Pierre Messmer

Pierre Messmer

Pierre Messmer est né le 20 mars 1916 à Vincennes, l’aîné de trois enfants, dans une famille alsacienne implantée dans les environs de Saverne mais ayant opté pour la France en 1871. Jusqu’à l’âge de huit ans, il est instruit par un prêtre au domicile parisien de ses parents. Il poursuit ses études chez les Oratoriens du collège Massillon et au lycée Charlemagne à Paris. A 18 ans, en 1934, il est reçu à l’Ecole Nationale de la France d’Outremer où il choisit l’option « Afrique ». En parallèle il obtient une licence en droit et un diplôme de l’Ecole des Langues Orientales. A partir d’octobre 1937, il effectue son service militaire comme sous-lieutenant au 12ème Régiment de Tirailleurs Sénégalais. Maintenu sous les drapeaux à la déclaration de la guerre en septembre 1939, il participe à la campagne de France et rejoint Gibraltar par Marseille à bord d’un cargo, puis Londres à la fin de juin 1940.

Il sert alors dans la légion étrangère et participe à diverses actions à Dakar, au Gabon, en Erythrée et en Syrie contre les forces françaises du général Dentz. En 1942 et 1943, il participe, en Libye, aux batailles de Bir Hakeim et d’El Alamein, et en Tunisie aux opérations contre l’Afrika Korps de Rommel. Il rejoint, en janvier 1944, l’état-major du général Koenig à Londres. Capitaine, il retrouve la France, par la Normandie, en août 1944 et entre à Paris le 25 août.

En janvier 1945, promu commandant, il est à Calcutta, commissaire de la république par intérim. Le 27 août 1945, il est fait prisonnier par le Viet-Minh immédiatement après son parachutage au Tonkin où il était prévu qu’il devienne commissaire de la république à Hanoï (c’est Jean Sainteny qui assumera ces fonctions). Il s’évade après deux mois de captivité et rejoint Hanoï. Rentré en France, il est secrétaire du comité interministériel de l’Indochine, puis, il retourne en Indochine en 1947-48 en tant que directeur du cabinet du Haut Commissaire, Emile Bollaert.

Par la suite, il est administrateur en chef de la France d’Outremer en Mauritanie en 1950, puis gouverneur de Mauritanie en 1952 et gouverneur de la Côte d’Ivoire de 1954 à 1956.

Cette année-là, il est directeur du cabinet de Gaston Defferre, ministre de la France d’Outremer dans le cabinet de « Front Républicain » de Guy Mollet. Il est Haut Commissaire de la France au Cameroun en 1956-58, puis Haut Commissaire en Afrique Equatoriale Française, puis en Afrique Occidentale Française en 1958-59.

Lieutenant-colonel de réserve, il est nommé, en février 1960, ministre des armées dans le gouvernement Debré où il remplace Pierre Guillaumat. Il y applique la politique de De Gaulle de dégagement de l’Algérie, épure l’armée de ses éléments opposés à l’abandon de l’Algérie, enjoint, avec Edmond Michelet, à Antonin Besson, procureur général près le Haut Tribunal Militaire, de requérir la peine de mort contre les généraux Challe et Zeller en mai 1961, demande de sanctionner les officiers qui tentent de faire passer des harkis en métropole pour les sauver d’un massacre certain.

12 mai 1962 / Télégramme de Pierre Messmer au général Fourquet lui demandant de sanctionner les officiers ayant pris sur eux d’évacuer des groupes de harkis depuis l’Algérie vers la métropole

Par la suite, il conduit jusqu’en1969 la mutation vers une armée organisée autour du concept de dissuasion nucléaire.  En 1968, il est élu député de la Moselle où il sera réélu jusqu’en 1988. En 1971-72, il est ministre d’Etat chargé des départements et territoires d’outremer. Georges Pompidou l’appelle comme premier ministre en juillet 1972, poste qu’il occupera jusqu’à l’élection de Valéry Giscard d’Estaing à la présidence de la république en mai 1974.

Membre de l’Académie des Sciences d’Outremer en 1976, de l’Académie des Sciences Morales et Politiques depuis 1988, élu Chancelier de l’Institut en 1998, il est élu à l’Académie Française en mars 1999 où il est reçu par le professeur François Jacob.

En octobre 1997, il est témoin, cité par la défense, au procès de Maurice Papon.
Grand-Croix de la Légion d’Honneur, Compagnon de la Libération, titulaire de la croix de guerre avec six citations, Pierre Messmer est l’auteur de quelques ouvrages dont:
–  Après tant de batailles, Mémoires, publié en 1992 chez Albin Michel;
–  Les Blancs s’en vont, publié en 1998 chez Albin Michel;

Il est décédé le 29 août 2007 au Val de Grâce. Ses obsèques ont été célébrées le 4 septembre 2007 à Saint Louis des Invalides en présence de Nicolas Sarkozy, président de la République, et de Jacques Chirac, ancien président de la République.

Les 17, 18 et 19 mars 1948, Raoul Salan, commandant du corps expéditionnaire en Extrême-Orient, pilote le Haut commissaire, Emile Bollaert accompagné de son directeur de cabinet Pierre Messmer, lors de sa tournée au Tonkin qui les mènent par la route de Haïphong à Huaidong, Dinh Lap et Langson avec retour à Hanoï  par An chau, Luc Nam et Huaidong.


Le 11 septembre 1960, Raoul Salan, qui, après son passage en 2ème section, s’est retiré à Alger  avec son épouse et sa fille dans sa villa baptisée « Dominique », est convoqué à Paris  par Pierre Messmer, ministre des Armées. Celui-ci lui notifie la décision du gouvernement de lui interdire de séjourner en Algérie.


Lors de l’audience du 15 mai 1962 du procès de Raoul Salan devant le Haut tribunal militaire, son défenseur, Maître Tixier-Vignancour indique au président que le ministre des Armées, Pierre Messmer, a interdit aux officiers en activité de venir témoigner à ce procès, ce qui le met en infraction avec l’article 173 du code pénal.

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