Marcel Ronda

Marcel Ronda

Marcel Ronda est né en mars 1922 à Alger dans une famille d’origine espagnole favorable au général Franco dans les années 1930 et au maréchal Pétain dans les années 1940. Son père avait créé, en association avec son propre frère, un patrimoine familial important qu’il mettait en valeur (une manufacture de chaussures: espadrilles et tennis, deux immeubles d’habitation dont le 6 boulevard Maréchal Foch sur le Forum à Alger, une briqueterie ainsi que deux villas: Pointe Pescade et La Madrague). Destiné à lui succéder, Marcel Ronda fait ses études au lycée Bugeaud quand éclate la deuxième guerre mondiale. En l’absence de service militaire en 1941, il fait son temps de six mois aux chantiers de jeunesse  puis est mobilisé lors du débarquement anglo-américain en Afrique du Nord du 8 novembre 1942. Il fait ses classes au 9e R.T.A., se marie (il aura trois enfants), puis entre à l’école militaire de Cherchell dont il sort aspirant (promotion Libération). Il est affecté au 1er R.T.A. qui part en Italie puis à Marseille. Il participe dans les rangs de la 1ère Armée à la campagne de France dans les Vosges et en Alsace durant l’hiver 1944-1945. Après avoir combattu en Allemagne au cours du printemps 1945, il termine la guerre en Autriche en mai 1945, titulaire de la croix de guerre.

De retour à Alger le 15 septembre 1945, il se consacre à sa famille et à l’entreprise familiale. Il est lieutenant de réserve, puis capitaine en décembre 1955. En juillet 1956, il commande une compagnie d’Unités Territoriales utilisée à la garde de points sensibles et à des patrouilles dans Alger en proie au terrorisme du FLN. Ces unités sont renforcées au moment de l’arrivée du général Salan en tant que commandant en chef en Algérie, à la fin de 1956. Tout en menant de front ses activités professionnelles et ses activités civiques dans les Unités Territoriales, Marcel Ronda se rapproche du mouvement poujadiste et de son responsable à Alger, Joseph Ortiz.

Le 13 mai 1958, il participe avec ses troupes à la prise du Gouvernement Général à Alger et y assure l’ordre au profit du Comité de Salut Public qui s’est mis en place sous la présidence du général Massu. Il assiste avec son unité au discours de De Gaulle du 4 juin 1958 mais est très rapidement sceptique sur sa politique algérienne. Dès fin 1958, il participe à la montée en régime du Front National Français dirigé par Joseph Ortiz en y apportant le poids de la Fédération des Amicales des Unités Territoriales dont il est devenu le secrétaire général aux côtés du commandant Sapin-Lignières, président.

Il est l’un des principaux artisans avec Joseph Ortiz et Pierre Lagaillarde de la « Semaine des Barricades » déclenchée le 24 janvier 1960 par le rappel à Paris du général Massu. Ses unités de choc ripostent au tir des gendarmes mobiles du colonel Debrosse venus briser la manifestation algéroise. Après la dissolution des Unités Territoriales et un passage d’un mois au commando Alcazar qui se bat avec le 1er et le 2e REP dans la région de Collo, il est inculpé et incarcéré à la prison de la Santé. Le procès des « Barricades » s’ouvre le 3 novembre 1960 devant le Tribunal Permanent des Forces Armées. Mis en liberté provisoire durant le procès, il part pour l’Espagne, en compagnie de Pierre Lagaillarde, de Jean-Maurice Demarquet  et de Jean-Jacques Susini au tout début de décembre 1960 sans attendre le verdict du 3 mars 1961 qui le condamne à 3 ans de prison et le prive de son grade (premier « ex-officier » dans l’ordre chronologique). A Madrid, tous retrouvent le général Salan exilé volontairement en Espagne depuis octobre 1960 et Marcel Ronda s’intègre dans son entourage. Le 30 décembre 1960, avec le général Salan, Pierre Lagaillarde et Jean-Jacques Susini, il signe une déclaration, principalement destinée aux Français d’Algérie, qui est l’acte de naissance de la résistance ultime de l’Algérie Française.

30 décembre 1960 / Texte original d’une proclamation faite depuis Madrid par Raoul Salan, Pierre Lagaillarde, Marcel Ronda et Jean-Jacques Susini appelant au combat sous toutes ses formes contre la politique algérienne du gouvernement. Cliquez sur l’image pour obtenir la retranscription


Au moment du coup d’Alger du 22 avril 1961, tandis que le général Salan, le capitaine Ferrandi et Jean-Jacques Susini réussissent à rejoindre Alger à bord d’un avion léger, Marcel Ronda est, contre son gré, dans l’incapacité de se rendre à Alger. Jusqu’en novembre 1961, en liaison avec le général Salan qui a pris la tête de l’OAS en Algérie, il tente de rallier la branche madrilène de l’OAS qui a des vues différentes de celle d’Algérie sur la stratégie à mettre en œuvre. Il rejoint finalement Alger le 30 novembre 1961 sur un petit voilier depuis Palma et vit dans la clandestinité dans l’entourage proche du général Salan. Il échappe à l’arrestation quand celui-ci est pris le 20 avril 1962. Il reste à son poste dans le grand Alger et ne quittera l’Algérie pour l’Espagne qu’après l’indépendance, le 8 juillet 1962. Il y retrouve Jean Ferré qui, après avoir été incarcéré au camp de Saint Maurice l’Ardoise pour ses convictions en faveur de l’Algérie Française, a créé une société d’import-export et qui l’embauche sous un faux nom. Par la suite, toujours en Espagne, il devient secrétaire général d’une société de Travaux Publics appartenant à un holding. En juin 1969, amnistié de plein droit, il revient en France et participe à la phase finale de la construction et de l’installation de la clinique Saint Georges créée à Nice par un groupe de médecins « pieds noirs ». Il en sera l’économe jusqu’à sa retraite, en 1985.
Depuis, Marcel Ronda continue de témoigner de ce que fut son engagement en faveur de la France et de l’Algérie Française au cours de colloques ou lors d’entretiens avec des historiens (voir en particulier l’ouvrage de Vincent Quivy, « Les Soldats Perdus », publié en mars 2003 aux éditions du Seuil). Membre de l’ADIMAD, il est administrateur du Cercle Algérianiste de Nice et président d’honneur des associations « Mémorial de Notre Dame d’Afrique » et « Souvenir du 26 mars 1962 » : Marcel Ronda est décédé le 15 septembre 2015 à Nice.


En tant que commandant de compagnie d’Unité Territoriale, Marcel Ronda a une relation de subordonné à supérieur avec le général Salan au cours de l’année 1957. Lors de la prise du gouvernement général, le 13 mai 1958, et des journées qui suivirent, il approche le général Salan dans le rôle très délicat qui est le sien, à la frontière de l’illégalité.


C’est à Madrid, à l’hiver 1960, que les relations avec le général Salan deviennent étroites et qu’une grande confiance s’établit entre les deux hommes, se traduisant en particulier par « La déclaration des quatre » du 30 décembre 1960. Quand Marcel Ronda rejoint Alger en novembre 1961, il entre dans le premier cercle des proches du général Salan, à tel point qu’ils partageront un appartement du boulevard du Telemly à partir du 15 janvier 1962.


Plus tard, dans les années 1975, quand le général Salan préparera le tome V de ses mémoires, qui n’a pas été terminé, une correspondance substantielle, imprégnée de considération mutuelle, sera échangée entre les deux hommes.

Manuscrit des premières pages du tome V (non achevé) des mémoires de Raoul Salan . Cliquez sur l’image pour obtenir la retranscription dactylographiée

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