BULLETIN 40 – 1ER SEMESTRE 2015

BULLETIN 40 – 1ER SEMESTRE 2015

SOMMAIRE :

  • Le mot du Président
  • Principales réalisations des Amis de Raoul Salan
  • Le jeune Raoul Salan au travers du Journal officiel des années 1910-1920
  • Recension d’ouvrages
  • Remise de la médaille militaire à Gérard Baudry
  • Le général Salan caporal-chef honoraire du 1er B.B.O.
  • Procès-verbaux d’interrogatoires du général Salan, fin
  • Félicitations au général Salan lors de sa nomination à Alger à la fin de 1956

Le mot du Président

Chers adhérents, chers lecteurs, chers amis,

Ce nouveau numéro du bulletin rend compte de la réunion de l’Assemblée générale qui s’est tenue le 14 avril 2015. Nous nous retrouvons toujours avec bonheur et souvent avec émotion. La situation financière de l’association est satisfaisante et permet d’envisager de nouvelles actions pour faire connaître la personnalité et la vie du Général Salan, et au-delà de lui, ce qu’étaient – et devraient encore être – les hommes d’élite de notre France.

Les chefs qui se sont élevés contre l’abandon criminel de l’Algérie aux terroristes du FLN venaient de milieux très variés, souvent modestes. Raoul Salan, fils d’un chef de poste des contributions indirectes de Nîmes , a été ainsi, à 13 ans bénéficiaire d’une bourse nationale d’essai.. C’est ce que nous apprend le Journal Officiel du 8 mars 1912. En « feuilletant » cette publication, on peut aussi suivre les pas di jeune officier, admis à St-Cyr en 1917.

Le livre de Max Schiavon, « Le Général Salan, défenseur de l’Empire » est une grande réussite. Jean-Paul Angelelli l’a lu et en rend compte dans son style toujours alerte.

Gérard Baudry nous a quittés, il y a un an. La cérémonie de remise de sa Médaille Militaire à la Prison de la Santé doit être unique dans l’histoire de cette décoration prestigieuse.

Le Général Salan portait sur la manche gauche de sa veste – ou chemise – d’uniforme, des galons de capral-chef de la Légion. Il arrivait qu’il en portât d’autres. Vous pourrez le constater « de visu ».

Le 12 novembre 1956, Raoul Salan, est nommé Commandant supérieur Interarmées en Algérie. Les félicitations écrites qu’il reçoit de tous bords, ont un goût spécial quand on les relit en regard de ce que furent les années suivantes.

Bien fidèlement

Bernard ZELLER

Principales réalisations des Amis de Raoul Salan

Le jeune Raoul Salan au travers du Journal Officiel des années 1910-1920

Recensions

Le Général Salan, défenseur de l’Empire. Un ouvrage de Max Schiavon

Spécialisé  dans  l’histoire militaire (combats et personnalités), l’auteur nous propose une biographie  du Général. Sous la forme d’un  album grand format avec textes, photos et notes. Dans l’ensemble un très bel ouvrage.

 La vie et la carrière de Raoul SALAN y sont traitées en cinq chapitres. Soit : un officier prometteur – la Seconde guerre mondiale – le Mandarin – l’Algérie – la Révolte. Max Schiavon s’appuie  sur des livres, des archives – beaucoup sur celles du général Salan qu’il a pu consulter à loisir – et des articles extraits de notre bulletin Son récit est facile à suivre grâce aux notes publiées en marge du texte.

Voici notre général, alors jeune officier, dans les dernières batailles de la guerre de 1914-18 dont le souvenir marquera ses derniers jours ; servant ensuite dans une Indochine alors « perle de nos colonies ». Mais qu’il retrouvera  après 1945  dans une guerre impitoyable contre un ennemi implacable, le Viet Minh. Il a regagné la France, avant la défaite finale (1954), pour entrer en 1938, sous Georges Mandel ministre des Colonies, au Service de Renseignement Impérial. Il se passionnera dans cette activité  qui marquera son caractère.

En 1940, il se bat courageusement puis, à Vichy, continua à servir dans le 2ème Bureau. Il n’est pas pour autant vichyste de même qu’il ne sera pas gaulliste. Il travaille à une future revanche.. Et il continue dans cette voie en Afrique Noire où il a été muté. Son itinéraire le mène ensuite en Algérie où se prépare la libération du territoire, puis dans les rangs de l’armée de Lattre.  Il débarque en Provence et y participera à tous les durs  combats de Toulon jusqu’à l’Allemagne. Son brillant  placard de décorations en témoignera.  

 En 1957 le général est nommé commandant en chef en Algérie.. Il va redresser une situation  militaire difficile et faire reculer le FLN, active la pacification mais il s’y heurte aussi à un clan politique interne qui voulut l’éliminer par l’attentat au bazooka. Le voilà affronté à une politique trouble qui lui répugnait. Mais c’est aussi lui qui sera à la tête de l’Algérie embrasée par le 13 mai. Il s’est alors rallié au général de Gaulle qu’il a secondé jusque fin 1958. Il a cru un moment à ses promesses officielles de conserver une Algérie nouvelle  mais française. Quand elles seront trahies, le général Salan  ne pouvait être absent des combats pour la conserver. Ce qui le conduira au « putsch » de 1961 (un échec), au combat  souterrain et désespéré de l’OAS dont il prend la tête, à son arrestation suivie d’un  procès en 1962 où les « circonstances atténuantes »  lui seront accordées,  ce qui le sauvera d’une peine de mort  programmée. Mais pas d’une longue prison. Période pénible pour sa femme et ses enfants, Dominique et Victor, et sa communauté d’amis fidèles.

Libéré, il consacrera sa retraite à la rédaction de ses Mémoires  dont il ne put rédiger le cinquième et dernier tome.  Tout ceci est certes bien connu, mais Max Schiavon en parle avec précision, émotion et clarté. Son livre fourmille de détails inédits ou peu connus. Par exemple, lors des votes du jury à son procès, il y eut deux suffrages  pour…l’acquittement !  Après sa sortie de prison en 1968, il se maria religieusement aux Invalides. A la chapelle du Val de Grâce, après son décès, deux représentants de la République (communiste) du Vietnam assistèrent à  l’office religieux l’honorant.

 A l’avance le Général Salan avait refusé les honneurs militaires que  le Président François Mitterrand  lui proposait par l’intermédiaire de son ministre de la Défense, Charles Hernu.  Il avait voulu que sur sa tombe à Vichy soit inscrit, à côté d’un casque de l’époque, « Raoul SALAN, Soldat de la Grande Guerre ». Et ce sera ainsi pour l’éternité.

Jean Paul Angelelli

Editions E-T-A-I.   Un fort volume de 192 p. au format 22×29,   42 euros.

Soulignons la très grande richesse de l’iconographie : un ouvrage que les membres de l’association se doivent de posséder.

 Le Complot du 13 mai 58 dans le Sud-Ouest. Un ouvrage de Jean-Paul Buffelan

C’est le titre d’un livre publié en 1965, redécouvert récemment, utile pour comprendre ce qui s’est passé dans cette ville  et sa région dans le mois précédant l’effondrement de la IVe République1.

Dans notre numéro 21, nous avions évoqué la mission à  Toulouse de deux émissaires du Comité de Salut Public Algérie, MM. Coulondre et L’Hostis pour rencontrer le général Miquel, commandant  la région et ses 8000 paras qui devaient  sauter (?) sur Paris dans le cadre de l’Opération « Résurrection »2. Sur ce point, le livre ne nous apprend rien qui ne soit connu. Il tend même à exagérer la réalité. C’est une analyse des milieux politiques locaux hostiles  (du PCF au parti radical) qui  se sont mobilisés dans des comités de défense républicaine s’opposant au projet annoncé. Le préfet de Toulouse de l’époque, Louis Périllier, préfaçant et louant l’ouvrage, rivalise en critiques contre « le complot d’Alger », « le coup de force », « l’insurrection », « les factieux », mais témoigne de sa sympathie pour le général  Miquel  avec qui il est resté en contact.  Sa seule hantise était que sa Préfecture fût occupée par des « manifestants civils mobilisés par le Comité de Salut Public aux ordres d’Alger ». Rassurons-le. La Préfecture aurait été évacuée et lui-même n’y serait pas resté. Ce Comité de Salut Public toulousain émerge vers la fin de mai 1958. Groupant divers éléments où l’on trouve d’anciens résistants, des anciens combattants, des droitistes avérés (Action Française, etc. ) et des rapatriés d’Algérie bien implantés localement. Leur ciment : l’anticommunisme pour ceux qui se souviennent de la « sanglante libération de 1945 », le dégoût de la IVe République et même, parfois, un certain antigaullisme mais minoritaire. Car ce sont « les partisans chaleureux  du général qui dominent ». A noter que  ce sont les communistes bien organisés qui sont les opposants les plus actifs. Mais les autres  forces n’en veulent pas. Tout ceci avec des détails précis mais résumés. « Résurrection », on le sait n’eut pas lieu, arrêté  après le 27 mai où le général de Gaulle entama sa marche vers le pouvoir. Le plan n’aurait joué que si les communistes avaient  tenté  de prendre le pouvoir. Le général Salan lui-même (qui avait toujours en charge la guerre d’Algérie) avait douté (comme de Gaulle) des moyens utilisés.  Peu à peu le calme revint. Quand les envoyés du C.S.P. d’Alger contactent le général Miquel, il tient ses troupes en mains. Et le préfet n’a plus de craintes, comme l’établit le rapport des « missionnaires » d’Alger : à Toulouse, comme ailleurs, on prépare les élections de novembre 1958.

Pourtant, en profondeur, il y a des tensions. Certains activistes  ont été déçus. Ils attendaient plus et mieux. Signalés dans le livre (mais pas décrits), des incidents violents éclatent à Toulouse le 14 juillet. En novembre, le jeune Maurice Cathala, 23 ans, fut tué  à coup de révolver tiré par un communiste qui se réfugia derrière le rideau de fer. Il était le fils du professeur Joseph Cathala et le frère de René Cathala, 31 ans, ancien F.F.L. et C.S.P., élu Algérie Française en 1958. Désapprouvant le tournant gaulliste, ce dernier démissionnera de l’U.N.R. et rejoindra le groupe « Unité de la République ». Il y eut ensuite à Toulouse un réseau O.A.S. dont l’un des dirigeants était le docteur Jean Cassagneau. Arrestations et procès. René Cathala témoigna en rappelant son douloureux passé… et demanda la clémence. Ils n’échappèrent pas à de sévères peines de prison – huit ans de détention criminelle pour le docteur Cassagneau.  Honneur à eux…

Jean-Paul Angelelli

Jean-Paul Buffelan, né en 1931, a débuté comme avocat et mené des études de droit, de lettres et de science politique qui l’ont mené aux doctorats en droit et ès lettres. Il a été chercheur à la section juridique et politique du C.N.R.S et s’est spécialisé en informatique juridique. Il a enseigné à l’Université de Vincennes, à celle du Gabon et à celle de Madagascar. Il a fondé et présidé l’Institut de Recherche en Informatique Juridique. Avant l’ouvrage recensé ci-dessus, il avait publié une étude sur « Les Institutions municipales à Toulouse sous l’ancien Régime ». Par la suite, il publiera de nombreux ouvrages, notamment sur l’informatique juridique. Il est mort en 2001.

1 Auteur J.P. Buffelan. Librairie générale de Droit et de Jurisprudence. Paris  1966.

2 Extrait de la série « Missions en France » Numéro 21 du bulletin des Amis de Raoul Salan. 2ème trimestre 2009 (pp.13-14)

Tout juste hier  Un récit écrit par Pierre Suchet, ancien membre de l’association des Amis de Raoul Salan, qui nous a quittés en 2010.

Pierre Suchet est né à Cherchell. Son père est directeur d’école publique. Il a onze ans, le 1er novembre 1954 quand débute la rébellion en Algérie. Les huit années qui ont suivi sont restées gravées dans sa mémoire. Ce sont les souvenirs intacts de ces années d’adolescence et de jeunesse que Pierre Suchet fait resurgir après cinquante années.  Les événements sont vus par le jeune garçon, puis par l’adolescent, enfin – en 1961 et 1962  –  par le jeune homme. Celui-ci, de témoin devient acteur. Acteur modeste, il devient, une « petite main » de la résistance française en Algérie, incarnée par l’O.A.S. Tout le récit respire la vérité : il ne s’agit pas de se mettre en valeur, il s’agit de dire ce que l’on a vu, éventuellement fait. On en apprend plus sur la réalité de l’Algérie de 1954 à 1962 qu’en lisant les deux gros tomes d’Yves Courrière. Réalité poignante et absurde, comme cette scène de mai 1962 que rapporte Pierre Suchet où un officier de gendarmerie (blanche) musulman, grièvement blessé – par qui ? – se traîne sur un trottoir d’Alger ;  personne ne vient le secourir…

Tout juste hier, Pierre Suchet,  Yvelinédition,  145 p.  2011

La remise de la médaille militaire à Gérard Baudry

Gérard Baudry est mort le 8 avril 2014. Dans le numéro 38 de notre bulletin, nous lui avons rendu hommage. Il est un épisode de sa vie qui le mettait en joie, c’est celui de sa remise de médaille militaire à la Maison d’arrêt de la Santé.

Le 18 novembre 1962, au Journal Officiel, paraît un décret du 7 novembre 1962 conférant la médaille militaire à titre exceptionnel au sergent Gérard Baudry. Gérard Baudry, dont le contrat d’engagement à la Légion étrangère est arrivé à terme, est en fait dans la clandestinité, dans l’O.A.S., depuis le printemps 1962.  Il est arrêté et incarcéré à la Santé au début de 1963.

Sous la présidence du général Vanuxem, ses parrains étant l’adjudant Rebatel et l’adjudant Faye, la médaille militaire lui est conférée le 3 février 1963 par le colonel de Seze, son ancien chef de corps au 2ème R.E.I., en présence de nombreux officiers et sous-officiers, tous incarcérés à la Santé.

Le 29 avril 1964, veille de l’anniversaire de Camerone, Gérard Baudry est condamné à mort par la Cour de sûreté de l’Etat. Le 30 avril, les officiers légionnaires détenus à Tulle lui envoient un message de soutien. Le général Salan, caporal-chef honoraire du 3ème R.E.I. depuis l’Indochine, se joint à eux. La peine de mort de Gérard Baudry est commuée en réclusion criminelle à perpétuité le 28 juillet 1964.

Le général Salan caporal-chef honoraire du 1er B.B.O.

Hervé Pignel-Dupont, vice-président de notre association a remarqué sur plusieurs documents que le général Salan portait sur la manche gauche de sa tenue soit des galons de caporal-chef honoraire de la Légion, soit des galons inversés de caporal-chef d’une unité à identifier. Ces derniers sont en particulier visibles sur une photographie figurant en couverture du numéro de Paris-Match daté du 14 juin 1958 et également sur la photographie – issue des archives du général Salan – retenue pour illustrer la première de couverture de la biographie du général Salan écrite par Pierre Pellissier.

Un examen détaillé de ces clichés et de plusieurs autres a permis de mettre en évidence l’inscription brodée au cœur des galons : 1BBO.  De quelle unité s’agit-il ? Une recherche rapide sur Internet a conduit à ceci :

1 B.B.O. – 1er Bataillon des Becs d’Ombrelle 1er Bataillon Nùng (tiểu đoàn 1 Nùng) dit « Bataillon des becs d’ombrelles », issu d’un ancien bataillon de supplétifs vietnamiens auprès du C.E.F.E.O. – Devient en 1951 un bataillon régulier français malgré ses effectifs 100% Nùng, sous les ordres du commandant Vòng A Sáng. Cette unité deviendra le 57e B.V.N. lors de son intégration à l’armée vietnamienne, le 30/06/1952 – Vòng A Sáng, ancien officier des troupes coloniales françaises, prendra la nationalité vietnamienne en 1955, commandera une division sud-vietnamienne en 1956-1957 et deviendra sénateur au Sud-Vietnam en 1967.

Nous serions reconnaissants à nos adhérents qui pourraient donner des précisions sur les circonstances dans lesquelles le général Salan a été fait caporal-chef honoraire du 1er BBO.

Le 4 juin 1958 sur le Forum d’Alger : Raoul Salan porte le galon de caporal-chef honoraire du 1er B.B.O.

Le 14 juillet 1958, devant les tribunes, Raoul Salan porte également le galon du 1er B.B.O.

Raoul Salan à bord de l’escorteur « Arabe » en mai 1957 ; il porte les galons de caporal-chef du 3ème R.E.I.

Le général Salan au Palais d’été le 2 décembre 1958 : il reçoit les nouveaux députés d’Algérie. Sur sa manche, les galons de caporal-chef de la Légion. A gauche, Nafissa Sid Cara, députée d’Alger-Banlieue

Procès-verbal d’interrogatoire du général Salan

Il s’agit en fait du procès-verbal de l’arrestation du général Salan et du capitaine Ferrandi au 23 de la rue Desfontaine à Alger, le 20 avril 1962, suivi de celui de la perquisition, en l’absence des intéressés, de l’appartement où ils ont été arrêtés. Une feuille manuscrite, de la main du général Salan est saisie et figure également au P.V.  La lisibilité des documents est mauvaise. Nous les faisons cependant figurer car ils représentent un moment d’une grande intensité dramatique et historique.

Félicitations au général Salan, nommé, fin 1956, C.S.I.A et commandant de la Xe R.M. en Algérie (choisies parmi les très nombreuses cartes reçues)

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