Bulletin 3
Nos adhérents ont publié
Il y a 50 ans /Le début de la tragédie algérienne
Il y a 60 ans / La campagne de Haute Alsace du Colonel Salan
Il y a 50 ans / L’Indochine d’après Dien Bien Phu Biographie / Le Général Allard
Nos adhérents ont publié
- Une guerre au couteau, de Jean-Paul Angelelli, publié tout récemment aux Editions Jean Picollec (334 pages avec index, 25€), un ouvrage sur les années 1961-62, vécues par l’auteur dans une unité de spahis stationnée dans l’Ouest-Constantinois, qui pourra déranger car ne cachant rien de la réalité d’alors. ADG l’a qualifié de « témoignage bouleversant », mais aussi de « récit alerte et comme joyeux des souvenirs aventureux de toute une génération ».
- Je ne vous oublierai jamais, de Jean Maurice Garceau, publié aux Editions Godefroy de Bouillon en 1998 (216 pages, 23€, on peut se le procurer chez l’auteur, 67 bd du Mont Boron, 06300 Nice). C’est un récit autobiographique de l’itinéraire de celui qui, arrivé en Kabylie en 1956 comme sergent dans un bataillon d’infanterie, désertera avec le grade de lieutenant pour rejoindre l’OAS dans le Constantinois en mars 1962 et ne quittera l’Algérie qu’à la dernière extrémité.
- Vive la France L’Odyssée des Harkis du Commando Kodja, de Jean Maurice Garceau, publié aux Editions Godefroy de Bouillon en 2002 (158 pages, 16€), relate l’histoire du commando, en réalité la harka n° 84 rattachée au 24ème RIC stationné à Tkout, créé en novembre 1955 par le sergent-chef Kodja qui trouvera la mort à sa tête.
- Il était une fois l’Algérie d’un appelé de 1960 à 1962, de Georges Pagé, publié en 2002 aux Editions P.G. (261 pages, 22,50 € franco de port aux Editions P.G., B.P. N°3, 86340 La Villedieu du Clain), entrecoupe le récit du jeune appelé, Georges Pagé, de considérations historiques et de développements sur les événements et les personnages qui ont marqué l’époque.
- D’une Algérie à l’autre, de Georges Pagé, publié en 2003 aux Editions P.G. (279 pages, 23,50 € franco de port), retrace l’histoire de l’Algérie de 1830 à 1962 en développant la période 1954-1962 et en fournissant de nombreuses informations inédites sur des personnes, des lieux et des événements liés à l’Algérie.
- De Mauzé à Tombouctou sur les pas de René Caillé, de Georges Pagé, publié en 2004 aux Editions P.G. (287 pages, 25,50 € franco de port), est un récit de la vie de René Caillé, originaire de Mauzé, dans les Deux-Sèvres, qui, premier Européen, atteignit Tombouctou en mai 1828 dans des conditions extrêmement difficiles.
Il y a 50 ans : le début de la tragédie algérienne
Le premier jour de la guerre d’Algérie par Jacques Valette
Quelques autorités françaises avaient bien signalé au gouvernement des risques de troubles locaux. Le directeur de la Sûreté Générale, M. Vaujour, avait attiré l’attention sur la constitution d’un groupe de commandos algériens, entraînés à l’étranger. Mais nul ne s’attendait, en cette nuit précédant la Toussaint 1954, qu’allait commencer un demi-siècle de malheur pour l’Algérie et pour la France. Le 29 septembre 1954, le ministre de l’Intérieur, François Mitterand, interdisait de poursuivre quelques militants du Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques (MTLD, messaliste), en précisant même : « Si la France doit déplorer aujourd’hui des actes de rébellion caractérisés et des assassinats au Maroc et en Tunisie, il n’en est pas de même en Algérie, où le pays est calme » ! (1)
Pourtant les attentats eurent lieu, des communications furent coupées, des militaires et des civils tombèrent. Le Gouverneur général Léonard réunit quelques-uns de ses collaborateurs à 4h. du matin, et à 6h.50 envoya un télégramme à Paris, qui semble être le premier de cette guerre : « Vous informe incidents graves et attentats sur l’ensemble de l’Algérie, plus particulièrement département de Constantine, au cours de la nuit ». (2)
A 9 heures du matin, le général Cherrière, commandant la X° Région militaire, faisait passer ce message par la gendarmerie : « Agitation concentrée dans les agglomérations, extension aux campagnes possible mais pas imminente : demande pelotons de gardes relevés par CRS ; mouvements se dérouleront comme prévus ». (3)
A 10heures 05, Vaujour intervient aussi : »Honneur vous faire connaître que durant la nuit du 31 octobre au 1er novembre divers attentats ont été commis dont détail suit… » (4)
Enfin, une première synthèse est adressée à Paris par le Gouverneur général à 13h.05 et à
15h.15. (5)
Tous ces messages rendent bien l’impression générale : « Une flambée brutale de violences qui dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre réveillait l’Algérie à la lutte ouverte », pour employer la formule d’un rapport militaire. (6) Cette flambée allait-elle s’étendre ? Le directeur de cabinet de Mitterand, Nicolaÿ, arriva à Alger dès le 2 novembre. Le général Cherrière sut le convaincre, car il rapporta à son ministre : « …il faut s’attendre à des opérations longues… Il ne faut pas se dissimuler qu’on y fait la guerre et probablement pour de nombreux mois ». (6) Il pensait à l’Aurès, évidemment, où Cherrière croyait se trouver « en face d’un soulèvement tribal analogue à ceux qui jalonnent notre histoire nord-africaine ». L’ordre serait rétabli pendant l’hiver, en réduisant « les tribus dissidentes bien localisées » et en laissant la police « maintenir l’ordre ailleurs ». (7)Et Nicolaÿ avait conclu en ce sens : « 500, 1000 ou 1500 fellaghas dans l’Aurès, cela pose un problème militaire et policier délicat. Cela ne pose pas en soi un très grave problème politique ». Quant à Mendès-France, président du Conseil, il avait rappelé aux militaires : « Il faut agir sur eux de la manière la plus énergique pour qu’ils ne perdent pas un instant ». (8) Cela explique l’envoi de renforts décidé dès le 3 novembre 1954.
Pendant qu’à Paris on acceptait le « caractère essentiellement algérien de la rébellion dans l’Aurès », une dizaine de fellaghas étaient venus de Tunisie apporter « l’encouragement de l’Islam » (9), le Gouverneur général Léonard reprenait le thème du complot étranger, des « appels frénétiques de certaines radios étrangères » comme Le Caire ou Budapest. MendèsFrance adjurait même le « gouvernement égyptien de mesurer ses responsabilités ». (10) Cela lui permettait d’évacuer en public les problèmes liés au nationalisme et à l’Islam et de proclamer que « les problèmes algériens sont d’abord d’ordre économique et social ».
Finalement, le plus lucide ne fut-il pas cet officier anonyme qui, au milieu de novembre 1954, osa glisser dans sa synthèse de renseignements : « Quant à l’Algérie, la situation demeure inquiétante et l’on peut s’attendre à de nouvelles explosions pouvant revêtir un caractère plus généralisé ». (11)
Notes :
- – Jean Bérard, la pré-rébellion en Kabylie (1953-1954), Les Africains, septembre-octobre
1978, p.15
- – Gouverneur général à Ministre de l’Intérieur, 1/11/54, cité par Maria Romo, Le gouvernement Mendès-France et le maintien de l’ordre en Algérie en novembre 1954, in « Militaires et guérilla dans la guerre d’Algérie », sous la direction de J.Ch. Jauffret et de M. Vaïsse, Complexe, 2001, p.421-449
- – Commandant Gendarmerie Alger à Direction Gendarmerie nationale, 1/11/54, avec la mention « opinion général Cherrière », cité par Romo
- – Direction Sécurité générale d’Algérie, 1/11/54, cité par Romo
- – Gouverneur général au ministre de l’Intérieur, 1/11/54, texte dans Claude Paillat, La liquidation, Robert Laffont, 1972, p.142 et suiv.
- – cité par Romo
- – Général Cherrière, in « Revue de Défense Nationale », décembre 1956
- – Note de Mendès-France pour son directeur de cabinet, Pelabon, citée par Romo, p.434 (9) – Synthèse de renseignements sur l’activité subversive en Afrique du Nord, du 12 au 18 novembre 1954, 19 novembre 1954, in Jauffret, La guerre d’Algérie par les documents , 1998, T.2, p.698
- – Léonard, Allocution radiodiffusée du 5 novembre 1954, in Léonard, Quatre ans en Algérie, Alger, 1955, p.133
- – Synthèse, citée note 9
Les prémices du 1er novembre 1954
Lorsque le général Salan, nommé commandant en chef en Algérie, arrive à Alger à la fin de 1956, il lui est remis, à titre d’information, un document intitulé « L’Algérie du demi-siècle vue par les autorités locales ». Ce document contient une synthèse, datée du 19 novembre 1954, intitulée « Renseignements fournis par le S.L.N.A. du 1er janvier au 31 octobre 1954 sur les menaces de terrorisme (extraits) ».
Le S.L.N.A., Service des Liaisons nord-africaines, créé en 1947 par le colonel Paul Schoen, est rattaché au cabinet civil du Gouverneur de l’Algérie, puis du Ministre résident.
Paul Schoen est né en 1900 ; il s’engage en 1920, participe à la guerre du Rif, est affecté aux Affaires Indigènes au Maroc, prend le commandement d’un goum, participe aux opérations de l’Anti-Atlas, est muté en 1938 aux Affaires Indigènes en Algérie, est affecté au Service d’Information et d’Etudes du Gouvernement général jusqu’en 1944. Il participe aux opérations de Corse, au débarquement de Provence, aux campagnes d’Alsace et d’Allemagne avant de retrouver l’Algérie et d’y créer le S.L.N.A. (d’après un article du général Maurice Faivre paru dans « Guerres Mondiales et conflits contemporains » n° 208/2002). Le S.N.L.A. joue un rôle important au sein du cabinet civil du Gouverneur : il collecte, entre autres, les informations sur l’état d’esprit des populations et suit les partis et mouvements légaux ou clandestins tout en étant attentif à ce qui se passe dans les pays arabes.
Les extraits qui suivent, les plus significatifs, proviennent du document remis au général Salan. Ils montrent qu’un très petit nombre de spécialistes savait beaucoup sur ce qui se préparait ; ils n’ont pas été écoutés par l’administration et par les responsables politiques.
En-tête du document du S.L.N.A avec dédicace au général Salan
P.P.A. : Parti Populaire Algérien (créé par Messali Hadj)
O.S. : Organisation Spéciale, créée à la fin de 1946; de nombreux dirigeants du FLN en seront issus
Larbi Ben M’hidi (1923-1957), l’un des six fondateurs du FLN, sera tué pendant la bataille d’Alger
Mohamed Boudiaf (1919-1992), l’un des six fondateurs du FLN, capturé le 22 octobre 1956, sera président du haut comité d’état (de la république) en janvier 1992 avant d’être assassiné en juin 1992
C.R.U.A. : Comité Révolutionnaire d’Unité et d’Action
Organisation fondée en mars 1954 et préfigurant le FLN
Istiklal (Indépendance), parti nationaliste marocain fondé en janvier 1944
Mohamed Khider (1912-1967), l’un des « chefs historiques » du FLN, au Caire avec Ben Bella et Hocine Aït Ahmed lors de sa création en octobre 1954, arrêté le 22 octobre 1956, assassiné en 1967 à Madrid par la Sûreté Algérienne
Hocine Lahouel (1917- ?), second de Messali Hadj au PPA, rejoint le FLN en janvier 1955 ; ne joue plus de rôle politique après 1956
Hocine Aït Ahmed, né en 1926, l’un des neuf « chefs historiques » du FLN, arrêté le 22 octobre 1956, fonde le Font des Forces Socialistes (F.F.S.) en 1963, condamné à mort par le régime de Ben Bella, grâcié, exilé.
Didouche Mourad (1922-1954), également l’un des « chefs historiques » du FLN, tué au combat en janvier 1955.
Larbi Ben M’hidi (voir plus haut)
Anouar el Sadate (1918-1981), proche de Nasser, lui succède à la présidence en 1970. Signe les accords de Camp David en 1978, est assassiné le 6 octobre 1981
Il y a 60 ans : la campagne de haute Alsace du colonel Salan
Le 23 novembre 1944, le colonel Salan arrive à Blotzheim. Le 6ème Régiment d’Infanterie Coloniale est au complet le 24 au soir. Avec la « brigade du Languedoc », il forme le « groupement Salan ». Les Allemands tiennent un front de 25 kilomètres à l’ouest du Rhin, de Kembs, au nord, jusqu’à Huningue et la Suisse, au sud. Les combats destinés à les rejeter à l’est du Rhin débutent le 29 novembre et se poursuivront jusqu’au 11 décembre. Dans un premier temps, Village-Neuf et Huningue sont pris ; dans un deuxième temps, le groupement Salan s’empare de Loechle et de l’usine hydroélectrique du barrage de Kembs.
Le document ci-après est le compte rendu rédigé par le colonel Salan à l’issue des combats de la première phase. A noter la présence du chef de bataillon Gracieux comme chef d’état-major et du chef de bataillon Lacheroy à la tête de l’un des bataillons du régiment
Il y a 50 ans : l’Indochine après Dien Bien Phu
Le 7 mai 1954, c’est la chute de Dien Bien Phu. Les accords d’armistice sont signés le 20 juillet 1954 et les cessez-le-feu sont effectifs entre le 27 juillet (Nord-Vietnam) et le 11 août (Sud-Vietnam). Fin août, début septembre, les échanges de prisonniers interviennent : 10754 hommes (28% de l’effectif) sont rendus par le Vietminh, 63000 par les Franco-Vietnamiens.
Le 9 octobre 1954, Hanoï est évacué ; le 18 octobre, Jean Sainteny présente ses lettres de créance à Ho Chi Minh. Le 30 octobre, le couloir Hanoï-Haïphong est évacué. Le 30 décembre, accords et conventions sont signés entre la France, le Cambodge, le Laos et le Vietnam.
A la fin de 1954, le général Jacques Allard est adjoint au général d’armée (Paul Ely), hautcommissaire et commandant en chef des forces terrestres, navales et aériennes en Indochine. Le 30 novembre 1954, il écrit une lettre au général Salan, dont il a été le chef de l’état-major en 1952 et 1953, qui montre les liens qui les unissent, donne un aperçu de la situation politique au Vietnam et qui, aussi, traduit le malaise des officiers supérieurs français en poste au Vietnam après les accords de Genève. Des extraits en sont donnés ci-dessous.
Mon général, je profite du retour en France du colonel X pour lui….
…Je suis passé par trop d’alternatives de découragement et de fureur rentrée. J’ai préféré ne rien dire et essayer de me rendre utile dans un domaine strictement militaire que je crois bien connaître, mais où j’ai vu mon champ d’action se restreindre progressivement.
J’ai eu beaucoup à faire après le….
….. J’espère venir à Paris dans une dizaine de jours pour discuter les problèmes budgétaires qui se présentent très mal, l’aide financière U.S. étant considérablement réduite. Il faut donc s’attendre à des rapatriements massifs en 1955… Je crois d’ailleurs que c’est préférable, il serait difficilement admissible de nous voir transformés en mercenaires des Américains pour le service des Vietnamiens. La crise politique est ….
… La crise politique est toujours au point mort. Si l’arrivée du général Collins a très nettement renforcé la position de Diem, elle ne lui a donné ni autorité ni efficacité, et je ne sais encore si la destitution de Hinh (voir bulletin n°2) lui permettra de rallier l’armée, mais en attendant les incidents se multiplient entre les factions opposées. ….
Le général Jacques Allard, petit-fils de Paul Allard, l’historien catholique des premiers siècles de l’Eglise, est né à Grainville-Ymauville (Seine Maritime), le 16 novembre 1903, dans une famille d’officiers. Sorti de Saint-Cyr en 1925 (promotion du Chevalier Bayard), il participe comme sous-lieutenant à la guerre du RIF (Maroc) en 1926 puis sert en Algérie et au Maroc de 1926 à 1935. Reçu au concours de l’Ecole Supérieure de Guerre, il en sort en 1937, breveté d’EtatMajor.
Il sert alors à l’Etat-Major des Troupes du Maroc et, de 1940 à 1942, il est
responsable de la mobilisation clandestine du Maroc. Pendant la campagne d’Italie, il commande le IIIème Bataillon du 8ème Régiment de Tirailleurs Marocains. Il est deux fois blessé en 1943 et 1944. Il rejoint alors l’état-major du général Juin. Il prend ensuite une part active aux campagnes de France et d’Allemagne comme chef du 4ème bureau de la 1ère Armée Française du général de Lattre de Tassigny (1944-1945). Promu colonel en 1946, il est nommé chef du 4ème bureau de l’Etat-Major Général de l’Armée de Terre. En 1947, il prend le commandement du 7ème Régiment de Tirailleurs Algériens en Allemagne. En 1948, il est chef de la division logistique à l’Etat-Major interallié du maréchal Montgomery et en 1950, retourne au Maroc comme chef d’état-major des troupes du Maroc. Promu général de brigade en 1951, le général de Lattre lui confie la direction de son Etat-Major au Commandement en Chef des Forces en Indochine, poste qu’il conservera avec le général Salan. En 1953, il est nommé au commandement de la 22ème division au Maroc. En 1954, il retourne en Indochine comme adjoint militaire du Général Ely, Haut Commissaire et Commandant en Chef. En 1955, il est appelé à servir en Algérie comme commandant de la division de Constantine. Promu général de division, il dirige de 1955 à 1956, la division Plans et Etudes Stratégiques à l’Etat-Major du Commandant Suprême Interallié en Europe.
De 1957 à 1959, il commande successivement le Corps d’Armée d’Alger puis la Xème Région Militaire et l’ensemble des forces terrestres en Algérie.
Promu général d’armée en 1959, il est nommé commandant en chef des Forces Françaises en Allemagne. En 1961, il est nommé Inspecteur Général de l’Infanterie. Atteint par la limite d’âge en 1964, il se retire dans sa propriété de Chalosse où il s’éteint le 25 février 1995.
Le général Allard était Grand Officier de la Légion d’Honneur et titulaire de la Croix de Guerre 39-45, de la Croix de Guerre des TOE, de la Croix de la Valeur Militaire, de la Silver Star (Etats-Unis), de la Bronze Star Medal (Etats-Unis), de l’Order of British Empire et de nombreuses autres décorations françaises et étrangères. Il avait épousé, le 6 janvier 1927, Paulette BRIAND dont il a eu cinq enfants, vingt petitsenfants et cinquante-six arrière-petits-enfants.
Jacques Allard a été l’un des plus proches, si ce n’est le plus proche, collaborateurs de Raoul Salan depuis le début de 1952 jusqu’à la fin de 1958. Jacques Allard est chef d’état-major de de Lattre pendant toute la période où celui-ci est Haut-Commissaire et commandant en chef en Extrême-Orient tandis que Raoul Salan est son adjoint opérationnel. Quand Raoul Salan succède à de Lattre dans ses attributions militaires, Jacques Allard reste à la tête de son état-major .Ils se retrouvent en 1954 dans les circonstances très difficiles du retrait des troupes françaises du Tonkin. Quand, à la fin de 1956, le général Salan est nommé commandant interarmes en Algérie, il fait appel à lui pour prendre le commandement du corps d’armée d’Alger. Ils vivent ensemble les journées extraordinaires de mai 1958 et Raoul Salan, nommé délégué général en Algérie par le général de Gaulle, lui confiera la commandement de la Xème région militaire. Le général d’armée Allard vient témoigner le 17 mai 1962 en faveur du général Salan, alors même que la citation à comparaître en tant que témoin ne lui était pas parvenue (sur instruction de Pierre Mesmer, ministre des Armées). Il rappelle au tribunal la phrase que De Gaulle lui a dite en mars 1959 : « Allard, vous pouvez leur dire que jamais nous ne négocierons » et fait comprendre au tribunal qu’il ne peut pas ne pas comprendre les mobiles du général Salan : ne pas abandonner les populations qui ont fait confiance à la France.