Yves Godard
Né le 21 décembre 1911 à Saint-Maixent (Deux-Sèvres), Yves Godard est élève-officier à Saint-Cyr dans la promotion 1930-1932. Il est affecté au 27ème Bataillon de Chasseurs Alpins (B.C.A.) à la sortie de l’école. Prisonnier en 1940, il tente plusieurs fois de s’évader et réussit à sa troisième tentative. Il reconstitue le 27ème B.C.A. dans les maquis savoyards et termine la guerre à sa tête sur le front des Alpes. Après une période d’occupation en Autriche où il pratique intensément le ski et un passage à l’état-major de l’armée, il commande le 11ème bataillon de Choc de 1948 à 1952.
Muté à sa demande en Indochine, il sert sous les ordres du général Gilles, du général Gardet et du colonel de Crèvecœur. Il commande la colonne dite « Crèvecoeur » qui, au printemps de 1954, se dirige, à partir du Laos, en direction de Dien Bien Phu avec pour mission de recueillir les possibles rescapés ayant réussi une éventuelle sortie du camp retranché.
En Algérie en 1955, il est chef d’état-major du Groupe Parachutiste d’Intervention (G.P.I.) commandé par le général Massu et qui deviendra, peu après, la 10ème Division Parachutiste. A l’automne 1956, il participe à ce poste à la campagne d’Egypte à Port Fouad et Port Saïd. En 1957, au cours de la bataille d’Alger, il est nommé commandant du secteur d’Alger-Sahel par le général Massu auquel les pouvoirs de police ont été délégués par l’autorité civile. Le 17 mai 1958, il est nommé par le général Salan directeur général de la sûreté en Algérie. Après l’affaire des barricades de janvier 1960, il est muté à Nevers. Au moment du coup d’Alger du 22 avril 1961, il est à Alger avec les quatre généraux et prend le commandement de la zone Nord-Algérois. Après son échec, il entre dans la clandestinité et participe à l’organisation de l’O.A.S. dont il devient l’un des principaux responsables en Algérie sous les pseudonymes de Claude, Khider, Françoise ou B15.
Il quitte l’Algérie à l’été 1962 et disparaît jusqu’en 1967. Pour ses actions au moment du coup d’Alger et dans l’O.A.S., Yves Godard est condamné à mort par le Haut tribunal militaire, puis à vingt ans de détention criminelle par le tribunal militaire spécial et, de nouveau, à la peine de mort par la Cour de sûreté de l’Etat. Amnistié en 1968, il termine sa vie en Belgique à la tête d’une petite entreprise de revêtement de sol. Il meurt le 3 mars 1975 à Lessines.
Commandeur de la légion d’honneur, Yves Godard avait entrepris la rédaction d’un ouvrage intitulé « Les trois batailles d’Alger » dont un seul tome a été publié par Fayard en 1972 sous le titre : « Les paras dans la ville ». (Des extraits du deuxième tome ont été publiés dans « Soldats du djebel » de François Porteu de la Morandière, S.P.L. 1979)
Quand Raoul Salan prend ses fonctions de commandant supérieur interarmées en Algérie, le 1er décembre 1956, il retrouve Yves Godard, qui avait appartenu à son état-major à Paris au début de 1955. Chef d’état-major du général Massu à Alger à la 10ème Division Parachutiste, le 16 janvier 1957, quelques minutes après l’attentat du bazooka contre le général Salan, tous deux descendent dare-dare à l’hôtel de la 10ème région pour y trouver Raoul Salan « pâle et encore plus hermétique que d’habitude ».
Le 17 mai 1958, le général Salan, qui assume l’ensemble des pouvoirs civils et militaires en Algérie, nomme Yves Godard directeur général de la sûreté en Algérie.
Quand le général Salan arrive à Alger, le 23 avril 1961, le colonel Godard y est à pied d’œuvre . Par la suite, pendant la période de l’O.A.S., et en fonction des évolutions de son organisation en Algérie, Yves Godard est présent sur place à Alger et coordonne autant que faire se peut les activités de l’O.A.S en Algérie.