bureau.
– Voyage de Gautier Delort au Laos sur les traces de son arrière-grand-père
– Voyage de Keo en France et sa rencontre avec Victor Salan : une photo souvenir ci-dessous !
- Le 26 Mars 2018 à St Seurin sur l’Isle organisée par le Commandant Berthomé, Maire de la Commune.
Une journée d’hommage en collaboration avec l’ADIMAD est organisée chaque année par le Commandant Berthomé autour des stèles du Général Raoul Salan et de l’ADIMAD, implantées sur la place portant le nom du Général.
Comme chaque année, Victor Salan et le président de l’ARS, Hervé Pignel-Dupont étaient présents.
Les 2 stèles
Victor Salan, Hervé Pignel-Dupont et Marcel Berthomé, de gauche à droite.
- Le 5 Avril 2018 : soirée des donateurs du SHD
Le SHD, Service Historique de la Défense, a organisé une « Soirée des donateurs » à laquelle ont participé Hervé Pignel-Dupont, Jeanne-Marie Borloo-Bazin, Gautier Delort, sa compagne, Henri Baclet et 2 adhérents, en remerciement du don des archives du Général : Hervé avait étudié quel serait le meilleur organisme susceptible de recueillir les 40 cantines militaires des archives du Général : en accord avec Victor et Dominique Salan, ces archives, « archives privées », ont été données au SHD, choisi pour son professionnalisme et son sérieux, : il en a fait l’inventaire pendant un an, mis en ligne en Août 2018.
Les archives seront consultables, sous contrôle de l’ARS pendant 10 ans, par demande informatisée : elles seront ensuite en accès libre : voir ci-dessous.
- Le 9 Juin 2018 : cérémonie à Vichy organisée par Louis de Condé, administrateur ARS
« Cette journée s’est déroulée comme prévu et annoncé dans mon courrier du 13 mai dernier.
La messe dans la Chapelle du Sacré-Cœur de Vichy a réuni une cinquantaine d’assistants. L’émouvante et longue homélie du prêtre qui célébrait la messe, a été consacrée en particulier au procès et à la condamnation : ainsi Salan, grâce au talent de ses avocats, et aux très nombreux témoignages en sa faveur, a échappé de très peu à la mort, sauvant, aussi, de ce fait la tête du Général Jouhaud qui venait d’être condamné à la peine suprême.
Au cimetière, nous étions environ 60. Le drapeau du Cercle National des Combattants a été porté par un jeune garçon de 12 ans, fils d’un parachutiste présent et petit-fils d’un colonel en retraite également présent, qui s’est placé au chevet de la tombe. Sur les côtés, 4 légionnaires en tenue dont 2 anciens de Kolwezi et 6 parachutistes également en tenue, dont le Colonel en retraite Alain de Lajudie, ancien Président national de l’ACUF, et Pierre Maillet, un des rares rescapés de la bataille de Dien-Bien-Phu, Médaillé Militaire et Chevalier de la Légion d’Honneur.
Après la bénédiction de la tombe, et le dépôt des 3 gerbes, William Bénéjean, ancien Président national de l’ANFANOMA, prit la parole pour retracer, comme chaque année depuis 1984, la vie héroïque du Général Salan, « soldat de la grande guerre », officier général le plus décoré de France et ses 42 ans au service de sa Patrie sous l’uniforme, puis la trahison de l’homme qui osa dire : « je vous ai compris ».
Lui succéda Hervé Pignel-Dupont, président de l’ARS, qui insista particulièrement sur la période indochinoise de notre chef. Son allocution sera reproduite dans le prochain bulletin de l’ARS.
Après eux, alors que tous les journaux ne cessent de débattre sur mai 68, j’évoquais plutôt ce que fut le formidable élan du 13 mai 58 à Alger, et tel qu’il fut vécu par les métropolitains à Paris dont j’étais. Puis le 15 mai, l’appel lancé par Salan, au grand homme, qui devait trahir celui qui le portait au pouvoir et avec lui toute la population d’Algérie.
J’ai relaté ce dialogue prémonitoire entre le Maréchal de Lattre et son fidèle adjoint Salan, qui doit lui succéder comme Commandant en chef en Indochine. Pour la première fois, de Lattre tutoie Salan et lui dit : « Salan, tu dois gagner cette guerre, car si nous perdons l’Indochine, nous perdrons l’Empire, et puis le Maroc, et puis la Tunisie, … et puis l’Algérie… et même la France… ». J’ai aussi cité le Maréchal Juin : l’abandon de l’Algérie, « C’est un péché mortel de la France », et Georges Bidault, dans son ouvrage, « D’une résistance à l’autre » : il s’adresse aux Français qui ont voté oui à l’abandon lors du dernier référendum : « Vous n’avez pas voulu l’Algérie française, vous aurez la France algérienne ! ».
J’ai regretté aussi l’absence des représentants des supplétifs, Harkis et Moghaznis, car ils sont eux aussi « Français à part entière », mais ont souffert beaucoup plus que nous. C’est notre devoir impératif de les associer à nos cérémonies.
J’ai demandé aux anciens de transmettre à leurs enfants et petits-enfants, l’histoire de cette période tragique, si nous voulons que vive la France éternelle. J’ai terminé par la lecture de mon poème, « La ballade de ceux qui n’oublient pas », écrit à Fresnes dans la cellule des condamnés à mort (je n’étais condamné qu’à perpétuité) où m’avaient précédé le Lieutenant Degueldre d’abord, en 1962, puis, en 1963, le Colonel Bastien-Thiry…
Chacun des participants avait reçu en copie le texte du Chant des Africains ; un jeune membre de la chorale de « la Joyeuse Garde » donna le ton ; ce furent alors 60 fidèles qui chantèrent à pleins poumons, ce chant, victorieux en 1944, séditieux dans les années terribles, mais qui sert maintenant de ralliement aux patriotes. Jamais sans doute, dans le cimetière de Vichy, un chant n’avait retenti avec tant de vigueur.
Après le dépôt des 2 gerbes (ARS et ADIMAD) sur la tombe du Lieutenant Axel Gavaldon, j’ai évoqué la figure de ce jeune résistant oranais, élève-officier de réserve à Cherchell, puis officier au 1er REP. Mort à l’âge de 27 ans, il fut tué à Sidi-Bel-Abbès par une balle française, victime, parmi tant d’autres, de la guerre civile qui ensanglanta notre province.
L’excellent repas chinois chez notre camarade légionnaire Richard Zhou réunit 40 convives dans une ambiance chaleureuse et rendue joyeuse par les chants patriotiques et militaires.
Ne nous contentons pas de ce demi-succès. L’an prochain, il nous faut être deux fois plus nombreux, pour honorer ce grand soldat et pour qu’un jour, nous puissions inaugurer une avenue du Général Salan à Vichy. »
Louis de CONDÉ
Administrateur ARS
- Le 6 Juillet 2018 : messe pour le Lieutenant Roger Degueldre à l’Abbaye du Barroux
En ce vendredi 6 Juillet 2018, date anniversaire de l’exécution du Lieutenant Roger Degueldre, les adhérents et sympathisants de l’ARS avaient été conviés par le Président Hervé Pignel-Dupont à la Messe célébrée pour le Lieutenant, au Monastère du Barroux (Vaucluse).
Notre appel largement relayé grâce à la page Facebook « Les Amis de Raoul Salan » nous a permis de nous retrouver à plus de cinquante en communion avec les moines et, bien sûr, dans le souvenir de Delta.
A l’issue, Robert d’Aigremont, adhérent de Secours de France, nous a accueillis au Château du Barroux pour le pot de l’Amitié, ce qui a permis d’échanger nos souvenirs sur Delta et il convient de l’en remercier.
Nous avons noté la présence de Madame Marie-Claude Bompard, maire de Bollène, de Jean-François Colin et de son épouse.
- Le 28 Août 2018 : cérémonie au Carrefour Salan, à Toulon, organisée par l’ADIMAD.
Par un temps radieux, la cérémonie organisée par l’ADIMAD a eu lieu, le 28 Août dernier, en présence d’une cinquantaine de personnes et de douze porte-drapeaux.
Le Président de l’ARS, Hervé PIGNEL-DUPONT a déposé une gerbe au nom de l’Association.
Ainsi, hommage fut rendu au Général Raoul Salan et à son glorieux 6ème Régiment de Tirailleurs Sénégalais, qui ont libéré la ville de Toulon.
Le Général Salan reçoit la Médaille Militaire
Extrait WIKIPEDIA :
Récipiendaires à titre exceptionnel
Officiers généraux
Elle a aussi été concédée à titre exceptionnel aux maréchaux de France et aux généraux, grands-croix de la Légion d’honneur, qui ont exercé en temps de guerre un commandement en chef devant l’ennemi tel les généraux Nivelle, Debeney, Dufieux, ou Monclar, les maréchaux Joffre, Foch, Lyautey ou Pétain, qui quand il était le chef de l’État français ne portera que cette seule décoration. L’amiral Henri Rieunier, grand-croix de la Légion d’honneur, ministre de la Marine et député fut décoré pour services éminents rendus à la Défense nationale.
À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, seuls les généraux de Lattre de Tassigny, Juin, Leclerc, Monsabert, Giraud et Béthouart la reçoivent tandis que le général de Gaulle la refuse9.
Le général de Gaulle, Président du Conseil, confère la Médaille Militaire au général Raoul Salan le 12 juillet 1958 ; le lendemain, le 13 juillet, cette exceptionnelle décoration pour un officier général lui est par un grand mutilé d’Indochine, membre de l’ACUF.
Car, en effet, de Gaulle n’a pas souhaité lui remettre lui-même la Médaille Militaire : la présence à Paris du Général pour le défilé du 14 Juillet 1958 aurait pu en être l’occasion.
Les évènements du 13 Mai 1958 à Alger ne datent que de 2 mois…
Salan raconté par Jean Lartéguy dans le Figaro Magazine du 7 Juillet 1984
Le Général Raoul Salan s’éteint le 3 juillet 1984.
Dans le Figaro Magazine du 7 juillet 1984, Jean Lartéguy souhaite témoigner : voici les morceaux choisis de son article :D’abord soldat, donc acteur ; puis journaliste, donc témoin : Jean Lartéguy a vécu toute l’agonie de notre empire colonial, dont le général Salan fut le plus farouche défenseur. Voici, racontée par l’auteur des « Centurions », l’histoire du chef des « réprouvés ».
« Je me souviens, c’était le 15 mai à Alger, par un magnifique soleil de printemps. […] Salan a le visage pâle, impassible d’un grand mandarin d’Asie qui ne sait pas encore s’il marche au supplice ou s’il va connaître le triomphe ; un beau visage de marbre sous le képi aux 5 étoiles.
Deux jours plus tôt, en fin de journée, le 13 mai ; la foule avait pris le Gouvernement général et Salan accompagné de deux aides de camp, par un souterrain qui le reliait à l’hôtel de la Xème région, avait pu gagner le G.G. de ce même balcon, il avait tenté de s’adresser à la foule. Il avait crié : « Je suis ici pour vous protéger avec l’armée ; écoutez-moi, reprenez votre calme… »
Il s’était fait insulter : « Bradeur d’empire… Dien Bien Phu…» et quelques épithètes encore plus malsonnantes qui l’avaient obligé à se retirer.
Il n’avait pas bronché, lui pour qui la perte de l’Indochine avait été un déchirement et qui, connaissant mieux que quiconque Giap et Hô Chi-minh avait tout tenté pour empêcher son successeur Navarre de se lancer dans cette folle entreprise. »[…]
« On lui tend un haut-parleur et il commence : « Algérois, Algéroises, mes amis. Tout d’abord sachez que je suis avec vous puisque mon fils est enterré au cimetière du Clos Salembier. Je ne saurais jamais l’oublier puisqu’il représente cette terre qui est la vôtre… »[…]
Salan triche mais à l’orientale, sans mentir vraiment. Son fils Hugues n’avait qu’un an quand il est décédé. Mais sur ce Forum surchauffé, passionné qui baigne dans le tricolore et l’héroïsme, on ne demande qu’à croire que Hugues est tombé les armes à la main dans quelque djebel.[…]
Je suis là, noyé dans cette foule. Un officier parachutiste de mes amis m’envoie une bourrade :
« On vient de réussir deux exploits aujourd’hui, me dit-il : faire acclamer le Chinois par un peuple qui, hier, le maudissait et l’obliger à crier « Vive de Gaulle », alors qu’il le hait. » Joe Alsop, le célèbre journaliste américain hausse les épaules et lui lance : »Froggies, you have your king » (« grenouilles vous l’avez, votre roi »). Et il s’en va désabusé devant la naïveté de ce jeune faiseur de roi qui découvre après les camps vietminhs, le pouvoir grisant de la propagande sur une foule en quête d’un sauveur.[…]
Quand de Lattre avait pris son commandement, il avait exigé qu’on lui donne pour adjoint son contraire, « ce devin immatériel à la voix blanche » qui avait séduit Hô Chi-minh, Raoul Salan.[…]
Comment ce soldat prudent, avisé, trop prudent, trop habile, disaient certains, lui qui n’avait jamais connu les défaites, rarement de grandes victoires, souvent des succès mais discrets, comment ce général comblé d’honneurs, qui collectionnait les médailles comme les mandarins de Chine, les titres et les distinctions, fut-il amené à devenir, lui, le beau Républicain, un factieux. Lui qui aimait tout le faste discret et les bonnes tables, un fugitif, un clandestin traqué par toutes les polices ? […]
A Muong-Sing, il apprend le laotien, explore le cours du Mékong, rédige un manuel pour enseigner le lao aux minoritaires. Toujours par monts et par vaux, il établit des cartes, noue des amitiés ; tantôt civil, tantôt militaire, reçu par les princes, les rois, les mendiants aux mains agiles qu’il utilise pour certaines besognes. Délégué administratif, il trace des routes qui ont toutes un intérêt stratégique. […]
A la demande du général Leclerc, il l’accompagne en Indochine. Parmi les initiés tous savent qu’il est l’un des meilleurs spécialistes de l’Asie. Impassible et souriant, supportant les pires avanies, il mène avec les Chinois de Tchang Kaï-chek de difficiles négociations et, à force de persuasion et d’or dispersé à bon escient, il obtient leur départ.
Pris entre le général Leclerc et l’amiral Thierry d’Argenlieu, il a choisi Leclerc parce qu’il estime que le fougueux cavalier a raison contre l’ancien carme, qui, malgré son esprit tortueux, ne comprend rien à l’Asie. Il écrira plus tard dans ses Mémoires (« Fin d’un empire »aux Presses de la Cité) : « Si Leclerc avait été le seul responsable de l’Indochine pendant cette période de 1945-1946, nous sauvions l’Indochine sous une forme différente de celle du passé, mais nous la sauvions. »
Charles de Gaulle, particulièrement mal renseigné sur cette région, avait préféré l’amiral à Leclerc. Salan découvre Hô Chi-minh dont il a lu tous les écrits, dont il a suivi la carrière mouvementée sous plusieurs identités, Giap avec il discute de Clausewitz. Il estime que la seule façon de sauver l’Indochine, de conserver l’influence française est de lui accorder l’indépendance ou du moins d’en prononcer le mot Doc-Lap qui a un effet magique.[…]
Il participer à la conférence de Dalat qui ne donne rien, à celle de Fontainebleau qui n’a pas de meilleurs résultats. Il promène Hô Chi-minh dans les châteaux de la Loire, philosophe avec lui, s’imprègne de cette personnalité fascinante de chef révolutionnaire qui a passé le plus clair de sa vie dans la clandestinité. La fascination est réciproque.[…]
Commandant en chef en Indochine, Salan réussira à Na San, là où Navarre échouera à Dien Bien Phu. Brisant les divisions de Giap mais évacuant aussitôt la position. A la différence de Navarre qui n’y croyait pas, il avait été aidé, renseigné par les maquis Méos, Thaï… et ses mystérieuses antennes. […]
Le « Chinois » a trouvé plus machiavélique que lui, ce qui n’empêche pas de Gaulle de porter sur Salan ce jugement et de l’exécuter : « Salan est de par son caractère très au fait des troupes et des services et, en vertu de son expérience aussi bien que de ses goûts, fort à son aise dans ce complexe de renseignements exploités et interprétés, d’intelligences entretenues chez les adversaires, d’entreprises feintes pour les tromper, de pièges tendus à leurs chefs , qui enveloppe traditionnellement les expéditions coloniales. En somme, son personnage, capable, habile, et par certains côtés séduisants, comporte quelque chose d’ondoyant et d’énigmatique qui me semble assez mal cadré avec ce qu’une grand et droite responsabilité exige de certitude et de rectitude. »[…]
Emprisonné à Tulle, Salan en sortira six ans plus tard gracié. Courtois et lointain, il se taira, retrouvant cette sagesse, ce désintérêt pour l’éphémère que lui avait enseigné Bouddha. Il écrira des Mémoires où il cherchera à se justifier…d’avoir été trompé par plus fort, plus subtile que lui. Mais il n’osera pas avouer que la seule faute qu’il commit fut d’avoir succombé un certain 15 mai sur le Forum d’Alger à la tentation d’être aimé et à la séduction des causes perdues.
Jean LARTEGUY
DISCOURS PRONONCE PAR HERVE PIGNEL-DUPONT SUR LA TOMBE DU GENERAL SALAN A VICHY, LE 9 JUIN 2018
« En ce jour d’hommage au Général Raoul Salan, il faut remercier Monsieur le Président de l’ANFANOMA William BENEJEAN et Louis de Condé, administrateur des Amis de Raoul Salan, délégué régional de l ‘ARS et de l’ADIMAD de nous permettre de continuer à honorer la vie et la personnalité hors du commun du Général Salan.
Votre présence nombreuse en est la garantie et justifie nos actions de mémoire : nous vous en remercions !
Les attaques incessantes sur la colonisation et ses acteurs sont exprimés par certains qui méconnaissent, assurément, la vie glorieuse de Raoul Salan.
Notre meilleure réponse est la diffusion, toujours et encore, de l’histoire des événements et les personnages qui la font.
Le Général Raoul Salan a été, bien sûr, de ceux-là : originaire d’un village près de Castres, né dans une famille modeste, travailleur, boursier il peut poursuivre ses études jusqu’ à Saint-Cyr; son frère Georges devint médecin.
En août 1918, il sort de St Cyr pour finir la guerre, choisi l’infanterie coloniale et commande au feu, à 19 ans, sa section.
Puis ce fut, le Liban et la Syrie, et il développa son goût pour le renseignement.
Il surmonta une très grave blessure qui aurait pu interrompre sa carrière militaire.
Et ce fut son premier départ pour l‘Indochine en 1924. Il n’en revint que 13 ans plus tard, en 1937.
Raoul Salan devint, à ce moment, un vrai spécialiste de l’Indochine, du Tonkin et du Laos : il se passionne pour cette culture asiatique si particulière, ses populations, et en apprend la langue.
Victor Salan naît au Laos en 1932 et revint en France avec son Père, à l’âge de 5 ans.
Ce très long séjour va renforcer son expérience de bâtisseur, d’administrateur, et de soldat : un vrai officier de la Coloniale !
Puis, ce fut la 2 ° Guerre mondiale.
Le Général de Lattre de Tassigny, futur Maréchal de France repéra, en Corse, ce jeune Colonel de Tirailleurs Sénégalais.
Raoul Salan libéra Toulon et la vallée du Rhône. De Lattre en fit un Général a à peine 45 ans.
La guerre finie en Europe, il fallait libérer l’Indochine occupée par les Japonais : de Gaulle désigna le Général Leclerc pour cette mission ; il ne l’accepta qu’à condition que Raoul Salan fût son adjoint : celui-ci devenait, ainsi, la référence pour l’Indochine.
Après la capitulation des Japonais, Leclerc et Raoul Salan préconisent à de Gaulle une négociation politique avec Ho Chi Minh : de Gaulle s’y opposa totalement et ce fut une guerre de 8 ans et Dien Bien Phu…
Quand de Lattre pris le commandement en Indochine fin 1951, il ne l’accepta qu’à condition que Raoul Salan parte avec lui comme adjoint.
De Lattre enlevé par la maladie en 1952, Raoul Salan pris le commandement en Indochine.
Ce fut la victoire de Na San, un Dien Bien Phu réussi ! Une victoire du Général Raoul Salan.
Quand après Dien Bien Phu, le Général Ely est nommé pour appliquer les accords de Genève, il demande à Raoul Salan de l’accompagner.
Présence précieuse, car Raoul Salan va négocier directement avec Giap, en septembre 1954, la libération de plusieurs centaines de prisonniers retenus par le Viet Minh ; ils échappèrent, à une mort certaine.
Raoul Salan avait bien connu, dès 1946, Ho Chi Minh et Giap.
Puis ce fut…l’Algérie à partir de 1956.
Raoul Salan mit en place les structures et la formation à la Guerre Contre-révolutionnaire, fort de son expérience en Indochine.
Puis, ce fut 13 mai 1958 et ses suites…
Louis de Condé a évoqué, avant moi, cette période douloureuse.
Le Général Raoul Salan eut un vrai et grand parcours d’Officier Français, homme de réflexion, d’action et de courage.
Il eut, toujours, la confiance des plus grands.
Nous devons continuer à honorer la mémoire du Général Raoul Salan, et de ses hauts faits.
Ceci est notre devoir à tous et nous continuerons, ici comme ailleurs, nos Actions de Mémoire.
Je vous remercie. »
Hervé Pignel-Dupont
La conduite héroïque du bataillon Salan en 1940
Extrait de l’ouvrage « Mémorial de l’Empire à la mémoire des Troupes Coloniales » in SEQUANA Editeur Paris 1941
Le 4 juin, le 1er bataillon du 44è R.I.C.M.S (Commandant Salan) reçoit l’ordre de s’installer défensivement face à la Somme, entre le ruisseau de Laudon et Picquigny.
Le 5 juin, à 4h15, les lignes avancées de ce bataillon sont soumises à une attaque violente, appuyée d’un bombardement massif de l’artillerie, pendant que l’aviation à croix gammée s’efforce de dissocier les points d’appui. Les vagues successives de ses appareils, en formation denses, ont la maîtrise du ciel. Elles pilonnent sans relâche nos positions qui sont très durement éprouvées.
Le P.C Salan est dangereusement pris à partie. Pour inégale que soit la lutte, elle n’est pas de nature à décourager ces vaillantes troupes qui, sous l’impulsion directe de leur chef, vont, bien qu’encerclées, opposer pendant deux jours une résistance acharnée à l’ennemi. Lorsqu’elles seront à bout de cartouches, elles chargeront à la baïonnette et feront toujours preuve d’une intrépidité inébranlable. Les chars attaquent le Château du Gard, tenu par la 2è compagnie (capitaine Heurtebize), défoncent les murailles et mitraillent à bout portant les défenseurs déjà mis en mauvaise posture par les bombardements, nombreux et meurtriers, de l’aviation et de l’artillerie adverses. La section du lieutenant Serre est complètement anéantie. Les sections des lieutenants Basseterre et Porra subissent le même sort. Ces deux officiers succombent magnifiquement. La section Stolz est submergée. Les groupes de mitrailleuses du sergent-chef Oliot et du sergent Lachenal sont littéralement hachés. Le capitaine Heurtebize, autour de tous ses morts, organise la résistance avec les quelques survivants qui lui restent (une trentaine de tirailleurs). N’ayant plus de munition, il charge à la baïonnette. Il est blessé gravement au ventre et à la poitrine. Profitant de la vitesse acquise, ses hommes continueront leur course endiablée jusqu’à extermination totale.
La compagnie voisine (capitaine Blay) n’est pas plus heureuse. Installée dans le village et autour d’une ferme du Quesnoy, elle se trouve en présence d’un adversaire très mordant, disposant de moyens considérables. De vigoureuses charges à la baïonnette menées par nos braves tirailleurs le refoulent en certains points et lui font subir des pertes très sensibles. Le feu continue à faire rage jusqu’au lendemain. Trois chars ennemis flambent aux lisières même de la position. Les cadres de la compagnie tombent. Le capitaine Blay, blessé par une balle, dirige toujours l’action avec une énergie farouche. Un éclat d’obus lui sectionne la jambe. Il meurt, exhortant encore ses héros au sublime sacrifice.
Le commandant Salan décide alors de ramener autour de lui les quelques éléments de son bataillon dispersés sur un trop large front. La résistance se cristallise dans la corne du bois où des éléments de tranchée ont été creusés en forme de carré.
La défense est réduite à deux groupes de combat : quatre mitrailleuses, vingt européens, vingt indigènes. C’est tout ce qu’il reste de cette tuerie effroyable.
Le bombardement de l’artillerie et de l’aviation s’intensifie. Les munitions s’épuisent. Les mitrailleuses sont prises de plein fouet par les 77 allemands. Les sergents Canazzi et Flottes sont tués à leurs pièces qui protègent le repli sur Cavillon des survivants entraînés par le commandant Salan dans une charge héroïque, à travers les lignes ennemies.
Le 1er bataillon du 44è R.I.C.M.S accomplit stoïquement jusqu’au bout sa mission de sacrifice, faisant payer chèrement à l’ennemi le terrain qu’il occupait, restant ainsi fidèle aux vieilles traditions de la coloniale.
Parmi les 17 citations de Raoul Salan :
3) Citation à l’ordre du régiment (ordre général n°23 du 12/07/40 du général commandant l’I.D.C.5)
« A fait son devoir jusqu’au dernier jour à son poste aux armées. »
- Dernière minute : le fonds d’archives est en ligne sur le site du SHD :
Depuis le 8 Août 2018, le fonds d’archives du Général Raoul Salan est en ligne au SHD (Service Historique de la Défense à Vincennes) via internet.
Cette longue opération de transfert et d’inventaire a été décidée par la famille du Général sur les conseils du Président de l’ARS.
Désormais et pour toujours, les archives privées du Général pieusement conservées par lui-même seront à la disposition des universitaires, chercheurs et du grand public : ces éléments de vérité sur les tragédies d’Indochine et d’Algérie seront, ainsi, présents et offerts à la consultation de tous ceux qui cherchent des informations vraies.
Pour la consultation, deux liens à noter :
– La présentation des fonds privés
http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/?q=content/archives-privées
– L’inventaire du Fonds Salan
Quiconque peut avoir accès après demande préalable au SHD, et accord du Président de l’ARS.
Pour votre information, ces archives étaient contenues dans 40 cantines militaires et représentaient 40 mètres linéaires : deux illustrations, avant et après transfert, ci-dessous, après inventaire en témoignent
- La maison d’édition pour la BD a été choisie : ce sera Via Romana située à Versailles : la parution est prévue en Février 2019.
PARUTION DU « QUI SUIS-JE » « BASTIEN THIRY »
Par OLIVIER SERS
Collection « QUI-SUIS-JE » aux Editions PARDES 44 Rue Wilson 77880 GREZ SUR LOING / 12 € Franco
Une émission remarquable de Radio Courtoisie de Maître Trémolet de Villers avec Olivier Sers, parlant de son livre :
BON DE COMMANDE DU DVD « DANS LA TETE DES QUATRE GENERAUX »
Nous vous proposons d’acheter le film « Dans la tête des quatre Généraux » qui avait été diffusé sur la chaîne HISTOIRE avec la participation financière de l’ARS.
Vous pouvez passer commande à ARS par courriel à : raoulsalan.fr@gmail.com
PRIX 12 € port compris