Bulletin 4

Bulletin 4

les amis de raoul salan le bulletin 4

Algérie : année 1955

Roget Degueldre

Recherche de la vérité / Biographie provisoire Biographie  / Le Colonel Lacheroy

Nos adhérents ont publié

Algérie : année 1955

Roget Degueldre

Recherche de la vérité / Biographie provisoire Biographie  / Le Colonel Lacheroy

Nos Adhérents ont publié  

Raoul Salan, le destin d’un homme simple de Dominique Salan, publié aux éditions atlantica en mars 2003 (209 pages, 17€, nombreux documents et photographies inédits) Dominique Salan a voulu faire partager au public qui s’intéresse aux événements d’Indochine et d’Algérie une image du général Salan différente de celle qui en est généralement donnée et qui se limite habituellement à refléter son action durant la période avril 1961-avril 1962. Le titre de cet ouvrage met en évidence un aspect clé de la personnalité de Raoul Salan, bien loin des légendes colportées sur son compte par des gens qui, souvent,

ne l’ont pas connu.                   (L’ouvrage est disponible)

Jacques Valette, La France et l’Afrique L’Afrique française du Nord  1914-1962, publiéaux EditionsSEDES en avril 1994 ( 513 pages, nombreuses notes, biographie par thèmes très fournie, cartes et graphiques). 

L’ouvrage de Jacques Valette présente une analyse approfondie de la politique française menée en Algérie, depuis 1914 et surtout depuis1945, qui s’est heurtée au double refus des leaders politiques musulmans (des souverains au Maroc et en Tunisie) qui veulent accéder au pouvoir et au refus des communautés d’origine européenne non conscientes des réalités politiques sociales et culturelles du Maghreb. Un ouvrage indispensable à tous ceux qui veulent, au-delà des idéologies, comprendre ce qui s’est passé en Afrique française du Nord.   

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Jacques Valette, La Guerre d’Indochine  1945-1954, publié aux Editions Armand Colin en octobre 1994 (416 pages, nombreuses notes, bibliographie par thèmes, cartes).

Jacques Valette présente une analyse personnelle et renouvelée de la politique de décolonisation tentée par la France au Vietnam de 1945 à 1954, politique sans clarté et sans continuité. La structure de son ouvrage, par grands thèmes, fournit une compréhension inédite de cette guerre. S’appuyant sur une documentation inédite, il éclaire certains événements et éléments clés du conflit tels la prise de pouvoir par le Viêt-Minh en 1945, l’organisation de contre-maquis, le rôle du général Navarre, la conférence de

Genève. Egalement indispensable                                                                                    

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.                                        

Jacques Valette, La guerre d’Algérie des Messalistes 1954-1962, publié chez L’Harmattan en mars 2001(302 pages,nombreuses notes) Messali Hadj a été le premier à lancer les thèmes de l’indépendance de l’Algérie et de la République algérienne. Les militants de son mouvement, le M.N.A., se sont violemment heurtés à ceux du F.L.N. On se souvient des « règlements de compte entre Nord-Africains » qui ensanglantèrent la métropole. La lutte ne fut pas moins sanglante en Algérie. Les Français tentèrent d’utiliser cette rivalité en soutenant les maquis de Bellounis qui constitua pendant une année une « Armée Nationale du Peuple Algérien ». Jamais, cependant, Messali

Hadj ne fut invité à participer à quelque négociation que ce soit par le  gouvernement français qui avait décidé de ne traiter qu’avec le seul  F.L.N.                      (L’ouvrage est disponible)

Algérie : année 1955

Nous publions ci-après des extraits d’une étude rédigée par le colonel Schoen (voir le bulletin n°3, pages 8 à 12), vraisemblablement en février 1956, étude figurant dans les archives du général Salan. Il est raisonnable de penser que ce document a été lu par le général Salan quand il a été nommé commandant en chef en Algérie à la fin de 1956. La partie présentée dans ce bulletin est celle de l’exposé de la situation au début de 1956. Les bulletins suivants présenteront une recherche de solutions à la gravité de la situation exposée ici                                                    

Les faits

Les signes précurseurs n’ont pas manqué, mais on ne les a pas pris au sérieux. « La sonnette d’alarme » a été tirée à peu près trois fois par mois du 1er janvier au 31 octobre. La création du C.R.U.A. a été signalée le 15 avril, puis ses intentions et le nom de ses chefs, avec des détails sur chacun d’eux, tout cela en vain. Un avertissement précis, quelques semaines avant la Toussaint, n’a rencontré aucune audience. On s’est préoccupé seulement en haut lieu, de prévenir, dans l’Est Constantinois, les infiltrations de fellaghas tunisiens.

Les attentats du 1er novembre 1954 sont le fait des seuls membres du C.R.U.A.. Plus spectaculaires qu’efficaces, ils constituent surtout un signal, un appel à l’action destiné aux extrémistes de toutes tendances.

On ne s’en rend pas compte, et l’on pense surtout, d’abord, à réduire la rébellion dans l’Aurès. On fait venir des renforts, on met en jeu de gros bataillons qui n’obtiennent guère de résultats.

De mois en mois, la situation se dégrade. Nos pertes mensuelles en tués s’élèvent progressivement de 30 en novembre 1954 à 285 en janvier 1956 (forces de l’ordre: 94, civils européens: 8, civils musulmans: 183).

Sans doute celles de l’adversaire sont-elles plus fortes que les nôtres (525 tués en janvier 1956), mais les hommes que nous abattons sont souvent de simples comparses : en effet, les armes que nous récupérons au combat sont presque toujours    moins    nombreuses    que     les cadavres : 286 en janvier 1956 (néanmoins la situation à cet égard s’améliore depuis quelques semaines). Militairement, ces pertes sont encore relativement faibles par comparaison avec celles de la guerre d’Indochine ou de la guerre du Rif en 1925-26. 

Les rebelles abattent en effet beaucoup plus leurs coreligionnaires civils (quelque 1600 en 15 mois) que des militaires. Mais ce sont nos amis et nos fonctionnaires (caïds, gardes champêtres, informateurs, etc.) qui disparaissent ainsi, ce qui, en un sens est pire.

L’insurrection s’étend aux Némenchas (février  

1955), à la région de Condé Smendou, à l’Est Constantinois, à la Grande Kabylie (printemps 1955), à l’ensemble du Nord Constantinois (août), à la petite Kabylie (septembre), à l’Ouest Oranais (octobre). Des infiltrations menacent actuellement    le         Hodna,            l’Atlas Blidéen, l’arrondissement d’Aumale, le Sud Oranais. Aujourd’hui, le tiers de l’Algérie du nord est atteint. L’effectif total des rebelles « actifs » (sans compter les ravitailleurs, valets d’armes, espions, commissaires politiques, etc.) est évalué à quelques centaines en fin 1954, à 3 ou 4.000 au printemps 1955 ; actuellement entre 5 et 10.000. Simultanément, le terrorisme fait son apparition dans les villes, surtout sur la personne des Musulmans          loyalistes             ou        auxiliaires        de l’Administration. 

Les réactions de nos troupes sont parfois excessives et maladroites. Un fossé se creuse entre les deux populations.

A l’automne 1955, on annonce la constitution d’un commandement unique entre les rebelles du Maroc et d’Algérie. Les hommes ne leur manquent pas, ni l’argent (tous les riches Musulmans sont taxés, et certains Européens). Les bandes s’accroissent : aussi bien en nombre (en Kabylie, elles auraient triplé depuis l’automne) qu’en effectifs (dans l’Aurès, les bandes, de 10 à 20 hommes au début, atteignent parfois maintenant 150 hommes.

Leur armement est en progrès, par prises, contrebande, ou désertions. Les rebelles auraient maintenant une trentaine de fusils mitrailleurs (par endroits, ils commencent à les utiliser contre nos avions).

Le nombre des désertions devient angoissant : elles se multiplient depuis l’été 1955 : 9 en juin, 58 en septembre, 112 en décembre, 150 en janvier (il ne s’agit que des seuls réguliers : les désertions dans les harkas ont été plus nombreuses). Le 19 février, en Oranie, 80 tirailleurs du 50ème B.T.A. passent à l’ennemi et nous tuent une dizaine d’hommes (plusieurs classes de militaires musulmans sont alors démobilisées en Oranie). 

Lors de la récente incorporation du contingent, on a compté dans l’Algérois 65% de défections (au lieu de 12% en temps normal). Nos troupes indigènes ne sont plus sûres. Sabotages et destructions se multiplient de mois en mois (1000 en décembre 1954, 1500 en janvier 1956) et se perfectionnent (utilisation plus courante d’explosifs).

Les attaques d’automobiles et de cars sont d’une vingtaine par mois en été 1955, d’une cinquantaine en automne. On en compte 86 en janvier 1956. Même progression quant au sabotage de voies ferrées : une demi-douzaine par mois en été 1955, 13 par mois en automne, 27 en décembre, 36 en janvier. Nous comptons chaque mois plusieurs déraillements. Le 26 janvier, un train déraillé est ensuite mitraillé (12 blessés). Certaines coupures ont demandé plusieurs jours de réparation avant que le trafic ait pu reprendre. Les trains sont systématiquement mitraillés dans certains secteurs. 

Le nombre mensuel de poteaux télégraphiques abattus passe de 300 au printemps 1955 à 700 en été, 2000 en automne, 3000 en décembre, plus de 6000 en janvier. Les coupures de conduites d’eau passent de 2 ou 3 par mois à 7 en décembre, 12 en janvier.

Les    destructions    se    multiplient    dans    le

Constantinois (le nombre de fermes européennes détruites dépasse 300, sur un total de 1500 que compte ce département). Les colons se découragent ou abandonnent. Ceux qui cherchent à vendre ne trouvent pas preneur.

L’audace des rebelles ne connaît plus de borne. Ils s’attaquent à la perception de Fort-National pour s’y emparer d’argent, ils rendent un phare inutilisable. On leur prête l’intention, dans l’Ouest Oranais, de s’emparer d’un petit port, et d’empoisonner les puits. Les récents désordres d’Oran et de Tlemcen montrent que nous ne sommes pas non plus à l’abri de troubles dans les villes.

Les Musulmans restés fidèles se terrent ou prennent la fuite. La vie économique est gravement atteinte. 

De plus en plus nombreux sont les douars en état de dissidence complète, sans caïd, sans gardechampêtre, sans djemaa ; dans lesquels les rebelles installent leur administration propre. Dans des régions entières, on ne circule plus que de jour, et en convoi. La nuit, les rebelles sont les maîtres. Notre armée se révèle trop peu nombreuse et inadaptée. Notre système juridique et administratif trop lourd.     

Roger Degueldre

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Dans le bulletin précédent, nous rendions compte de la

 publication dans « Le Monde » daté du 5 novembre 2004 de la lettre de Jean-Philippe Ould Aoudia affirmant que Roger Degueldre était un ancien de la Division SS Wallonie, affirmation reprise de son ouvrage « L’assassinat de Château-Royal » publié en 1992 aux Editions Tirésias. Nous sommes un certain nombre qui, sans nous être préalablement concertés, avons réagi à la publication de cette lettre qui a bien entendu pour but de noircir le combat de ceux qui ont défendu l’Algérie française, en particulier derrière le général Salan. Nous sommes entrés en relation avec des anciens officiers, des combattants de l’Algérie française et des historiens afin de tenter de connaître la vérité sur le passé de Roger Degueldre.

Dans son livre, Jean-Philippe Ould Aoudia s’appuie sur un article paru dans une revue belge d’anciens nazis, « L’Europe Réelle » qui, dans son numéro 44 (que nous  nous sommes procuré) de décembre 1961, revendique

        Le Monde  05-11-04

        Le Monde  29-06-62                                  (Suite page 10)    

 Roger Degueldre comme étant bruxellois, ancien dirigeant rexiste, « un des jeunes officiers les plus héroïques de la Légion Wallonie ». Dans le même article, le rédacteur écrit que le général Salan, chef de l’OAS, fait des tournées d’inspection en Algérie dans sa voiture avec fanion escortée de motards. Il aurait également effectué un voyage en métropole pour renouer certains contacts. C’est dire le sérieux de cette revue. Dans le compte rendu du procès de Roger Degueldre (Le Monde daté du 29 juin 1962) il n’est absolument pas fait mention de cette prétendue appartenance à la Légion Wallonie ; bien au contraire, le passé de résistant de Degueldre est rappelé. L’article de « L’Europe réelle » étant antérieur de six mois, si Roger Degueldre avait été réellement membre de la Légion Wallonie, ce fait n’aurait pas manqué d’être repris par le président ou le procureur de la « Cour Militaire de Justice ». Un témoignage de Roger Pannequin, commandant des FTP du Pas de Calais et communiste notoire, atteste la présence de Roger Degueldre à ses côtés. Les documents en notre possession montrent qu’en avril 1945, il est sergent à la 10ème D.I., constituée à partir de FFI (qui a intégré les FTP), avec le grade de sergent, ce qui est cohérent avec son engagement antérieur aux côtés des FTP.

Roger Degueldre n’est pas belge ; tous les documents d’état-civil, naissance, premier et second mariage l’attestent.   

Biographie de Roger Degueldre

Roger Hercule Gustave Degueldre est né le  19 mai 1925, chemin d’Hautmont à Louvroil dans le département du Nord. Son père, Gustave Louis Degueldre, était né le 1er novembre 1886 à Maubeuge et déclarait exercer, au moment de la naissance de son fils, la profession de domestique. Sa mère, née Juliette Sidonie Leton, sans profession, était née le 19 novembre 1884 à Hautmont (Nord) (1). Il est élève à l’école communale jusqu’à l’âge de douze ans, obtient son certificat d’études, puis poursuit son cursus scolaire au collège secondaire de Maubeuge, à 4 km de Louvroil.

En mai 1940, lors de l’offensive allemande, la famille Degueldre est évacuée vers les Pyrénées Orientales. De là,

Roger Degueldre aurait tenté de rejoindre la France Libre naissante en franchissant en fraude la frontière espagnole. Arrêté par les Espagnols, il est refoulé en France. En 1943, il remonte dans le Nord (2) et participe à la Résistance, guidé par l’abbé Jean de Béco (qui ne lui en voulait pas de ne pas avoir fait sa communion), aux côtés des F.T.P. de Roger Pannequin, le « commandant Marc » des FTP du Pas de Calais (3). Plusieurs de ses camarades ayant été pris et l’un d’eux fusillé, sur les conseils de l’abbé, il disparaît et se retrouve à Paris, au 33 rue Championnet, où habitait sa sœur (4). 

Le 28 septembre 1944, Roger Degueldre s’engage au titre de l’infanterie motorisée à l’I.M. de Paris (5). Le 1er octobre 1944, la 10ème Division d’Infanterie, dite « Division de Paris » est reconstituée en région parisienne et placée sous les ordres du général Billotte. Elle comprendra plusieurs régiments d’infanterie, dont certains (les 5ème R.I., 24ème R.I., 43ème R.I.) créés en région parisienne et d’autres en provenance de différentes régions de France, ceci à partir d’éléments F.F.I. de toutes origines (F.T.P. , A.S. O.R.A.). La 10ème D.I. est sur le front des Vosges en janvier 1945 et participe à la réduction de la poche de Colmar du 20 janvier au 9 février 1945. Ultérieurement, elle sera positionnée autour de la poche de Royan avant de monter la garde au Rhin et d’occuper le pays de Bade (6).

Le 21 avril 1945, n’ayant point encore atteint ses 20 ans, Roger Degueldre, sergent à la 10ème D.I., épouse à Hautmont, devant le président de la délégation municipale Emile Wallez, avec l’autorisation du «chef de bataillon, commandant le quartier général», Andrée Sidonie Baeskens, sans profession, née à Hautmont le 10 juin 1924. Il s’agit sans doute d’un mariage arrangé. Le père de Roger Degueldre déclare alors qu’il exerce une profession de manœuvre(7). A partir de cette date, il existe un trou dans la biographie de Roger Degueldre. Il aurait très vite rejoint une maîtresse à Paris et l’aurait quittée aussi vite (8). 

Le 20 septembre 1945, date courant du 11 septembre, il s’engage dans la légion étrangère à Marseille sous le nom, semble-t-il de Roger Legueldre ou Legueloze, né le 18 septembre 1925 à Gruyère (Suisse), étudiant en médecine. Omis du recensement de la classe 45, il est recensé ultérieurement avec la classe 51 ; Sa situation est régularisée par décision ministérielle n° 209872/DN/G/PM/7Ae du 28 décembre 1955 aux termes de laquelle, il reprend son identité réelle (9). Entre temps, Roger Degueldre se retouve en Indochine au 1er Régiment Etranger de Cavalerie. Après un an de service, il est maréchal des logis ; il est promu maréchal des logischef après trois ans de service. Le 21 janvier 1950, le 2ème escadron du 1er R.E.C., équipé de « crabes », ces engins amphibies adaptés  aux terrains mixtes, et commandé par le capitaine de Blignières, est accroché sur le giong Ngo Hac, dans la province de Tra Vinh dans le delta du Mékong. Roger Degueldre va chercher sous le feu de l’ennemi le capitaine de Blignières et  le sous-lieutenant Boutôt et les ramène à l’abri d’un « crabe » accidenté. Il est décoré de la médaille militaire par le général commandant supérieur         du territoire (10). Après la fin des combats    d’Indochine,   dont    il revient avec le grade d’adjudant et une croix de guerre des Théâtres d’Opérations Extérieures avec sept citations (une palme, deux étoiles de vermeil, deux étoiles d’argent et deux  étoiles  de  bronze),  Roger  Degueldre  obtient  son  brevet  de 

Parachutiste  et  est  muté  au  1er                    

Bataillon Etranger de    Parachutistes qui deviendra le 1er Régiment Etranger de Parachutistes. Il participe à tous les combats du régiment. Il y sert sous les ordres du colonel Brothier, puis du colonel Jeanpierre. Il est à Suez en novembre 1956. Il participe à la bataille d’Alger en 1957. En janvier 1958, il est nommé au grade de sous-lieutenant à Guelma et participe à la bataille des frontières dans l’Est-Constantinois. Titulaire de la croix de la valeur militaire avec une palme, il est fait chevalier de la légion d’honneur le 26 septembre 1958. Il est promu lieutenant en décembre 1959. En janvier 1960, pendant la « Semaine des Barricades », il est à Alger avec son régiment commandé par le colonel Dufour. Entre temps, il divorce de sa première femme, le 22 décembre 1959, et épouse, le 4 juin 1960, Henriette Marguerite Leroux, son témoin étant René Coatalem, capitaine au 1er R.E.P (11). Intensément engagé dans la défense de l’Algérie française et convaincu qu’il faut pour cela lutter l’arme à la main, il est muté, au début de 1961, au 4ème R.E.I. qu’il ne rejoint pas. Désormais dans la clandestinité, en Algérie et en métropole, il se prépare pour les actions futures. Au moment du coup d’Alger, du 22 au 25 avril 1961, il est prêt à brûler les vaisseaux en liquidant quelques-uns des prisonniers des généraux : le général Gambiez, le délégué général Morin. Le colonel Godard s’y oppose ; Roger Degueldre replonge dans la clandestinité. Lorsque l’OAS s’organise à Alger après l’échec du coup d’Alger, Roger Degueldre y tient un rôle prépondérant à l’O.R.O. Il  y  est chef des  commandos  Delta  qu’il a créés  et  qui exécutent   des  attentats ciblés et 

spectaculaires contre des biens et des personnes : policiers officiels et parallèles (barbouzes) en particulier. En fait, c’est lui qui donne à l’OAS d’Alger son poids et son influence. Il tient le serment qu’il a fait et que d’autres ont aussi fait : «Faîtes bien attention. Vous affirmez que rien ne vous empêchera de garder l’Algérie à la France. J’ai prêté ce serment avec vous. Mais sachez bien qu’en ce qui me concerne, il sera respecté. J’irai jusqu’au bout ». Reconnu par un lieutenant de gardes mobiles, Roger Degueldre est arrêté le 7 avril 1962 à Alger. Condamné à mort par la Cour Militaire de Justice le 28 juin 1962, il est exécuté et meurt au fort d’Ivry dans des conditions atroces (une seule balle tirée par le peloton l’a touché), le 6 juillet 1962, quelques jours après la proclamation de l’indépendance de l’Algérie. 

Notes

  • Registre de l’état-civil de Louvroil, n° 60, 19 mai 1925, signé par le maire, Romain      Duchateau, non signé par Gustave Louis Degueldre, celui-ci ne sachant pas signer.
  • Le procès de l’ex-lieutenant Degueldre, compte rendu d’audience de J.M. Théolleyre,                Le Monde, 29 juin 1962, page 4.     
  • Rémi Kauffer, OAS, Histoire d’une guerre franco-française, page 154, Editions du           Seuil, avril 2002
  • Eric Deschodt, Grâce au lieutenant Degueldre et à ses étrangers, L’Esprit Public,           n°42, pages 57 et 58
  • Jean Monneret, La phase finale de la guerre d’Algérie, Thèse de doctorat, Paris IV
  • Pierre Billotte, Le temps des armes, Editions Plon, 1972
  • Registre de l’état-civil d’Hautmont, n°46, 21 avril 1945, signé par le président de la              délégation municipale d’Hautmont, Emile Wallez, les époux et les parents  (8)    Eric Deschodt, opus cité
  • Dossier Degueldre, cote n° 61/10594, Service Historique de l’Armée de Terre
  • Alain Gandy, Royal Etranger, pages 139-140, Editions du club France-Loisirs, 1985
  • Registres de l’état-civil de Boulogne-Billancourt, n°302, 4 juin 1960, signé par                     un adjoint au maire, Roger Bethmont, par les époux et par les témoins. 

(Suite de la page 7)

Que s’est-il passé entre le 21 avril 1945, date du premier mariage de Roger Degueldre et le 21 septembre  1945, date de son engagement dans la légion étrangère sous un faux nom (très proche 
du vrai) ? Aujourd’hui, nous ne le savons pas ; de même que nous ne savons pas dans quelle unité il a servi à la 10ème D .I. à la fin de 1944 et au début de 1945. Il y donc encore matière à recherche et nous saurions gré à ceux qui auraient des éléments sur cette période, de même que sur les autres périodes de la vie de Roger Degueldre, de nous les communiquer afin de conforter le dossier déjà très sérieux dont nous disposons et qui démontre l’inanité des écrits de JeanPhilippe. Ould Aoudia.Nous remercions tout particulièrement Jean-François Collin, Me Olivier Sers et Guillaume Zeller. Merci également à JeanJacques Susini, Jean Monneret, Hervé Pignel-Dupont, Eric Deschodt.

Charles Lacheroy

Né le 22 août 1906 à Chalon-sur-Saône, pupille de la nation (son père est mort à Verdun en 1916), Charles Lacheroy fait ses études au prytanée militaire de La Flèche et entre à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr en octobre 1925. Il en sort dans l’infanterie coloniale et sert en Haute-Volta dans un régiment de tirailleurs sénégalais. Après un passage en métropole, il est affecté pour quatre ans à la 3ème compagnie de méharistes en Syrie et côtoie d’anciens 

                                                                                                compagnons          du          colonel

Lawrence. En 1937, il est sous les ordres     du        colonel            Groussard, sous-chef d’état-major au Maroc en charge des 2ème et 3ème bureaux. Arrêté à Rabat en décembre 1940 pour avoir aidé deux agents de la « France Libre », il est transféré à Clermont-Ferrand mais fait l’objet d’un non-lieu. En juillet 1941, il est en Tunisie quand le général de

Lattre y          est       commandant supérieur. En juin 1942, il est à

Dakar, à l’état-major du général Barrau, commandant en chef

                                                                                                des forces terrestres, aériennes

et maritimes en Afrique Occidentale Française. Par la suite, il participe, dans l’infanterie coloniale, à la campagne d’Italie avec le Corps Expéditionnaire  Français en Italie commandé par le général Juin, puis aux campagnes de France et d’Allemagne dans la 1ère Armée Française commandée par le général de Lattre. 

En octobre 1946, lieutenant-colonel, Charles Lacheroy prend le commandement du bataillon autonome de Côte d’Ivoire qui participe au maintien de l’ordre lors des troubles qui surviennent en 1949.

En février 1951, il prend, en Cochinchine, le commandement du secteur de Bien-Hoa et, à partir de son expérience du terrain, y développe son analyse de la guerre révolutionnaire telle qu’elle est menée par le Viêt-minh. De là débutent les conférences à ses pairs sur ce thème qui conduisent le haut commandement à le rappeler en métropole à l’été 1953 et à lui confier la

direction des études au sein du Centre d’études asiatiques et africaines de la direction des                                troupes coloniales.  Au fur et à mesure que s’affinent ses réflexions sur « l’action psychologique » (tournée vers les indifférents ou les amis) et sur la « guerre psychologique »  (tournée contre l’ennemi), sa réputation se répand au-delà des cénacles de l’état-major, d’autant plus que la situation en Algérie se dégrade selon un processus qu’il a parfaitement décrit.

Il est affecté à l’état-major des forces armées au début de 1956, puis rejoint le cabinet du ministre de la défense nationale, Maurice Bourgès-Maunoury, pour prendre la tête du service d’information et d’action psychologique nouvellement créé où il est à l’origine de l’institution des « cinquièmes bureaux », chargés de l’action psychologique, dans les états-majors de tous niveaux.

Muté en Algérie à la 7ème division mécanique rapide lors de l’arrivée de Jacques ChabanDelmas à la tête du ministère de la défense nationale, il est dans le Constantinois au moment du 13 mai 1958. Il rejoint Alger et se voit confier par le général Salan la responsabilité de l’information et de l’action psychologique à la Délégation Générale.

Limogé de son poste (où le colonel Gardes le remplace) après le rappel de Raoul Salan en métropole à la fin de 1958, il est finalement chargé du cours des officiers de réserve d’étatmajor à l’Ecole Militaire à Paris. Il y réunit les officiers supérieurs et subalternes opposés à la politique d’abandon de l’Algérie et joue ainsi un rôle considérable dans la préparation du coup d’état d’Alger. Le 16 avril 1961, Lacheroy rejoint clandestinement Alger et signe l’ordre d’opérations aux unités qui prennent le contrôle d’Alger dans la nuit du 21 avril 1961.  Après l’échec de la révolte, il se retrouve en Espagne, destitué depuis le 6 mai 1961 de son grade de colonel, et, sous le pseudonyme de « Métro »,  renforce la « branche espagnole » de l’O.A.S. constituée autour de Pierre Lagaillarde, du colonel Argoud et de Joseph Ortiz. Entre temps, le 11 juillet 1961, le tribunal militaire, créé pour la circonstance en vertu de l’article 16 de la constitution, le condamne à mort par contumace en même temps que les généraux Salan, Jouhaud et Gardy et les colonels Argoud, Broizat, Gardes et Godard. Assigné à résidence aux Canaries par le gouvernement espagnol en octobre 1961, Charles Lacheroy est autorisé à s’installer en 1962 à Palma de Majorque où il exerce la profession d’agent immobilier. Il regagne la France après la promulgation de la loi d’amnistie de juillet 1968. Il décède le 26 janvier 2005 à Aix en Provence.

Commandeur de la légion d’honneur, titulaire des croix de guerre 1939-45 et des TOE, de la médaille de la Résistance et de la croix de la valeur militaire, Charles Lacheroy est l’auteur de plusieurs textes disponibles à la Section de Documentation Militaire de l’Outre-Mer et ayant fait l’objet de conférences tenues entre 1952 et 1957 (1). Il a publié en 2003 aux Editions Lavauzelle un ouvrage intitulé : De Saint-Cyr à l’Action Psychologique-Mémoires d’un Siècle.   

Charles Lacheroy côtoie le colonel Salan à l’état-major du général Barrau à Dakar en 1942/43. A l’automne 1944, le commandant Lacheroy est à la tête d’un des bataillons du 6ème Régiment d’Infanterie Coloniale commandé par Raoul Salan et joue un rôle clé dans les combats de la région d’Huningue.

Le 17 mai 1958, le général Salan, qui assume l’ensemble des pouvoirs civils et militaires en Algérie, nomme le colonel Lacheroy conseiller technique à l’information à la Délégation Générale. Trois ans plus tard, Charles Lacheroy est à Alger depuis le 16 avril lorsque le général Salan arrive  de Madrid le 23 avril 1961 pour rejoindre les généraux Challe, Jouhaud et Zeller. Il assure la liaison entre les premiers éléments (civils) de l’O.A.S d’Alger et le commandement en chef des forces en Algérie. Par la suite, exilé en Espagne, le colonel Lacheroy est, avec ses compagnons d’exil, partisan d’une localisation à l’étranger du commandement supérieur de l’O.A.S. ce qui crée des tensions avec l’O.A.S. d’Algérie qui se concentre sur le combat direct en Algérie.    

(1) Liste des principales conférences et études de Charles Lacheroy (extraite de l’ouvrage cité plus haut):

  • Une Arme du Viêt-minh, les hiérarchies parallèles, novembre 1952
  • La campagne d’Indochine ou une leçon de « guerre révolutionnaire », 1954
  • La stratégie révolutionnaire du Viêt-minh, 3-4 août 1954, Le Monde
  • Action Viêt-Minh et communiste en Indochine ou une leçon de guerre révolutionnaire, 1955
  • Scénario-type de guerre révolutionnaire, 1955
  • Avertissement, février 1957, Revue Militaire d’Information
  • Guerre révolutionnaire et arme psychologique, 1957
  • La guerre révolutionnaire, 1957

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