Bao Dai
Né le 22 octobre 1913 à Hué, descendant d’une lignée d’empereurs régnant depuis un siècle et demi, le prince Nguyen Vinh Thuy est désigné comme héritier de son père, l’empereur Khai Dinh, en 1926. Le nom impérial de Bao Dai (Gardien de la Grandeur) lui est alors donné. En 1932, à l’issue de ses études menées en France, il retourne à Hué où il est couronné 13e empereur de la dynastie des Nguyen. Il engage des réformes du système judiciaire et du système éducatif.
Pendant la deuxième guerre mondiale, et malgré une pression japonaise de plus en plus forte, il assure une certaine continuité de la souveraineté du Vietnam en liaison avec l’amiral Decoux, gouverneur de l’Indochine. Par le coup de force du 9 mars 1945 qui coûte la vie à plus de 2000 militaires français, les Japonais prennent le contrôle total de l’Indochine. Le 17 avril 1945, les Japonais proclament l’indépendance du Vietnam dont Bao Dai est empereur.
Le 25 août 1945, peu après la capitulation japonaise, l’empereur Bao Dai abdique. Le 2 septembre 1945, la République Démocratique du Vietnam est fondée à Hanoï par Hô Chi Minh qui fait du citoyen Vinh Thuy le conseiller suprême du gouvernement. N’étant pas dupe du rôle de marionnette que veulent lui faire jouer les communistes du Viêt-minh, Bao Dai s’exile en Chine et à Hong Kong en novembre 1946 où il adopte une attitude attentiste. En juillet 1947, Bao Dai, réfugié à Hong Kong, dénonce cependant les méthodes dictatoriales du Viêt-minh.
En décembre 1947, se tiennent les entretiens de la baie d’Along entre le haut-commissaire Emile Bollaert et Bao Dai. Le 5 juin 1948, par les accords de la baie d’Along, la France, représentée par Emile Bollaert, reconnaît l’indépendance du Vietnam et le droit à l’unité du Tonkin, de l’Annam et de la Cochinchine (« les trois Ky ») sous le statut d’états associés tandis que Bao Dai est rétabli sur le trône. Son gouvernement est reconnu par les Etats-Unis et le Grande Bretagne en 1950 mais n’a que peu de prise sur les événements.
Après la défaite de Dien Bien Phu et les accords de Genève du 20 juillet 1954 qui divisent le Vietnam en deux zones situées au nord (communiste) et au sud (libre) du 17e parallèle, Bao Dai appelle Ngô Dinh Diêm comme premier ministre du Sud-Vietnam. Celui-ci, soutenu par les Américains (qui le lâcheront en 1963), organise le 23 octobre 1955 un référendum qui a pour résultat la proclamation de la république et le départ en exil de Bao Dai. Dès lors celui-ci mène une vie modeste et discrète en France. Il sort de son silence en 1972, pendant la deuxième guerre d’Indochine, pour un appel à la paix et à la réconciliation des Vietnamiens, appel qui n’est pas entendu. En 1988, il se convertit au catholicisme.
Bao Dai meurt le 31 juillet 1997 à Paris, après 42 ans d’exil, en laissant deux fils et quatre filles. Il est l’auteur d’un ouvrage intitulé « Le Dragon d’Annam » publié en 1980 aux éditions Plon.
Le général Salan est présenté à Nguyen Vinh Thuy (Bao Dai) le 7avril 1946 à Hanoï alors que celui-ci, « conseiller suprême » du gouvernement de la république démocratique du Vietnam, s’apprête à partir pour Kunming, en Chine. Ils se revoient par la suite lors des divers commandements exercés par Raoul Salan en Indochine et entretiennent des relations confiantes au point que Bao Dai aimait à dire : « Le général Salan est un des rares Français à comprendre mon pays et à l’aimer »