Bulletin 22
Disparitions
Maître Biaggi
Le colonel Pierre Lecomte
Nos adhérents ont publié
Edmond Michelet est-il un saint de Bernard Zeller par Jean-Paul Angelelli
Serge Jourdes : La zone OAS Ouest Mitidja, 1er semestre 1962
Rapports du Général Jean Callies
Biographie / Jean-Baptiste Biaggi
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Disparitions
Deux très fortes personnalités nous ont quittés : Me Jean-Baptiste Biaggi et le colonel Pierre Lecomte. Dans la deuxième partie de ce bulletin, la biographie de maître Biaggi est illustrée par quelques épisodes marquants de sa vie aventureuse. Nous espérons pouvoir donner dans le prochain numéro une biographie de ce grand soldat que fut le colonel Lecomte.
Nos adhérents ont publié
Dominique Bonelli est Corse, né en Algérie, d’un père militaire. Cela fait trop pour un destin ordinaire. Le destin de Dominique Bonelli n’est pas ordinaire. Engagé à 22 ans pour combattre en Indochine, il est lieutenant au 8ème choc, fait prisonnier à la fin de Dien Bien Phu. La longue marche des prisonniers, la captivité (70% des prisonniers du Vietminh ne sont pas revenus) n’ont pas raison de son énergie. Il retrouve l’Algérie et réalise son rêve : la Légion. C’est le 1er R.E.P. avec un chef prestigieux : le colonel Jeanpierre. Blessé le jour de la mort de celui-ci, il est capitaine au moment du coup d’Alger d’avril 1961. Jugé avec ses pairs, Bésineau, Borel, Carreté, Catelotte, Coiquaud, Estoup, Rubin de Cervens, et Ysquierdo, avec les lieutenants Durand-Ruel et Picot d’Aligny d’Assignies et avec l’adjudant Giubbi, il est condamné à la prison avec sursis et doit quitter l’armée. Après, ceci est une autre histoire. Un livre unique.
Bénédicte Helcégé, L’arbre à papillons, 314 p. , 22 €, L’Esprit du Livre, 2009
Edmond Michelet, né le 8 octobre 1899, résistant dès le 17 juin
1940, est déporté au camp de Dachau de septembre 1943 à mai 1945. Il est ministre des armées de novembre 1945 à décembre 1946. Député puis sénateur de 1946 à 1958, il milite activement pour le retour au pouvoir du général de Gaulle. Au plus fort de l’affaire algérienne, il est ministre de la justice d’avril 1959 à août 1961. Au conseil constitutionnel de 1962 à 1967, il est de nouveau député en 1967, puis ministre de la fonction publique.
Il soutient la candidature de Georges Pompidou à l’élection présidentielle de 1969 et devient son ministre de la culture. Il meurt le 9 octobre 1970, un mois avant celui qu’il considérait comme son monarque. Sa cause de béatification a été introduite en 2006. Quel homme public Edmond Michelet a-t-il été avant et après la seconde guerre mondiale ? C’est à cette question qui en appelle de nombreuses autres que tente de répondre ce livre.
135 p. , 10 € (franc de port chez l’auteur, 9 Bld Morland 75004 Paris), 2009
Roger Holeindre a été le plus jeune combattant de la résistance. A quinze ans, en août 1944, il enlève deux mitrailleuses aux Allemands. Il s’engage pour l’Indochine en 1947 où il combat avec la 1ère Division Navale d’Assaut. Lors d’un autre séjour, il est engagé avec la 1ère demi-brigade de commandos parachutistes. En Algérie, il sert au 8ème R.P.C. et y est grièvement blessé avant de se consacrer à l’assistance aux jeunes musulmans.
Il a réuni dans cet ouvrage, sous-titré Histoire du gaullisme, une accumulation de faits historiques concernant Charles de Gaulle qui laisse pantois. De 1940 jusqu’à 1970, rien ne lui échappe. Nous pensions que « Popeye » était un fantassin, aujourd’hui il est également artilleur et ajuste des munitions de gros calibre, des munitions intelligentes qui font mouche sur la statue mythique du général de Gaulle. Une somme.
704 p., 29 €, 2009, Editions Heligoland
Bernard Zeller : Edmond Michelet est-il un saint ?
Jean-Paul Angelelli
Dans le dossier qu’il avait consacré à l’action d’Edmond Michelet, ministre de la Justice lors du procès des généraux Challe et Zeller (Bulletin des Amis de Raoul Salan, n°15, du 4ème trimestre 2007), Bernard Zeller avait écrit : « Il n’existe pas, à notre connaissance, d’ouvrage faisant un bilan exhaustif de l’action d’Edmond Michelet en tant que Garde des Sceaux ». Ce bilan, il vient de le faire – et bien au-delà de la Justice – et de le publier ; Bernard y a travaillé des années et le résultat est étonnant. C’est une biographie très fouillée appuyée sur des documents irréfutables : les articles, déclarations, les livres, la carrière de Michelet avec de multiples références à des auteurs qui souvent ne sont pas de nos amis. Bernard Zeller n’a pas voulu tomber dans la polémique. Il ne cite pas, par exemple, les pages très dures que Jacques Laurent a consacré à Michelet dans son pamphlet « Mauriac sous de Gaulle » (La Table Ronde, 1964, pp.152-157). Il ne veut pas s’immiscer dans l’actuel processus de béatification, laissant leurs responsabilités aux autorités ecclésiastiques. Mais Michelet a été un homme politique important. Ayant exercé de très hautes fonctions d’Etat, il ne peut échapper à une étude critique mais raisonnée. Elle n’en a que plus de portée…
Le livre comporte pas moins de seize chapitres avec des notes en bas de page, des renvois précis en fin de volume et un index nourri. Il est difficile d’en donner un compte rendu complet. Nous laisserons les premiers chapitres biographiques pour nous concentrer sur les chapitres de synthèse comme :
- Michelet, ministre de la Justice (1959-1961)
- L’affaire Si Salah
- Edmond Michelet et l’Algérie
- Edmond Michelet et le gaullisme
Prenons l’Algérie qui est certainement la partie la plus intéressante pour nos lecteurs.
Avant 1958, Michelet est « Algérie française ». Même s’il n’est pas aussi virulent que le coléreux Debré, il va jusqu’à écrire dans Le Monde et dans un livre que la victoire du F.L.N. en Algérie serait « la victoire posthume de Hitler ». Il accuse d’ailleurs les « rebelles d’Algérie d’une frénésie raciste analogue à celle de Hitler ». Il est vrai qu’en même temps, Michelet peut témoigner pour des gens compromis (affaires Coudre et Rahmani) ; comme excuse : sa charité… Mais nommé ministre de la Justice, l’attitude de Michelet va changer. Totalement fidèle à de Gaulle dont il exécute les ordres « perinde ac cadaver », en 1959, il libère des milliers de prisonniers F.L.N., il en fait gracier des centaines d’autres condamnés à mort pour des crimes de sang et il cautionne une réforme profonde de la Justice où le droit est malmené et où la peine de mort peut être réclamée pour des crimes politiques (ordonnance 60529 du 4 juin 1960). C’est en s’appuyant sur celle-ci que Michelet, soutenu par d’autres ministres gaullistes, demande au procureur général Besson son application contre les généraux Challe et Zeller jugés après le coup d’Alger d’avril 1961. Il ne cachait pas d’ailleurs que si Challe pouvait être épargné, le général André Zeller méritait d’être fusillé. Besson ne céda pas, comme il l’a raconté plus tard…Il requit pour les deux hommes la détention criminelle à perpétuité. Qui fut réduite à un verdict de quinze ans. Ce que Michelet trouva « scandaleux ». Et lui qui avait été si modéré pour les condamnés et même les prisonniers F.L.N. (à qui il octroya un statut très libéral au point que c’est le F.L.N. qui gérait les prisons). Il n’eut pas la même mansuétude pour les condamnés « Algérie française ». Comme en témoigna le commandant de Saint Marc…
Autre sujet difficile, car les archives officielles sont encore interdites. Quelle a été l’attitude de Michelet lors de l’affaire Si Salah ? Certains membres de son cabinet (Gosselin, Rovan) Accueil de Ben Bella par le général Katz à Oran le 12 juillet 1962
Extrait de la « une » de
La Liberté « il » est Ben Bella du 13 juillet 1962
Extrait de la page 12 de Le pronom »il » de la
La Liberté première phrase fait du 13 juillet 1962 référence à Ben Bella
(La Liberté est en 1962, avec La Montagne, le
grand quotidien du
Massif Central)
Question
écrite A notre
extraite du connaissance il Journal n’y a pas eu de Officiel de la réponse à cette
République question.
Française daté du
samedi 4 août 1962
sont en contact avec Tunis, c’est-à-dire le G.P.R.A. et plus particulièrement Krim Belkacem. Ont-ils informé Tunis du ralliement possible de Si Salah ? D’où la riposte du G.P.R.A. qui envoie en Algérie l’officier félon Bencherif pour punir les traîtres.. Ex-officier français, Bencherif avait déserté après avoir exécuté les soldats européens et aussi des musulmans de sa section. Il avait été condamné à mort par contumace. En Algérie, au cours de sa mission, il fut arrêté et échappa à la mort de justesse. Transféré d’urgence à Paris, il échappa au châtiment suprême. Son dossier avait disparu….Prisonnier modèle, il recouvra la liberté après les accords d’Evian. Le dossier avait été retrouvé. Un hasard ? Ce fait est l’un des plus scandaleux sous Michelet ministre. Il y en eut d’autres, des fuites dans Le Monde sur des dossiers sensibles. Finalement, Debré le contraignit à quitter le gouvernement en août 1961. Il faut croire que la coupe débordait.
En 1963, Michelet fut nommé à la tête de l’association France-Algérie (qui existe toujours, président Pierre Joxe). Depuis 1962, L’Algérie a connu des milliers d’enlèvements d’Européens et les massacres des harkis. Michelet est-il intervenu ? Si oui, où sont les preuves ? En 1967, ministre de Pompidou, il va à Alger où il est reçu avec tous les honneurs par Boumediene et même fait « citoyen d’honneur » de la ville d’Alger. A la mairie, le maire lui présenta la quasi-totalité d la classe politique de l’Algérie indépendante. Ajoutant : « De tous ces hommes, un sur deux vous doit la vie ». Il y en avait au moins un, Krim Belkacem, qui n’était pas là. Il s’était réfugié en France après 1962 et était protégé par Michelet. Une semaine après le décès du ministre (9 octobre 1970), Krim eut l’imprudence d’aller en Allemagne pour traiter d’affaires. Il fut étranglé dans sa chambre d’hôtel, victime du même châtiment qui avait été appliqué au leader F.L.N. Abane Ramdane en 1957 ; Krim avait été l’un des responsables de cette liquidation….
Michelet a-t-il des excuses ? Dans son livre « Le gaullisme, passionnante aventure » (Fayard), il se gausse des émeutiers d’Alger (notons le terme) de mai 1958 qui ont cru que de Gaulle était favorable à l’intégration. Lui, il savait, parce que de Gaulle le lui avait dit en privé en 1955, que « l’Algérie, c’est foutu ».
La simple morale ne lui commandait-elle pas au moins de ne pas mentir avant 1958 ? S’il a une excuse, c’est son inconditionnalité gaulliste et même sa vénération pour de Gaulle qui a quelque chose de religieux. N’écrit-il pas qu’il s’est « converti au gaullisme » ? On a envie de lui répondre : « Gaullisme, que de crimes ont été commis en ton nom ». Bernard Zeller est plus nuancé. Il écrit (ce sont ses dernières lignes) que « le gaullisme intégral de Michelet l’a conduit à une nouvelle forme du « Politique d’abord ». Vivant, Michelet aurait peu apprécié l’allusion à la devise maurrassienne. Il avait été d’Action Française dans sa jeunesse. Qu’il avait quittée lorsque le Vatican condamna l’A.F. compromise par le « Politique d’abord ». Il y a là une étonnante contradiction qui peut peser lourd dans son procès de béatification.
135 pages, 10 euros (franc de port) chez l’auteur : 9 boulevard Morland, 75004 Paris
Bernard Zeller, en l’attente de références plus précises, n’a pas fait apparaître dans la première édition de son ouvrage un certain nombre de faits qui sont choquants : le salut d’Edmond Michelet à Ben Bella transmis le 12 juillet 1962 à Oran par le général Katz (voir page précédente) et, d’une toute autre nature, le soutien apporté peu avant sa mort par Edmond Michelet à Paul Touvier dans le processus d’obtention d’une grâce présidentielle. Sur ce dernier point, ce n’est point le soutien en lui-même qui choque mais la différence de comportement de l’ancien ministre de la justice : compassion et mansuétude pour Touvier, permanence d’une animosité profonde envers ceux qui voulaient garder l’Algérie dans la République Française.
Serge Jourdes
Serge Jourdes (à droite) en 1960 : il a un peu plus de cheveux qu’aujourd’hui; à gauche, Marcel Rambert
Premier interrogatoire de Serge Jourdes lors du procès des Barricades (rapporté dans L’Aurore)
La Zone O.A.S. « Ouest Mitidja » – 1° Semestre 1962
- Septembre 1961. Fin du procès « Complot de Paris», 2ème acquittement après celui des Barricades, mais toujours interdit de séjour en Algérie. Le capitaine Pierre Sergent et le lieutenant Jacques Godot, anciens du 1er R.E.P, ont quitté l’Algérie après le putsch pour la métropole, avec pour mission de créer l’O.A.S. Metro.
Novembre 1961. Message de Pierre Sergent : « Serge, le colonel Yves Godard souhaite ton retour sur Alger. »
Début janvier 1962. Début de ma clandestinité, je suis hébergé chez des amis à Marseille en attendant les ordres.
- janvier 1962. Départ de Marseille sur un cargo avec le colonel de Sèze, en mission auprès du Général Salan.
A Alger, dès le 24 janvier au matin, je retrouve les colonels Gardes et Godard et le Docteur Jean-Claude Perez. Le général Salan est le patron, le chef respecté et incontesté, ses adjoints sont :
Le colonel Gardes, chargé de l’action psychologique,
Le colonel Godard, chargé des relations militaires,
Le docteur Perez, responsable du renseignement et des opérations à l’échelon national, (O.R.O.)
Le lieutenant Roger Degueldre, chargé du Bureau Action Opérations: (B.A.O.), subordonné à l’O.R.O.
Sur exigence de J.C. Perez, avec nomination officielle du général Salan, je prends le commandement de la zone Ouest Mitidja, avec pour adjoint un garçon courageux et intelligent, « Stephane», de son vrai nom Norbert Phal.
Je suis sous l’autorité de J.C. Perez et de Roger Degueldre (Delta). Je les rencontre régulièrement au P.C. de Jean Claude Perez, boulevard du Télemly à Alger.
Roger me fournit une vraie fausse carte d’identité au nom d’Henri Cazes. Grâce à Marcel Weckel, patron de l’Électricité et Gaz d’Algérie (E.G.A.) et à mon ami Henri Zammit, cadre de l’E.G.A., je suis en possession d’une carte professionnelle de contre- maître principal des « Lignes et Postes », avec la possibilité d’emprunter « pour la journée » un Land Rover, avec échelles et isolateurs, ce qui me permet de circuler sans problème dans toute ma zone. Février 1962. Organisation de la Zone Ouest Mitidja.
Stéphane est le responsable de l’O.R.O. en liaison directe avec Jean-Claude Perez, quant à moi, Roger me demande de m’occuper des relations militaires et me donne ses contacts sur Cherchell, Blida, Tipasa, les S.A.S. et harkas de la zone, plus une « mission », car il estime à juste raison, que le succès de l’O.A.S. passera obligatoirement par le ralliement de militaires, il faut donc créer des centres d’hébergements qui les recevront et assurer leur logistique, une épicerie tenue par un de mes amis à Souma, près de Boufarik, centralise déjà tout le côté « nourriture ». A moi de trouver les fermes qui accepteront de recevoir pour quelques jours nos amis, la tache n’est pas facile, inutile de commenter.
Côté contacts militaires, une aide, un accueil sympathique, surtout des petites unités, mais quant à rejoindre l’O.A.S., on me fait gentiment comprendre que c’est une décision qui sera prise plus tard à un autre échelon.
Début mars 1962. Jean-Claude m’informe de la création d’un petit maquis, stationné près du village de Oued-Djer, entre El Affroun et Ameur-El-Aïn, composé d’une douzaine de jeunes garçons issus des quartiers du Ruisseau et du Champs de Manoeuvre d’Alger. Son frère, Jacky, les accompagne. « Serge, il faut aller les voir au plus tôt, Roger va te donner les coordonnées des militaires à contacter sur place, qui les protègent ». Dès le lendemain, visite sur place, nos jeunes sont en sécurité, mais cette situation ne peut durer. Rapport à JeanClaude : « Roger va s’en occuper ».
19 mars 1962. C’est le prétendu « cessez-le-feu ». La France reconnaît la victoire du F.L.N.
Un tournant dans notre combat, pour ma part, je réalise mal.
23 mars 1962. Insurrection, et siège de Bab-El-Oued, premier gros revers de l’O.A.S.
26 mars 1962. Manifestation des algérois, organisée par le colonel Vaudrey, alors que tous les hommes de Roger sont absents, car en partance pour le maquis de l’Ouarsenis. Jean-Claude nous interdit d’aller à la manifestation, il redoute un dangereux traquenard, compte tenu des menaces de Christian Fouchet, nouveau Haut Commissaire en Algérie, proférées à la télévision le 25 mars au soir. Mais peut-être un sursaut des européens ?
- mars 1962. Départ de Maison Carrée d’un train de marchandises direction Miliana, avec tous les hommes en armes de Roger, plus les membres du petit maquis de Oued-Djer.
Mission : Rejoindre le colonel Gardes.
- mars 1962. Échec du maquis de l’Ouarsenis. Deuxième gros revers de l’O.A.S. Retour sur Alger, sauf pour une douzaine d’hommes, commandés par un Lieutenant d’active, « Béatrice », qui a rejoint l’O.A.S., ils créent un petit maquis à Meurad, près de Marengo. Ils sont sous la protection du responsable O.A.S. de Marengo, Michel, et de l’armée, avec pour mission de protéger le bachagha Laradji et harceler le commando de la Wilaya IV.
9 avril 1962. Vers midi trente, je revois une dernière fois Roger, en haut de la rue Michelet : « Serge, il faut aller dès que possible à Blida-Joinville, voir le capitaine para X qui te conduira à Chréa récupérer des armes et aussi rendre visite au bachagha Laradji et au maquis à Meurad, où ça « patine ».
Roger est arrêté en début d’après-midi dans l’immeuble de Télemly où nous le rencontrons régulièrement, victime d’une trahison. Début de l’après-midi, je suis à BLIDA, où le capitaine X annule notre voyage sur Chréa, en raison de bouclages.
20 avril 1962. Consternation dans toute l’Algérie, l’O.A.S. perd son drapeau, son Chef, le général Raoul Salan est arrêté, encore une trahison. Pour moi, des missions à terminer.
Visite au Bachagha Laradji vers la mi-avril
Henri Zammit, avec une voiture de service E.G.A. me transporte à Blida, où je dois retrouver un de mes amis O.A.S. qui me conduira jusqu’à El Affroun. Mais depuis l’assassinat du docteur Boillée, responsable O.A.S. de Blida, enlevé et tué à la hache par le F.L.N., l’O.A.S. Blida est traumatisée, c’est encore Zammit qui me conduira jusqu’à El Affroun, où le responsable O.A.S. est Henri Viala, homme d’un grand courage, beau frère de Lucien Berardi, une figure à Cherchell, il vit avec sa famille à Alger, où je vais souvent me réfugier. Henri Viala m’invite à déjeuner et propose de me conduire à Ameur-El-Aïn au café, avant de partir, visite de trois harkis à qui on a fait signer des « permissions » qui sont en fait leurs démissions de leur harka. Bravo !
A Ameur-El-Aïn, je suis hébergé chez le maire qui me fera le lendemain véhiculer jusqu’à Marengo, où je retrouve le responsable O.A.S. « Michel » que j’ai connu lors de la fête de fin de stage à l’École Militaire de Cherchell en 1949.
J’apprends que le maquis est dissous et que le bachagha Laradji souhaite me rencontrer chez des amis à Meurad en fin d’après-midi.
Long tête à tête, ses gardes sont dans une pièce voisine et Michel est reparti à Marengo, il viendra me reprendre le lendemain matin. le bachagha : « Merci de venir, on m’a annoncé votre visite, je sais que vous avez rejoint le général Salan, aujourd’hui je suis très inquiet pour ma famille et moi-même. Que va faire la France, va-t-elle trahir son serment :avoir juré de nous protéger, et de jamais nous abandonner ? Que peut, que va faire l’O.A.S. ? »
Compte tenu du couvre feu, nous sommes longtemps restés face à face devant des tasses de thé à la menthe. J’ai honte pour mon pays. Le lendemain matin, Michel, me conduit jusqu’à Tipasa, où je retrouve le lieutenant du 11ème Choc, qui m’a présenté à Alger à Roger Degueldre, départ pour Castiglione, où je fais la connaissance de Roger Piegts, le frère de Claude, qui sera fusillé sur ordre de Gaulle. Retour à Alger, fin de voyage.
Compte rendu à Jean-Claude Perez et au colonel Gardes qui s’occupera du départ de la famille Laradji, pour la France, où elle se fixera près de Toulouse. Quant aux hommes du maquis de Meurad, ils sont rentrés à Alger, sauf six d’entre eux, anciens militaires qui avaient rejoint le maquis de l’Orléansvillois, ils ont trouvé refuge dans une ferme aux environs d’Alger, propriété d’un ami, Roger Daboussy. Avec Stephane, nous allons les voir. Dans la ferme, beaucoup de monde, des hommes en armes viennent et repartent. Nous sommes inquiets, mais que faire ? Trois jours après notre visite, Jean Gardes, m’informe que nos six garçons sont en prison à Tizi-Ouzou, qu’il va les faire libérer rapidement et qu’il lui faut six places de bateau en partance pour la métropole. C’est monsieur Pierson, ingénieur en chef de l’E.G.A., ancien cinq galons de la Marine qui me remettra les six places, trois jours plus tard, de la part de monsieur Marcel Weckel, Directeur Général de l’E.G.A.
C’est chez les « Jimenez », fidèles amis de Jean Gardes, que je retrouve ce dernier : « Bon, merci pour les places, parlons de votre départ.»
Le 22 juin 1962, avec mon adjoint et ami Stephane, nous prenons nous aussi, un bateau pour Marseille, comme moniteurs d’une colonie de vacances dans le Var, créée par madame et monsieur Jimenez.
Le 5 Août 1962. Message de Pierre Sergent, transmis par le lieutenant Godot : « Dissolution de l’O.A.S. Algérie »
Le 17 octobre 1962. Grâce à J.L. Tixier-Vignancour et J. Isorni, fini Henri Cazes, je reprends mon identité et mon « job » à l’E.G.A. – Paris.
C’était çà aussi l’O.A.S.
Serge JOURDES
Rapports du général Callies
Jean Callies est né au Relecq-Kerhuon le 7 août 1896. Son père était officier d’active. Il fait ses études au lycée de Nîmes (lycée où Raoul Salan a également fait ses études) et entre à Saint-Cyr en août 1914 (promotion de la Grande Revanche). Il fait la guerre de 1914-1918 dans l’infanterie et la termine comme lieutenant. Capitaine dès 1919, il est, dans les années 1920, des campagnes du Levant et du Rif. Dans les années 30, il alterne les séjours en France et au Maroc. En juin 1940, il est chef d’état-major de la VIIIe armée (général Laure). Après l’armistice, il est muté au Maroc, à la tête du 8ème régiment de tirailleurs marocains. C’est lui qui est chargé de créer, fin 1942, le Centre d’Instruction des Elèves Officiers de Cherchell. Il prend part par la suite aux campagnes de Tunisie, d’Italie, de France et d’Allemagne. En 1944, général de brigade, il commande l’infanterie de la 2ème division d’infanterie marocaine, puis en 1945, la 1ère division d’infanterie. Après divers commandement en France et en Allemagne, le général de corps d’armée Callies commande la 10ème région militaire (Algérie) de 1950 à 1954. Général d’armée en 1954, il est nommé inspecteur des forces terrestres, maritimes et aériennes d’Afrique du Nord en septembre 1954, poste qu’il conserve jusqu’en 1957, date de son passage en 2ème section.
Mort en 1986, le général Callies était grand-Croix de la Légion d’honneur, et titulaire de la médaille militaire, des croix de guerre 14-18, 39-45 et des T.O.E. et d’un total de 21 citations.
Le barrage frontalier algéro-tunisien Les rapports du général Callies
Jacques Valette
En 1956 et 1957, le général Callies, Inspecteur général de la défense de l’Afrique du Nord, rédige trois rapports sur le problème de l’aide de la Tunisie aux fellaghas algériens. Des copies en sont conservées dans les archives du général Salan. Le général Callies témoigne nettement et de la situation réelle et des réactions du commandement local contre le gouvernement de Paris. Cette exaspération est, sans doute, une des origines du comportement des militaires en mai 1958.
Dans le document, que nous reproduisons, il assure avoir « longuement conféré » en Tunisie avec le général Ballif, commandant supérieur, avec les généraux Gambiez, commandant la 2ème Division d’Infanterie, et avec le général Debernardy, commandant l’Air, avec le général de Guillebon qui, à Gabès, était responsable de la frontière avec la Libye et avec le SudAlgérien. En Algérie, il a noté les opinions du général Noiret, commandant le Corps d’Armée de Constantine, et du commandant en chef, le général Salan. Il insiste sur la dégradation rapide de la situation militaire française.
- Le 24 novembre 1956, il avait déjà attiré l’attention sur un fait : les anciens protectorats, Tunisie et Maroc, devenaient les bases arrière du F.L.N.. Les gouvernements « fournissent ouvertement armes, munitions, explosifs, ravitaillement » ; ils « retournent contre la France les armements et équipements fournis par elles aux armées nationales », et ils crient « mensongèrement à la provocation à chaque incident suscité sur leur ordre ». (Général Callies au ministre, 24 novembre 1956)
Un mois plus tard, le ton devient plus grave. Les généraux sont dans « l’impossibilité de remplir les missions » confiées par le gouvernement, car « leurs protestations ne sont pas écoutées ». Sont menacées « la sécurité des personnes, des biens, des intérêts français dans ce pays », et aussi « la pacification de l’Algérie et la défense en temps de guerre de l’Afrique du Nord ». (8 décembre 1956)
- Il insiste sur la situation en Tunisie, où les unités françaises sont « frappées d’impuissance ». Des barrages les ont empêchées de circuler. Le 26 octobre, le cadi de Béja avait arrêté un convoi, qui avait été contraint de demeurer isolé et cerné pendant plusieurs jours. Les services de renseignement avaient été supprimés. On redoutait que Bourguiba ne réclame la « Suppression des forces françaises du Sud-Tunisien, puis de la frontière algérotunisienne, puis du reste du pays », ouvrant ainsi largement son pays aux actions du F.L.N.. Ainsi, les troupes ne pourraient « plus assumer leur mission de protection de l’Algérie, à la frontière tripolitaine comme à la frontière algéro-tunisienne ».
- Le général envisage d’abord une simple pression politique, « lier au plus tôt l’aide financière, technique et économique » à la « cessation de l’aide apportée à la rébellion algérienne ». Il évoque ensuite, instruit par l’exemple de la frontière marocaine, un système à la fois compliqué et rudimentaire avec un « réseau de barbelés avec mines », des patrouilles « rapidement soutenues », des pisteurs relevant la trace d’un passage. L’un d’eux alerterait « le poste le plus voisin », un autre suivrait « à vive allure la piste suspecte ». L’intervention d’une patrouille motorisée liquiderait alors les intrus.
Il avoue lui-même les limites de son système : les traces seront rares sur les terrains pierreux, fermer par des groupes d’embuscade demanderait « d’énormes efforts » sur les secteurs montagneux, la chose deviendrait impossible. Comment fermer les 300 kilomètres « montagneux et boisés » dans la région de Tébessa ? Enfin, la collecte de renseignements sera toujours nulle, tant que l’ambassadeur à Tunis, Roger Seydoux, en résidence à Paris depuis l’arrestation de Ben Bella, n’aura pas levé son interdiction.
Il attend donc, des « directives gouvernementales » rendant aux généraux une autorité complète, faute de quoi, des « catastrophes » se préparent. Les « généraux responsables » sont « décidés à donner leur démission », refusant d’ « avaliser la politique de l’ambassade ». Bref, « le gouvernement doit savoir que la situation est extrêmement grave ».
Il est évident que le projet du général Salan d’organiser un système d’armes complexe sur la frontière, mais sur le sol français libéra le gouvernement.
Vue d’un tronçon du barrage de l’est en 1958
Jean-Baptiste Biaggi
Eléments biographiques
Jean-Baptiste Biaggi est né le 27 août 1918 à Ponce, à Porto Rico où sa famille avait émigré. De retour en Corse, il fait ses études au lycée de Bastia puis à l’école Lacordaire à Marseille avant de rejoindre Paris et sa faculté de droit. Il est licencié en droit et diplômé d’études supérieures en histoire du droit et droit romain, en droit privé et en droit public. Il est lauréat de la faculté de droit de Paris et du concours général.
Dès son jeune âge, à Cagnano, son village, il lit l’Action Française que lui prête un ancien marin qui y est abonné. A la faculté de droit, il est délégué de l’Action Française, ce qui lui donne le privilège de faire le discours de bienvenue à Charles Maurras lors du banquet annuel des étudiants d’Action Française que ce dernier préside.
.Jean-Baptiste Biaggi s’engage en 1938 et, en mars 1939, il est aspirant au 1er régiment de dragons portés à Pontoise. Le 10 mai 1940 son régiment fait mouvement vers la Belgique. Il reçoit le baptême du feu à Hüy. Echappant à l’encerclement après la percée de Sedan, il est très grièvement blessé et soigné à Saumur et à Paris. Réformé définitif, il poursuit sa convalescence à Marseille où il rencontre Alain Griotteray. Au sein du réseau Orion, il organise à partir de 1942 une filière d’évasion par l’Espagne, y compris à partir de Paris. C’est là qu’il est arrêté par la Gestapo en décembre 1943 à la suite d’une trahison. Il connaît la rue des Saussaies, Fresnes et le Frontstalag de Royallieu près de Compiègne (où il fait connaissance du futur général Cogny). Le 4 juin 1944, Jean-Baptiste Biaggi est désigné pour partir pour Neuengamme en tant que déporté Nacht und Nebel . Décidé à s’évader pendant le transfert, il doit avec, quelques camarades, menacer ceux de son wagon qui s’y opposent. Entassés comme des animaux, ils arrivent à entamer la porte du wagon au moyen de la scie qu’ils ont réussi à dissimuler. Entre Chalons-sur-Marne et Vitry le François, Martin, Le Meur et Biaggi sautent en marche. Recueillis par un prêtre à Coole, ils profitent de la solidarité corse pour obtenir de faux papiers du préfet de la Marne, Louis Peretti de la Rocca, et retourner à Paris.
Il reprend immédiatement contact avec Alain Griotteray qui le charge de faire le relevé du dispositif de défense de la côte méditerranéenne. Il est à Paris lors de la libération de la ville, rejoint les commandos de France d’Henry d’Astier de la Vigerie et crée le 4ème commando qu’il emmène au combat en Alsace et en Allemagne. Il est blessé à Koenigsbach.
Après la guerre, Bat, c’est le nom que tous ses amis lui donnent, est avocat à la Cour de 1947 à 1992.
Dès 1947, il est membre du R.P.F. et s’occupe du service d’ordre. En 1956, il est l’un des organisateurs avec Mario Faivre et André Achiary de la réception de Guy Mollet, et du général Catroux s’il était venu, dite « journée des tomates », le 6 février à Alger. C’est à partir de ce jour qu’Alger se rend compte de son pouvoir, qui culminera en mai 1958.
Peu après, Bat crée avec Alexandre Sanguinetti le Parti Patriote Révolutionnaire qui sera dissout le 15 mai 1958.
Le 17 mai 1958, Jean-Baptiste Biaggi et Alain Griotteray qui viennent d’arriver à Alger sont expédiés « manu militari » à Adrar, au centre du Sahara, sur ordre du général Salan. Ils s’en échappent mais ne peuvent jouer un rôle à Alger lors de la seconde quinzaine de mai. Peu après, il écrit une lettre au général Salan dont la copie figure ci-après.
Note du général Salan au lieutenant-colonel commandant le sous-secteur d’Adrar
Lettre de J.B. Biaggi au général Salan 1/4
Lettre de J.B. Biaggi au général Salan 2/4
Lettre de J.B. Biaggi au général Salan 3/4
Lettre de J.B. Biaggi au général Salan 4/4
Aux élections des 23 et 30 novembre 1958, Jean-Baptiste Biaggi est élu au 2nd tour député U.N.R. de la 14ème circonscription de la Seine (Paris 13ème arrondissement : Croulebarbe, Maison-Blanche) par 23368 voix contre le sortant communiste qui en obtient 13005.
A l’assemblée nationale, il est membre de la commission des affaires culturelles familiales et sociales durant toute la législature, membre de la commission économique et sociale de l’O.C.R.S (Organisation Commune des Régions Sahariennes) et membre de la commission chargée d’examiner une demande de suspension de la détention d’un membre de l’assemblée (Pierre Lagaillarde). Le 8 juillet 1959, il est élu membre du Sénat de la Communauté. Le 16 octobre 1959, il cesse d’appartenir au groupe U.N.R., s’étant inscrit au groupe Unité de la République le 6 octobre 1959, groupe qui disparaît avec l’Algérie française le 4 juillet 1962.
Il dépose quatre propositions de loi :
- tendant à sanctionner les manifestations d’intelligence avec la rébellion à l’autorité française en temps de paix (28 avril 1959)
- tendant à assurer la protection du moral de l’armée (15 mai 1959)
- tendant à la création d’une commission d’enquête parlementaire sur les responsabilités encourues dans le développement de la rébellion algérienne (2 décembre 1959)
- complétant l’article 2123 du code civil à l’effet de permettre l’inscription d’un nantissement judiciaire au profit du bénéficiaire d’un jugement de condamnation
contre un débiteur propriétaire d’un fonds de commerce (13 octobre 1961) Il intervient fréquemment, et en particulier :
- le 15 octobre 1959, sur la déclaration du premier ministre relative à la politique générale du gouvernement
- le 18 novembre 1959, sur la question des crédits militaires
- le 25 novembre 1959, sur le projet de loi portant fixation des crédits des services civils en Algérie pour 1960 (fonds secrets)
- le 17 décembre 1959 pour un fait personnel (affirmations de M. Grenier, député communiste, sur sa participation à l’affaire du bazooka)
- le 7 décembre 1960, lors de la discussion sur la demande de levée d’immunité parlementaire de Pierre Lagaillarde
- le 20 mars 1962 lors du débat sur la communication du gouvernement relative à l’Algérie (« Accords d’Evian »)
- le 5 juin 1962 au cours du débat sur la motion de censure (Affaires algériennes).
Il est entendu le 20 mars 1962 pour un fait personnel : injures que lui a adressées M. Khorsi.
En parallèle, il mène sa carrière d’avocat et est le défenseur de l’un des inculpés secondaires du procès du bazooka, Michel Fechoz.
Le 24 janvier 1960 et tout au long de la semaine des barricades, il est à Alger, par hasard (?). De retour en métropole, le 2 février 1960, bien que protégé par son immunité parlementaire, il est arrêté à son arrivée à l’aéroport d’Orly et incarcéré à la prison de la Santé en compagnie du député d’Alger-ville, Mourad Kaouah. Il est inculpé d’atteinte à la sûreté intérieure de l’ Etat mais fait ultérieurement l’objet d’un non lieu.
Après 1962, Jean-Baptiste Biaggi rejoint les comités Tixier-Vignancour. Il est maire de son village, Castagno, de 1965 à 1983. Membre du Front National depuis 1984, il manque de très peu un siège à l’assemblée nationale aux élections de mars 1986. Il est élu en Haute-Corse aux élections régionales de mars 1987. Sa personnalité déborde largement le cercle du Front National de sorte qu’à l’élection sénatoriale partielle de février 1991 à Paris destinée à pourvoir le siège de Raymond Bourgine, décédé, il obtient 115 voix alors que les grands électeurs du Front National étaient au nombre de quatre.
Références :
- H. Lemoine, S. Laurent, S. Simonnet, et G. Zeller, Histoire orale, Inventaire analytique des sous-séries 3K et 4K, tome II, pp.113-119, Service Historique de l’Armée de Terre, 2001
- Emmanuel Ratier, Encyclopédie politique française, tome I, p. 81, Faits & Documents, 1992
- Philippe Héduy, Algérie Française, pp.168-169, S.P.L., 1980
- Journal Officiel de la République Française, Compte rendu des débats de la 1ère législature de la Ve République.
Documents
Les barricades et le procès qui s’en est suivi
L’Echo d’Oran du 3 février 1960
L’Echo d’Oran 4 février 1960 1/2
L’Echo d’Oran 4 février 1960 2/2
Les interventions à l’assemblée nationale
15 octobre 1959 2/4
15 octobre 1959 3/4
15 octobre 1959 4/4
20 mars 1962 1/5
20 mars 1962 2/5
20 mars 1962 3/5
20 mars 1962 4/5
20 mars 1962 5/5