André Hartemann
André Hartemann est né le 23 juillet 1899 à Colmar (Haut Rhin) dans une vieille famille alsacienne établie dans le Sundgau. Son père, magistrat, s’était replié en Lorraine après la défaite de 1870. Après des études au lycée de Nancy, il entre à Saint Cyr en 1917 (promotion Sainte Odile-La Fayette) et combat sur la Somme dans les dernières semaines de la guerre. Jeune officier de tirailleurs marocains, il participe à l’occupation de la Haute-Silésie avant de rejoindre le Maroc en 1924, pour les opérations de pacification de la région de Taza et du Rif. Il suit l’enseignement de l’Ecole de Guerre en 1929, puis, officier d’état-major à Oran, passe son brevet d’observateur aérien. Après un temps de commandement dans un régiment de tirailleurs algériens à Constantine, il est nommé, en 1933, à l’état-major de la 5ème région aérienne à Alger.
Septembre 1939 le trouve au cabinet militaire du ministre de l’Air, Guy La Chambre. Muté à sa demande dans l’Armée de l’Air, il passe son brevet de pilote au début de 1940. En mai 1940, avec le grade de commandant, il prend le commandement en second du groupe de reconnaissance I/22 basé à Metz-Frascaty. Après l’armistice du 22 juin 1940, il commande le groupe I/22, replié à Rabat-Salé. Sanctionné pour le départ pour Gibraltar d’un avion de son groupe, André Hartemann se retrouve à Oran-La Sénia, puis, à Alger, au 3ème bureau de l’état-major de l’Air dont le chef est le général Bouscat. Après le débarquement anglo-américain du 8 novembre 1942 qui lui vaut une blessure par un obus américain, il reprend pour quelque temps son poste à l’état-major, puis obtient le commandement de l’aviation de débarquement et crée le 1er régiment de chasseurs parachutistes à Fez. Il y passe son brevet de parachutiste avant de remettre le commandement du régiment au commandant Sauvagnac. De retour à l’état-major à Alger avec le grade de lieutenant-colonel, il est membre de la Joint Air Commission qui regroupe Américains, Anglais, Canadiens et Français et y travaille, au profit de l’Armée de l’Air, à la création d’unités opérationnelles qui participeront à de nombreuses missions de parachutage en métropole, en faveur des maquis.
Après la libération, l’état-major de l’Air se réinstalle Boulevard Victor à Paris et le colonel Hartemann continue son travail d’organisation au Plan et au Service de Liaison Interallié.
Promu au grade de général de brigade en juin 1945, il participe à plusieurs missions aux Etats-Unis et en Angleterre avant de prendre, en décembre 1945, le commandement de la 1ère Division Aérienne à Lahr, en Allemagne occupée. De retour à Paris en septembre 1946 comme chef d’état-major, puis comme major général, il organise l’Armée de l’Air en tenant compte de l’expérience acquise au contact des alliés, avec comme adjoints les colonels Jouhaud et Challe.
En août 1949, général de division aérienne, André Hartemann prend la direction du Centre d’Enseignement Supérieur Aérien et le commandement de l’Ecole Supérieure de Guerre Aérienne.
Le 1er avril 1950, il est nommé à Saïgon, commandant des Forces Aériennes Françaises en Extrême Orient, succédant au général Bodet. Il y gagne la confiance du général de Lattre de Tassigny lors du pont aérien de Lai-Chau et, peu après, lors de la bataille de Vinh-Yen en janvier 1951. Retourné en France pour les funérailles de son épouse décédée brutalement en mars 1951 à Saïgon, il reprend son poste dés le début d’avril 1951. Le 27 avril 1951, le général Hartemann part de Saïgon pour Hanoï pour participer à une journée d’opérations au Tonkin. Le 28 avril au matin, en provenance de Hanoï, il se pose sur la base de Cat-Bi, au Sud-Est d’Haïphong. Il en redécolle à bord d’un bombardier B26 pour une reconnaissance aérienne sur la frontière chinoise. Nul ne l’a jamais revu ni aucun des trois autres membres de l’équipage. Le bombardier s’est vraisemblablement écrasé dans la région de Cao Bang, mais aucune trace n’en a été retrouvée.
André Hartemann était commandeur de la Légion d’Honneur.
André Hartemann et Raoul Salan sont camarades de promotion à Saint Cyr. Ils se retrouvent à Alger en 1943. C’est en Indochine qu’une étroite et confiante collaboration s’établit entre les deux hommes qui exercent de lourdes responsabilités, l’un comme commandant de l’aviation en Indochine et l’autre comme adjoint opérationnel du général de Lattre. Très touché par sa disparition, le général Salan écrira dans ses Mémoires : « Hartemann, mon camarade de promotion, était adoré dans l’Armée de l’Air où l’avenir le plus haut l’attendait. Pour l’Indochine, c’est une lourde perte. »